C’est finalement le moment que je préfère. Lorsque la nuit vient de tomber, tôt, et que la ville est rendue au silence et aux marcheurs solitaires. Elle retrouve alors ses couleurs mystérieuses, son ésotérisme et vous engloutit dans ses labyrinthes de canaux et de ruelles mal éclairées. Marcher la nuit dans Venise. S’y perdre (on se perd toujours ici, avec ou sans plan). On se souvient alors de ces porteurs de lanternes qui attendaient les vénitiens à la sortie des cafés, des restaurants ou des Palais pour les raccompagner chez eux, une cape sur les épaules. Il se dégage de ces rues étroites comme une odeur de complots, d’amours assassines, de conversations à voix basse. On suit une ombre et elle disparaît. Quelques marches, une gondole et elle est partie. Le vrai sens de Venise est caché là et il se découvre en marchant dans le noir.
Venise la nuit c'est un peu comme si c'était une autre ville. C'est assez étrange d'ailleurs.
Rédigé par : louison | 06 février 2009 à 09:04
Photos toujours aussi belles... Vraiment, c'est sûr, j'y retournerai.
Rédigé par : Béné | 06 février 2009 à 11:19
Deux grandes frayeurs de ma vie : le jour de la cuti BCG à l'école et aller à Venise.
Une allergie tenace aux ambiances touristiques m'a fait résister quelques dizaines d'années au magnétisme vénitien.
Et je ne suis pas peu fière de n'en avoir conçu aucune honte malgré les assauts de quolibets lors de dîners en ville.
10 ans, 20 ans, 25 ans après mes études d'architecture, mon handicap prétendument Maaajeur s'incrustait, je le dénonçai sans vergogne : "non, je ne connais pas Venise et alors?"
Finalement, une certaine fierté a fini par s'installer, saisissant toutes les occasions de narguer le vulgaris perigrinator que j'imaginais au milieu d'une armada de gondoles.
Témoin de l'une de mes attaques virulentes contre le tourisme vénitien et probablement victime d'une crise aiguë de culpabilité mêlée de honte, ma mère a profité de l'occasion d'un noël suivant pour nous offrir une virée soignée vers la lagune.
Le billet m'a servi de marque-pages pendant de nombreuses années. Plus pour garder près de moi la si chouette lettre de Maman que pour ne pas perdre le billet, bien sûr!...
Et patatras! une amie rentre de Venise avec de superbes photos d'une ville vivante, envahie par des échafaudages. J'ai du me rendre à l'évidence: Venise est habitée, elle est normale - aussi- puisqu'il y a des échafaudages.
Je troquai donc mon hostilité à cette ballade contre la certitude que Venise devait se découvrir sous la neige comme nettoyée de tous ses touristes.
On m'aurait cru l'un de ces anciens du Vietnam qui ont implanté leur ermitage au cœur de forêts enneigées pour laver leur mémoire. Ah! Quand le ridicule vous tient...
Venise? comme vous et plusieurs nuits de suite, nous y avons marché tard, très tard, "dans le noir".
Ou éclairée par des lumières livides qui peaufinent cette "odeur de complots". D'ailleurs, vos photos en témoignent fidèlement.
Votre billet est un écho épatant (sic!) et tellement juste du "vrai sens de Venise"... Je vous remercie de nous l'avoir proposé.
Rédigé par : ctepatant | 08 février 2009 à 09:57