Chroniques du Plaisir

C'était mon mois d'Août

Au hasard et souvent, de Sébastien Lapaque

C’est un de ces petits livres essentiels que l’on voudrait offrir à tous ses proches. Le genre d’ouvrage qui, une fois refermé, vous donne le sentiment d’avoir grandi en intelligence et, plus essentiel encore, en humanité. C’est que Sébastien Lapaque, écrivain, chroniqueur au Figaro Littéraire, mais surtout esprit libre, entretient avec l’époque des rapports tumultueux et lucides. Il ne s’enivre jamais de l’air du temps, trop conscient du vent de l’histoire et des grandes tempêtes du passé. Hormis, peut-être, son goût pour les vins de copains et les cuisiniers béarnais, ses inclinaisons ne sont pas très en vogue dans la France des parachutes dorés : la poésie (Toulet, Pirotte, Lautréamont…), Gramsci, la Grèce, Bernanos, la religion chrétienne, George Orwell, l’esprit de Port Royal et, bien sûr, La princesse de Clèves.

Belle de Septembre : Gemma Arterton

Spring

Il en a fallu de la patience. Presque un an et demi. Mais voilà, tout est oublié, le retard des travaux et l’appétit en carafe : Spring a ré-ouvert ses portes au 6 rue Bailleul dans un bras mort du centre de Paris. A peine plus de couverts que dans l’antique kitchenette de la rue de la Tour d’Auvergne (là, aussi, il va en falloir de la patience pour y réserver sa table), un décor tout aussi contemporain et cool, et surtout, surtout, le talent retrouvé du plus français des chefs américains, Daniel Rose. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette cuisine vive et franche, de cet instinct du plat qui anime ce jeune chef. Ses assiettes sont affutées, intelligentes dans les saveurs, étonnantes dans les combinaisons et d’une fraîcheur de jeune fille. J’y suis déjà allé trois ou quatre fois et toujours la surprise au rendez-vous. Petit florilège de ce que nos 38 € nous ont prodigué ce jour-là : Pommes dauphines au homard, Tomates fumées, Tête de veau et concombres arméniens, Canette, navet et bouillon de homard, Framboises et sorbet de thym dans un jus de noyau de pêche à la verveine, Meringue anisée sur un lit de myrtilles, Tarte au citron « à chercher »… Tout cela servi dans un restaurant où la cuisine ouverte est plus grande que la salle. On sait où se trouve la priorité ici : dans la cuisine. Celle qui nous régale et nous étonne par sa simplicité et ses audaces modestes. Une de mes adresses préférées à Paris. Courez-y !

 

Spring
6, rue Bailleul
75001 Paris
Téléphone : 01 45 96 05 72

Fermé le dimanche et le lundi

Menu déjeuner à 38 €
Menu dîner à 64 €

Plus de photos de Spring, ici.

C'était mon mois de Juillet

 

Belle d'Août : Olivia Wilde

Nolita

Une nouvelle adresse italienne vient d’ouvrir en douce au bas des Champs-Elysées, dans l’enceinte du Motor Village inauguré par Fiat. Dans ce bâtiment ultra-design (made by Jean-Michel Wilmotte) il faut grimper au premier étage pour découvrir ce qui deviendra sans doute une des adresses qui fera couler son lot d’encre à la rentrée. Le cadre est luxueux, très contemporain sur une palette noire et blanche, les banquettes sont de cuir opalescent, les chemins de table sombres comme les nuits piémontaises. Deux belles tables rondes (à réserver absolument) pour les dîners chics entre amis. Aux commandes de ce bel endroit Vittorio Beltramelli que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer, passé au Louis XV d’Alain Ducasse et chez Gualtiero Marchesi, le premier chef italien à décrocher les 3 étoiles Michelin. Autant dire que du savoir faire il y en a. Et l’assiette ne dément pas : fraîche, intuitive, affutée, renouvelant les classiques de la cuisine transalpine avec intelligence et une audace mesurée (Vitello tonnato d’anthologie, percutant, subtilement parfumé – Tiramisu revisité, tout en douceur et croquant). J’ai adoré. Cette selle d’agneau à la sicilienne, délicieusement craquante sous la dent et fondante en bouche, que vient bousculer un petit piment fourré de ricotta. Cette sole en portion XXL avec ses petits légumes au parmesan vibrant sur son ventre blanc. Cette salade de figue et framboise, caressante comme la voix de Laura Morante. La carte des vins est à l'image de la brigade : 100% italienne (délicieux Dolcetto d'Alba). Service en salle très agréable à regarder, d’une amabilité à toute épreuve. Une très belle adresse, à noter précieusement. Un peu cher, certes, mais que voulez-vous, c’est le prix de la qualité. Forza Vittorio !

 

  

Nolita
2, rond-point des Champs-Elysées
1, avenue Matignon
75008 Paris
Téléphone : 01 53 75 78 78

A la carte, compter entre 60 et 80 €

Plus de photos de Nolita, ici.

Aux deux amis

Le genre d’endroit où je n’aurais jamais mis les pieds si on ne m’avait pas tenu la main (merci Bruno !) Un vieux rade dans son jus, aux néons jaunâtres et à la mini-terrasse sur le trottoir, repris par un ex du Chateaubriand. C’est sûr ça ne paye pas de mine. Mais la surprise est dans l’assiette. On vous y sert une cuisine de produits, peu sophistiquée mais respectueuse, maligne et rigoureusement sélectionnée. Un jambon espagnol Bellota et ses amandes grillées à tomber, de l’esturgeon fumé étonnant de douceur, des couteaux juste sel-et-poivre, des poissons séchés à picorer comme à Reykjavik, des foies de volaille pimpants sur un lit d’oignons rouges : on sent que l’apéro, ici, cela doit être quelque chose. D’autant plus que le liquide a du répondant (superbe Macon-Villages Domaine Valette frais et parfumé). Mais pour moi, la révélation du jour fut un filet de dinde pané avec sa purée verte. Réconcilié avec la dinde, si, si ! Jamais mangé une viande de ce volatile de bas-étage aussi tendre et goûteuse. Le secret arraché au chef : un filet bien épais, cuit à basse température pendant longtemps. Un peu de câpres et de poutargue sur la panure et c’est parti pour le swing. Vraiment sympas ces amis. Et les amis de mes amis…

 

 

Aux deux amis
45, rue Oberkampf
75011 Paris
Téléphone : 01 58 30 38 13

Fermé dimanche et lundi
 Formules déjeuner à 16 € et 19,50 €

Plus de photos d’Aux deux amis, ici.

C'était mon mois de Juin

 

Belle de Juillet : Marisa Berenson