Les restaurants de Palace, on voudrait y entrer à pas feutrés tant ils nous impressionnent. Ces bâtiments grands comme des paquebots, ces halls larges comme des pistes d'atterrissage, ces vestibules aux plafonds himalayens où s'inclinent des employés au sourire permanent : tout nous intimide et pourtant, la porte passée, on s'y sent léger, tranquille, l'humeur apaisée. Le pas peu à peu ralentit et le coeur palpite en veilleuse ; on a quitté la ville. Dans ces lieux de grandeur s'abrite parfois au détour d'un rideau, d'une porte à double battants, une table bienveillante, solide, un écrin dont la splendeur du décor n'est pas le seul atout. Prenez Il Carpaccio par exemple. Il faut filer le long des couloirs enluminés du Royal Monceau pour le trouver enfin, comme un petit refuge ouvert sur le patio, loin du monde. Quelques tables à peine (j'adore le petit salon qui peut recevoir en toute intimité 6 ou 8 personnes), un sas de coquillages made in Thomas Boog, brillamment nacré, et un décor qui évoque, modernisée, l'Italie des grands lacs ou de la lagune, alanguie et chic. On aime ou on n'aime pas, mais ici, le parti-pris du luxe ne se cache pas derrière son petit doigt.
A peine assis, quelques détails raffinés vous caressent déjà l'échine : on vous apporte avant le service une petite cuillère d'huile d'olive (généreuse et ardente) à savourer avec un peu de pain, l'eau gazeuse est servie dans un flaconnage étonnant, base circulaire et sommet carré. Et les assiettes qui s'ensuivent ne décoivent pas dans cette veine italo-sophistiquée qui passe les standards transalpins à la moulinette de la modernité. "Aubergine rôtie, caviar de cèpes, mesclun d'automne" à la fois ronde, suave, précieuse et joliment provocante, "Tortello de farine arsa, farcis de noisettes, potiron et sauge, sauce de perdreau gris au vin Santo" manière de raviolis ronds, au goût profond, sourd, aux teintes automnales de futaies et de chasse, telles qu'on les trouve sur les pentes des forêts toscanes. Et un dessert bluffant, "Pannacotta, fruits rouges écrasés, granité au chocolat blanc et fine feuille de sucre au citron" où Pierre Hermé revisite le genre dans une fraîcheur décapante et subtile. Le must. Le tout fut arrosé (infidélité volontaire) d'un verre de vin blanc du Portugal, un Douro, Redoma 2009, sublime de finesse et d'intensité.
Sans aucun doute, dans son genre haut du panier, l'une des meilleures tables italiennes de la capitale. Service de palace et prix à l'avenant. Mais l'exception se paie. De temps en temps.
Il Carpaccio
Hôtel Royal Monceau
37 avenue Hoche
75008 Paris
01 42 99 89 71
A la carte, comptez autour de 80 €
Menu "Signature" 135 €
Plus de photos d'Il Carpaccio, là.
My favorite Italian in Paris. And the hotel's lounge is fantastic!
Rédigé par : Luxeat | 30 novembre 2011 à 11:17