Aujourd’hui, je vous préviens, on va quelque peu déborder de l’assiette.
Car au-delà de mes emballements et de mes dégoûts de palais, l’envie est souvent tenace de vous faire partager d’autres coups de cœur esthétiques, en pointillé, au détour de pages lues, de petites musiques ou de salles obscures…
Et c’est de peinture que je voudrais vous entretenir cette fois. Ou plus précisément d’un jeune peintre au talent aussi bouillonnant que l’époque. Indépendant, inclassable, doué, Alexis Fraikin incarne pour moi une certaine forme de renouveau de la peinture abstraite française, longtemps déconsidérée (pour le dire brièvement et grossièrement, depuis les années 60), remisée au grenier des poncifs has-been par la performance, les installations, le land-art ou l’art numérique.
Mais la peinture d’Alexis Fraikin, ce n’est en rien une chose poussive, dépassée ou ringarde (« mon Dieu, mais comment peut-on encore être peintre au troisième millénaire ? »), non, sa peinture, c’est la vie. La sienne et un peu sans doute la nôtre. Des couleurs, des formes, de la matière. Rien de plus. Mais les couleurs sont fortes, ardentes, directes ou sournoisement séductrices, les formes restent étranges, hypnotiques, inconscientes et la matière, la chair de toutes ses toiles, dense, tumultueuse, parfois jusqu’à l’éruption.
Cette peinture me parle car elle ne me dit rien de précis. Elle n’affirme rien de péremptoire. Elle me laisse le champ libre, sans barrière ni haie, sans jardin à la française, ni allées bien ordonnées non plus. Une peinture où l’esprit sensible peut se répandre et s’attarder librement, à son aise, croiser une ligne, une courbe mystérieuse et la suivre jusqu’à son terme, observer une matière, des coups de couteau, des griffures et des marques comme autant de stigmates, s’abîmer dans des couleurs en trompe-l’œil, des teintes sous les teintes, des tâches accessoires qui deviennent soudainement essentielles.
Aujourd’hui les collectionneurs ne s’y trompent pas, eux qui dispersent les toiles d’Alexis Fraikin sous toutes les latitudes (on les retrouve désormais à leur aise à Paris, New-York, Boston, Londres, Bali ou Sydney) dans tous les types d’intérieurs. Dans tous les sens du terme.
Alors voilà, il expose ses dernières œuvres en ce moment même à la Galerie Brun-Léglise, sur la Rive Gauche, à deux pas du Musée Rodin, avec une série de grands formats (200x200) qui cédera la place mardi prochain à un accrochage de tailles plus traditionnelles, des huiles, des pastels et des encres. Le vernissage aura lieu le mardi 22 janvier, à partir de 18h.
On s’y croise au détour d’un trait de pastel ?
Alexis Fraikin
Galerie Brun Léglise
51, rue de Bourgogne
75007 Paris
01 53 59 94 00
Grands Formats du 8 au 19 janvier 2008
Petits Formats du 22 janvier au 2 février 2008
Vernissage le 22 janvier de 18h à 22h.
Illustrations : © Galerie Brun-Léglise
Ben je connaissais pas, mais ça me parle aussi j'irai y faire un tour pour voir ça de mes yeux!
Rédigé par : Joelle | 16 janvier 2008 à 11:43
Bravo de mélanger les sources. De l'élégance, de la gourmandise, des plaisirs plastiques, belle célébration de la vie.
Rédigé par : pepp | 16 janvier 2008 à 12:53
La première, iceberg où l'on voit le noeud papillon en haut et le serpent de cravate dessous et oui , évidemment..,à sa droite, le deuxième tableau, la fameuse cravate qui sort le bout de son nez, enfin bien rassurée avec une main sur la hanche dans le stule je tape un peu le pied, hihi..,le troisième, waow le paon qui se la pète un peu mais timidement parce que sans trop de couleur criarde, puis, le printemps des amoureux avec les deux jolis oiseuax qui roucoulent avec des bisoux dans le cou comme une danse en noir et blanc très soft,et puis le dernier, l'orgasme du noeud et de la cravate, bon et bien merci pour cette belle histoire que je viens de meuhhh..., humm..., une histoire bien saisonnière d'une élégance à miam miam tout plein!
Par contre, quelque chose me stupéfait, me fait plus ou moins basculer : ton DEGOUT pour le palais???Quel mot bien puissant, qu'il me déstabilise du fond ddans le fond de ma toile...
Rédigé par : Sand | 16 janvier 2008 à 16:04
Vous n'avez rien à proposer pour la fin février? Car, c'est un peu difficile lorsqu'on n'a pas beaucoup d'argent et qu'on a très envie d'aller voir d'aussi belles expositions à Paris, avion , hotel etc pour au moins deux jours et profiter de tous les bons restos associés à votre si bon goût et guide T de Vous, il faut des dates plus avancées s'il Vous plaît ? Dac? merci.
Rédigé par : Sand | 16 janvier 2008 à 20:04
Je trouve les deux avants derniers modèles dans les teintes de verts assez intéressant (une pointe d'orient, de calligraphie et design graphique), par contre j'aime moins le tableau (verre de Murano).
C'est toujours très agréable de découvrir de nouveaux artistes. @ +++
Rédigé par : Pierre-Jean | 17 janvier 2008 à 12:25
J'ai essayé de chercher les titres de ces peintures ce matin en allant sur le site de la galerie mais je n'ai point trouvé;) J'aimerai bien connaître les titres que ce peintre a choisi?bisoux.
Rédigé par : Sand | 17 janvier 2008 à 13:20
http://fr.youtube.com/watch?v=CstPu4ZSmvE
à dans 10 jours
Rédigé par : Nahimage | 17 janvier 2008 à 13:57
Oh, j'ai rigolé avec élégance, quel tube Nahimage, sympa!:)
Rédigé par : Sand | 17 janvier 2008 à 17:26
je guetterai son passage dans ma région, ses toiles méritent d'être appréciées de près, (l'effet de matière, la richesse des couleurs compliquées qui s'harmonisent avec élégance, la complexité sobre...)
Rédigé par : claire | 17 janvier 2008 à 19:04
Tu es de quelle région Claire ? toi qui a si bons goûts et bonnes pensées élégantes?
Rédigé par : Sand | 17 janvier 2008 à 20:18
à Sand: on est voisine, je suis sur Nice... lol
Rédigé par : claire | 18 janvier 2008 à 07:50
Cool!Bon, et bien, continuons à observer cette belle série de peinture, ..Il s'agit alors peut-être d'un "effet papillon"... qui poursuivra sa course sur Nice, un jour...Enchantée ;)
Rédigé par : Sand | 18 janvier 2008 à 11:29
décidément quel délice que la culture, la curiosité intellectuelle qui va se nicher partout...aujourd'hui :atelier peinture !je suis ,j'en suis, je découvre ce peintre et me délecte !
merci.
Rédigé par : Françoise L. | 18 janvier 2008 à 12:55
C'est fou! Pour le dernier , je viens de voir un foetus : avec des jumeaux et le cordon, vous le voyez aussi?
Rédigé par : Sand | 21 janvier 2008 à 19:15