Franchement cela tient à pas grand-chose. Juste une affaire de rencontres. Un lieu, l’âme d’un cuisinier, une assiette qui vous parle dans le creux de l’oreille. On y vient avec ses espoirs rechargés, on y traîne aussi ses fantômes des jours passés, son quant-à-soi et ses humeurs du jour, on pousse la porte en croisant les doigts. Et parfois cela fonctionne. Comme un coup de foudre à basse température. Alors tout y est, l’excitation de la découverte, le plaisir de s’y précipiter à cœur perdu, de dévorer son bonheur tout entier et la joie future de partager sa trouvaille avec de vieux amis.
Cette fois là, nous étions sous les arcades. Un passage comme le cœur nostalgique de Paris se plaît à nous les masquer, non loin des Grands Boulevards, des échoppes d’un autre âge attachant, un vieux graveur sous les lanternes et au détour d’un coude, une ancienne imprimerie minuscule reconvertie, à l’enseigne comme une profession de foi : Marchand de Vin. Les caractères balzaciens, la verrière en demi-teinte, une vitrine transparente de verres et de bouteilles, une barrique et son amas de bouchons de liège, nous y sommes.
Racines. Un beau nom classique. Et comme une promesse, celle de s’y retrouver soi-même, et d’y revenir ensuite.