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Balises: Sophie Auster
C’est une évidence, l’appétit a ses saisons. Il rugit en hiver quand l’été le ramène à un doux miaulement. Le froid exige des refuges où l’assiette ne joue pas les effarouchées, où la fourchette a du corps et les vins du caractère. On m’avait glissé à l’oreille il y a quelques temps l’adresse d’une des seules tables flamandes de la capitale, enrobée de mots exotiques comme waterzooï, kippers ou potjevleesh. Il n’en fallait pas beaucoup plus (juste le CV d’un chef passé chez Dutournier au Carré des Feuillants) pour y réserver un jour de gelées. Heureuse idée ! Un décor surprenant de bistrot chic des années 30 avec ce qu’il faut de murs jaunes, de pans coupés, de verres dépolis et de meubles laqués : on attendait Paul Morand à la porte-tambour et c’est Costes et Bellonte qui nous accueillent. Vous savez comme j’aime ces plongées souterraines vers les temps révolus ; cette époque de vitesse, de fêtes et d’acier anime en moi les feux d’une nostalgie particulière. Du coup, l’assiette n’avait plus beaucoup d’efforts à fournir pour assurer le succès de cette soirée si joliment démodée. Elle fut pourtant fichtrement vaillante et à la hauteur d’une faim de loup d’hiver : « Soupe de langoustines aux crevettes grises d’Ostende », « Terrine maison de venaison au foie gras », « Croustade de poule faisane au chou, sauce chataîgne », le tout arrosé d’un Crozes-Hermitage dense et volupteux (Domaine des Entrefaux – Tardy – 2007). On sentait une douce chaleur glisser dans nos gorges comme un feu de cheminée en pleine campagne. Aucune concession à l’air du temps, une clientèle ni jeune ni moderne, une étrange schizophrénie, loin de Paris sous la fourchette et tellement Paris (des années folles) dans le décor. Petit bémol sur les desserts qui réclament un peu de vigilance (« Café liégeois à ma façon » complètement à côté).
Il y a des adresses qui vous réconfortent. Celle-ci, en plus, vous dépayse à bon compte.
Graindorge
15, rue de l’Arc de Tromphe
75017 Paris
Téléphone : 01 47 54 00 28
Note aux amateurs : Superbe carte de bières
Fermé samedi midi et dimanche
Menu à 35 €
A la carte comptez entre 50 € et 60 €
Plus de photos de Graindorge, ici.
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Balises: 75017, Graindorge, Paris, Restaurant
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Et si aujourd’hui nous nous enturbanions de luxe ? Mais attention, pas le luxe tapageur et vulgaire que l’on croise parfois dans les replis de l’avenue Montaigne, non, un luxe raffiné et discret, un petit plaisir d’amateur.
Cela commence au bord de l’eau, sur le Quai Henri IV, à l’ombre des carcasses jetées vers le ciel d’un Paris de Moyen-Age. Le bateau s’appelle Don Juan II. On y embarque à la nuit tombée. Sous son bas plafond de lambris, on respire l’atmosphère des années 30, le bois d’acajou, le fauteuil Club, le bar de cuivre, la bibliothèque anglaise et sa cheminée. On a quitté le siècle en passant la plateforme. Quelques tables à peine, dressées de blanc comme sur un paquebot, et l’on appareille dans des vapeurs transatlantiques pour deux heures et demi de croisière sur une Seine d’un noir d’encrier.
Paris se déploie sous nos pieds tandis que nous comptons les ponts de pierre et buvons des yeux le spectacle irréel d’une ville silencieuse aux lumières dorées. Le dîner est de haute tenue, préparé par Jean-Pierre Vigato (Apicius **) et coule au rythme de la traversée.
Entrée (Fine crème de cèpes et foie gras poêlé, châtaignes grillées) sous les reflets bombés de la Coupole, poisson (Saint-Jacques en croûte de noix, émultion de truffe blanche) sous une Tour Eiffel bleutée, viande (Côte de veau à la découpe, palets de potiron et poêlée de cèpes) arrimée aux ors du Pont Alexandre III, fromage au Pont des Arts et dessert (Cube boisé surprise à la fève tonka et crème whisky) à l’ombre de Notre-Dame. Le tout accompagné d’un personnel en uniforme blanc, discret et toujours présent, aux anecdotes bien garnies sur les annales parisiennes mais qui sait avant tout les limites de l’intimité.
On débarque enfin dans le froid, comme rejetés dans l’époque, la tête farcie d’images, de goûts, de moments émouvants, avec soudainement un léger mal de terre.
Franchement, je crois avoir trouvé là le meilleur endroit de Paris pour une
demande en mariage.
Yachts de Paris
Port Henri IV
75004 Paris
Téléphone : 01 44 54 14 70
Comptez autour de 300 € hors vins
Plus de photos de notre petite
traversée, ici.
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Balises: Don Juan II, Paris, Restaurant, Yachts de Paris
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Balises: Jacques Dutronc
Il régnait ce soir-là, à notre table, une sévère mélancolie. La fatigue et la tristesse peignaient nos visages. C’est étrange comme le chagrin d’un ami, même tu, se répand dans l’air comme un méchant brouillard. Nos humeurs étaient sombres comme un Rembrandt. Nous avions pourtant décidé de dîner dans une de nos adresses préférées, chez Racines, au fond de ce passage des Panoramas aussi peu éclairé que nos pensées (souvenez-vous). Pierre Jancou a cédé son affaire pour filer sous d’autres soleils, mais l’équipe est restée et tient la maison solidement arrimée à son excellente réputation. Elle ne fut d’ailleurs jamais démentie au fil de nos assiettes. Avec des Saint-Jacques admirables de fraîcheur et saisies à la perfection, un foie gras maison juste poivré comme un coup de tonnerre sur un champ de blé en plein été, un canard de Challans croquant comme une friandise et sa purée aux herbes d’une onctuosité d’ambassadeur oriental et, enfin, un plat qui vous guérit de toutes les langueurs, des ris d’agneau selon l’humeur du chef (ils n’étaient pas à la carte) avec des poireaux crayon et une légère émulsion mousseuse : splendide d’équilibre et de générosité dans les saveurs. Bien évidemment, les vins (dont j’ai oublié depuis tous les noms, car chez Racines, en la matière, il faut se laisser prendre en mains) n’ont pas dépareillé. Merci donc à David, Sven et Erwan de nous avoir, quelques heures durant, revigoré l’âme.
Lorsque, plus tard, j’ai regardé les photos prises ce soir-là, elles reflétaient étrangement bien l’atmosphère de cette soirée en clair-obscur. Rembrandt je vous disais.
Il y a de ces coïncidences.
Racines
8, passage des panoramas
75002 Paris
Téléphone : 01 40 13 06 41
Fermé Samedi et Dimanche
Comptez (tout de même mais cela les vaut) entre 50 et 70 € avec les vins
Plus de photos de Racines, là.
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Balises: 75002, Paris, Racines, Restaurant
Un plaisir des yeux ?
La nuque de ma fille
Un plaisir que l’on partage ?
Un vin blanc très frais un soir d'été
Un plaisir d'enfance ?
L'odeur du Dix de Balenciaga dans le cou de ma mère les dimanches
matins
Un plaisir odorant ?
Les roses les roses les roses
Un plaisir égoïste ?
La lecture nocturne
Un plaisir de l'oreille ?
Mon fils qui fredonne
Un plaisir charnel ?
Mon amour
Un plaisir inconnu ?
Voir des baleines en vrai de vrai remonter le Saint-Laurent
Un plaisir du goût ?
Le chocolat très noir
Un plaisir anachronique ?
Parler l'argot
Un plaisir qui ne coûte rien ?
Ecouter le cri des martinets dans un Paris déserté un soir
d'août
Un plaisir honteux ?
Ne jamais rien ranger
Un plaisir hors de prix ?
Manger du caviar en Louboutin et robe de brocard
Un plaisir défendu ?
Avec désinvolture, ne jamais honorer ses rendez-vous
Un plaisir surestimé ?
Le plateau-repas-canapé-série-
Un plaisir à venir ?
Les vacances en hiver
Mais qui est Véronique Ovaldé ?
Passionnée des livres,
éditrice, écrivain (elle en est à son sixième roman), ce petit bout de femme en
rouge et noir, au charme piquant, est avant tout une véritable « raconteuse ».
Dotée d’un imaginaire infatigable et d’une fantaisie naturelle, elle invente au
fil de ses livres des mondes entiers, toute une géographie singulière aux
personnages attachants, cocasses et drôles. Son dernier roman « Ce que je
sais de Vera Candida » (2009) est un petit bijou d’exubérance tropicale
relatant les destins de trois générations de femmes étranges et volontaires sur
l’île, forcément inventée, de Vatapuna. Ce roman a été distingué du Prix du
Roman France Télévision et du prix Renaudot des Lycéens.
Rédigé par Thierry Richard dans Plaisirs Express | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Balises: Ce que je sais de Vera Candida, Véronique Ovaldé
Je vous souhaite à tous une année 2010 troublante et belle.
Merci pour votre fidélité et cette année de plaisirs partagés.
Rédigé par Thierry Richard dans Belles de jour | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
Une petite recette de derrière mes fagots, facile à réaliser et franchement épatante pour des circonstances sortant de l'ordinaire (une jeune fille à séduire, un nouvel an à fêter...)
1 gros poulet fermier de 2 kg découpé par votre volailler
1 homard frais (ou surgelé à la rigueur)
50 cl de vin blanc sec
1 louche de bouillon de volaille
1 petite boite de bisque de homard
1 c. à soupe de crème fraîche épaisse
6 carottes
6 tomates
1 oignon
2 gousses d’ail
1 pincée de safran
1 bouquet de persil plat
Thym
Huile d’olive
Sel, poivre
Recette :
Ébouillanter le homard (si le homard est surgelé, le décongeler la veille). Découper le homard en morceaux : les pinces, la tête et la queue en plusieurs tronçons.
Dans une cocotte en fonte, faire dorer les morceaux de poulet dans l’huile d’olive pendant 5 minutes. Les retirer et faire revenir l’oignon et l’ail émincés dans le gras restant. Remettre le poulet dans la cocotte. Ajouter les morceaux de homard, les carottes coupées en rondelles, les quartiers de tomates et un peu de thym. Mélanger le tout. Mouiller un peu avec le vin blanc. Après 5 minutes, retirer les morceaux de homard (sauf la tête) et les réserver.
Verser le reste du vin blanc, une bonne louche de bouillon (le liquide doit recouvrir la viande), la bisque de homard et une partie du bouquet de persil plat coupé grossièrement. Saupoudrer d’une pincée de safran.Couvrir et laisser cuire à petits bouillons sur un feu moyen 30 minutes.
5 minutes avant la fin de la cuisson, ré-incorporer les morceaux de homard et ajouter la crème fraîche. Remuer.
Servir avec des tagliatelles (ou du riz blanc long grain), en parsemant le reste de persil plat grossièrement ciselé sur les morceaux de poulet et de homard.
Rédigé par Thierry Richard dans Recettes sur étagère | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)