Chroniques du Plaisir

yam'Tcha

            

    

Je crois que je n’avais pas ressenti ça depuis ma première visite chez Spring. Une micro-adresse, petite salle à l’écart des rues passantes des Halles, un décor joliment asiatisant, couverts et vaisselle de la même farine, c'est-à-dire laqués, épurés et sexy, et tout là-bas, derrière la vitre et la porte à croisillons, un petit bout de chef qui s’agite, presque seul (en fait, ils sont deux sur 4 m2). Elle est blonde, a fait ses classes à l’Astrance (trois étoiles tout de même), a bourlingué en Chine plus que de raison pour finalement revenir partager ses plaisirs de bouche en plein cœur de Paris. Une chose me frappe quand je la regarde cuisiner, de loin : un sourire doux comme une brume matinale qui ne quitte pas son visage.

   

Le restaurant a ouvert la semaine dernière et déjà il s’annonce comme la prochaine coqueluche des foodies de la capitale. On va vous en rabattre les oreilles ! Le jour de mon passage, au moins 4 critiques dans la salle, tous arborant le petit sourire en coin de ceux qui ont mis la main sur un diamant au milieu d’un tas de charbon.

Plaisirs Express avec Philippe Duchemin

           

Un plaisir des yeux ?

La femme

   

Un plaisir que l’on partage ?

Un repas entre amis

    

Un plaisir d'enfance ?

Construire une cabane dans les bois

  

Un plaisir odorant ?

Respirer un bon vin

 

Un plaisir égoïste ?

Le célibat

 

Un plaisir de l'oreille ?

Un solo d’Oscar Peterson

 

Un plaisir charnel ?

Faire l’amour

  

Un plaisir inconnu ?

L’apesanteur

  

Un plaisir du goût ?

Un médoc millésimé

 

Un plaisir anachronique ?

Accompagner Ella Fitzgerald

  

Un plaisir qui ne coûte rien ?

Ecouter le chant des oiseaux

  

Un plaisir honteux ?

Manger le dernier petit four du buffet

   

Un plaisir hors de prix ?

Un dîner chez un 3 étoiles Michelin

 

Un plaisir défendu ?

Un vieil Armagnac

 

Un plaisir surestimé ?

La roulette russe

  

Un plaisir à venir ?

Me retrouver sur scène

   

      

      

           

Mais qui est Philippe Duchemin ?

Né en 1957 à Toulouse, admirateur forcené d’Oscar Peterson et de Fats Waller, Philippe Duchemin est pianiste de jazz. Digne représentant d’une école de pianistes de jazz français allant de Claude Bolling à Michel Petrucciani, il a déjà enregistré de nombreux CD, le plus souvent distingués du prestigieux label « Indispensable - Jazz Hot ». Se produisant régulièrement au sein de trios ou quartets (Piano, Guitare, Contrebasse, Batterie) en France comme à l’étranger, il sera à Paris les 15 et 16 avril prochains Chez Papa et le 11 mai au Duc des Lombards. Pour vous faire patienter, un morceau intitulé « Take Bach » que j’adore.

    

Son site web est là.

  

Flora et Meryem, dîner féminin à 4 mains

            

Je vous refile l’info in extremis.

  

Figurez-vous que je voulais aller dîner en galante compagnie chez Flora Mikula en fin de semaine prochaine (les femmes adorent cet endroit). Au moment de la réservation, j’apprends que la jeune chef française va recevoir pour quelques jours son amie marocaine Meryem Cherkaoui, de La Maison du Gourmet à Casablanca et qu’à elles deux elles vont concocter quelques plats combinés et des menus spéciaux à 4 mains. Toujours aux couleurs du soleil, cela va sans dire. Alors si cela vous tente, si un petit coup d’air frais méditerranéen en avant-goût des vacances vous inspire, c’est chez Flora Mikula (Les Saveurs de Flora, 36 avenue George V 75008 Paris - 01 40 70 10 49) du jeudi 2 avril au samedi 4 avril inclus.

  

Bon, en tout cas moi j’y vais et je vous raconte !

   

L'Oeuf-Mayo à 3 € du Pied de Fouet

           

   

Les choses sont si simples parfois que c’en devient désarmant. Un œuf mayonnaise, une entrecôte et sa purée maison, un verre de Côtes de Bourg, le tout sur une nappe mille fois repassée de Vichy rouge et blanc, un laguiole à la découpe, et des bavardages à n’en plus finir. C’est l’harmonie des déjeuners sans arrière-pensée. Le temps élastique et des amis pour le remplir d'une douce gaieté. Des nourritures sans tralala mais qui ne se déshonorent pas pour autant (l’œuf-mayo vaillant et bien balancé, l’entrecôte un peu fine mais fréquentable, les fromages au caractère bien trempé dont un Salers déchirant) et une addition sachant se faire oublier. Il paraît que cela fait 150 ans que le Pied de Fouet auvergnat bat le pavé parisien avec ses plats de toujours et ses prix au ras du parquet. On peut y avoir son rond de serviette aussi ?

   

    

     

 

   

Au Pied de Fouet

3, rue Saint Benoît

75006 Paris
Téléphone : 01 42 96 59 10

(Autres adresses dans le 7ème et le 11ème)

  

Fermé le dimanche

   

A la carte, comptez entre 15 € et 20 €

  

Plus de photos du Pied de Fouet, ici.

     

Peut-être une histoire d'amour, de Martin Page

    

« Virgile, c’est Clara. Je suis désolée, mais je préfère qu’on arrête là. Je te quitte Virgile. Je te quitte. » C’est le message que Virgile, jeune publicitaire trentenaire, découvre un soir, en rentrant chez lui, sur son répondeur. Le hic, c’est que Virgile ne connaît aucune Clara…

  

C’est le talent reconnu de Martin Page que de trouver des accroche-lecteurs qui vous font toujours entrer dans ses livres en salivant (son premier roman, Comment je suis devenu stupide, présentait le pari fou d’un jeune homme, persuadé que l’intelligence rend malheureux, de s’abrutir volontairement). Ici, pour son cinquième livre, nous voilà plongés dans une histoire étrange, poétique et loufoque, souvent drôle ; celle d’un jeune homme plaqué par une fille qu’il ne connaît pas et qui, par défi ou par instinct de survie, décidera de la reconquérir.

Gastronomie à tout prix dans le Nouvel Obs

           

Le Nouvel Obs m’a demandé la semaine dernière (ainsi qu’à Alexandre Cammas du Fooding et Sébastien Demorand de RTL) une recommandation de restaurant pour, je cite, « continuer à se faire plaisir pendant la crise », en clair, une adresse parisienne fréquentable à moins de 20 €. Alexandre l’ayant joué trattoria branchée du XI^ème, Sébastien jeune cuisine de l'avant-garde, je me suis approprié le créneau bistrot-parigot, version Audiard-nappe-à-carreau.

  

Comme souvent dans ces cas-là, mon (pourtant) petit texte a été sabré dans les grandes largeurs à la parution, je vous en livre donc ici l’intégralité.

   

« On avait dit bistrot ? En voici un qui marine dans son jus depuis les années soixante. Il ne satisfera pas les gazelles en lutte anti-calories mais ravira les amateurs de cuisine ménagère à l'ancienne, simple, réconfortante et confortable comme une DS Pallas. L'humeur y est chaleureuse, bruyante, vivante. On s'y sent comme dans un film de Sautet, plats en sauce et ballons de rouge. Le plat du jour est à 10 €, les entrées et les desserts autour de 5 €. Une très belle affaire, savoureuse et solide. Ne passez pas à côté de son Œuf Mayo et de ses frites maison, dorées, moelleuses et croustillantes, servies uniquement le jeudi midi (on s'y presse alors) ! Pour le reste, laissez jouer votre mémoire nostalgique et vos envies. Il paraît que la cuisine prend des airs importants le soir et que les prix y connaissent une légère inflation mais je n'y suis jamais allé que pour déjeuner dans une ambiance touchante et brouillonne, très Paris-popu. »

 

  

  

Chez Nénesse

17, rue de Saintonge

75003 Paris

Téléphone : 01 42 78 46 49

  

Fermé Samedi et Dimanche

   

Healthy breakfast au Park Hyatt Vendôme

 

            

Bon, franchement, au départ je n’étais pas chaud. Ça s’appelait « Good Energy Juice », c’était conçu par une nutritionniste brésilienne (si, si, elle s’appelle Patricia Teixeira) et cela se buvait au petit-déjeuner d’un des palaces les plus chics de la capitale, en version contemporaine, sous une large verrière à l’ombre d’orchidées blanches. Un peu de New-York, un peu de Hong-Kong, assez peu de Paris, sauf dans les robes moulantes des femmes de passage, réchauffées par un soleil furtif découvrant soudainement hanches et jambes. C’est d’ailleurs peut-être ce redoux inattendu qui a achevé de me convaincre. Me convaincre de m’adonner un instant au Healthy Living comme on dit dans les magazines féminins. De me glisser en douce dans cette nouvelle tocade de l’époque, à base de thé vert, pain bio, œufs du même calibre, fromage de chèvre, bâtonnets de légumes, jus de fruit et smoothie. Avec en point d’orgue vitalité un cocktail rouge sang, mousseux et épais, betterave, pousse d’épinard, carotte, pomme rouge, aneth. Un cocktail que l’on boit à la paille et dont on redoute la première coulée ; si bien qu’on en aspire craintivement à peine de quoi se tapisser le palais. Et là, c’est la claque. Celle qui écarquille les yeux. Celle du premier rang qui fait applaudir à un si bel équilibre. De la rondeur, une tendre douceur gentiment sucrée, une légère pincée de terre, abrupte et profonde, pour vous ramener à l’essentiel. Une sacrée surprise. A tel point qu’en quittant la table je me suis promis de m’acheter un blender avant l’arrivée des beaux jours…

   

   

   

   

 

      

Park Hyatt Vendôme

5, rue de la Paix

75002 Paris

Téléphone : 01 58 71 12 34

     

Healthy Breakfast – 48 €

     

Plus de photos de ce petit-déjeuner « santé », ici.

           

L'Antichambre

                

      

Est-ce le nom, la proximité ? On a longtemps pensé que ce nouveau restaurant serait l’annexe de la Fontaine Gaillon, mitoyenne, enveloppant l’endroit de ses larges épaules marron-mauve. Il n’en est rien. On se retrouve donc, une fois la porte à l’anglaise poussée, dans une étonnante petite adresse chic aux manières italiennes. On y hume l’air du temps, un versant bling-bling prononcé (le menu au papier scintillant, les serviettes noires, les lettres dorées sur la carte de visite, les velours profonds et les murs de gentlemen’s club, la truffe omniprésente et le service un peu rogue) que vient cependant atténuer une assiette plutôt finaude et joliment réalisée. A l’image de ce Velouté de céleri rave à l’huile de truffe, très bien balancé et aux parfums envoûtants ou de ces Penne aux aubergines frites et ricotta, croquantes et soyeuses avec ce petit arrière-goût de grillade ensoleillée qui vous fait franchir les Alpes et les saisons en un clin d’œil. La clientèle suit le mouvement, costumée-cravatée, à l’aise sur ses fauteuils à médaillon rouge, échangeant à voix basse les secrets du CAC 40. Addition dans la lignée, conséquente hors de la formule déjeuner. Un peu le sentiment de nager à contre-courant tout de même...

     

       

      

 

      

L’Antichambre

4, rue de Port Mahon

75002 Paris
Téléphone : 01 42 66 59 52

   

Formule déjeuner à 22 € (Entrée/Plat ou Plat/Dessert)

A la carte, comptez autour de 40 €

     

Plus de photos de l’Antichambre, ici.

     

Hôtel de Lausanne, de Thierry Dancourt

            

Thierry Dancourt a lu Modiano, c'est une évidence. Son premier roman, Hôtel de Lausanne, distille une atmosphère étrange, douce-amère, comme suspendue, qui évoque immanquablement l'auteur de la Place de l'Etoile.

           

Daniel Debaeker exerce le métier peu courant de chasseur d’objets rares pour de riches collectionneurs. Un matin venteux d’automne, il rencontre par hasard, sur le banc d’un cimetière, Christine Stretter, une jeune femme mystérieuse et fantasque. Immédiatement séduit, il la suit et pénètre peu à peu son univers, entre une mère disparue, un père collectionneur de mappemondes et un fiancé fou de cinéma, assistant réalisateur et chroniquement absent. Une étrange relation va alors se nouer entre les deux jeunes gens, une relation qui ne dit pas son nom et dont on comprendra in fine qu'elle fait écho à des événements survenus il y a bien longtemps, une relation faite d’échappées successives dont les hôtels de Paris et de Province deviendront le théâtre intime. Une relation vécue comme une longue errance.

        

Car Hôtel de Lausanne est un roman aux multiples vagabondages.

Gagnez un DVD ! (#3)

           

Et voilà, c’est reparti ! Après celui-ci et celui-là, je vous propose de nouveau de gagner le DVD d’un de mes films préférés. Comment faire ? C’est tout simple, il suffit de deviner le nom du film en question et d’être le premier à le laisser en commentaire de ce billet pour rafler la mise.

 

Alors que trouve-ton dans notre shaker aujourd’hui ? Un jeu de chat et de souris à Boston, une actrice ayant joué dans le film et dans son remake 31 ans plus tard et un français à la bande-son.

 

Voilà, vous avez jusqu’à ce soir minuit. C’est à vous !