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Balises: Rainer Maria Rilke
C’est sans doute l’un des meilleurs livres de cuisine de l’année.
Souvenez-vous. On entrait dans les années soixante-dix. Les séducteurs à pattes d’éléphant arboraient de larges moustaches, ils se parfumaient à l’Eau Sauvage, portaient des cravates larges comme des pistes d’atterrissage où le marron et l’orange jouaient les vedettes. Ils draguaient des filles filiformes aux collants de couleur vive qui ne dédaignaient pas encore le port de la fourrure en hiver. Et ils lisaient Lui, le Magazine de l’homme moderne.
C’est un petit bout savoureux de cette époque que viennent de ressusciter les Editions de l’Epure en rééditant « Lui Cuisine », le recueil des rubriques gastronomiques de ce magazine mythique. Rédigées à l’époque par Ned Rival et illustrées de dessins à la plume de Topor (à eux seuls ils justifieraient l’achat du livre), ces chroniques culinaires faisaient le bonheur mensuel des apprentis maître queux.
Le livre reproduit l’ensemble de ces recettes d’un autre temps où l’on savait encore à quoi sert un Capucin, où l’on cuisinait la Bécasse et le Lièvre rôti à la sauce du Cardinal-Archevêque et où l’on savait, les yeux fermés, préparer un Daiquiri. « L’homme qui cuisine est un ami parfait, un amant délicat et parfois un mari acceptable » lit-on dans la préface. Et c’est dans ces trois catégories que sont sagement rangées recettes et conseils de préparation. Il vous faudra donc vous positionner selon les circonstances… Mais toujours, vous y trouverez quelques conseils aphrodisiaques judicieusement choisis.
Bien sûr, cet ouvrage n’échappe pas aux tonalités délicieusement misogynes de l’époque (« Les femmes légitimes détestent les passe-temps qui distraient d’elles leurs maris. C’est paradoxalement quand il a un chez lui que l’homme éprouve le plus de difficultés à y être le chef ! »). C’est sans doute aussi l’un de ses petits bonheurs transgressifs qui donnent à Lui Cuisine un charme particulier. Et en font un régal de lecture, aussi bien qu’un ouvrage pratique, toujours d’actualité, et un témoignage d’un passé finalement pas si lointain.
Alors s’il vous manque une dernière idée de cadeau de Noël, n’hésitez pas,
ce livre est, pour l’homme moderne, un bonheur complet !
Lui Cuisine
Roland Topor et Ned Rival
Editions de l’Epure
144 pages – 35 €
(Le magazine de charme Lui avait déjà
été évoqué dans un billet à forte teneur érotique et nostalgique, ici)
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Balises: Editions de l'Epure, Lui Cuisine
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On sort parfois de table avec le sourire à l’estomac et la tristesse au coin des yeux. Prenez l’Epicure 108, par exemple. Une table étonnante où un chef japonais (Testu Goya, qui fut biberonné à l’Est des meilleures origines par Emile Jung au Crocodile et Marc Haeberlin à l’Auberge de l’Ill) trousse une cuisine incroyable, mélange déconcertant d’influences japonaises et alsaciennes. Dans l’assiette, rien à redire, une cuisine hors du temps, sacrément copieuse et jouant la tradition sérieusement fignolée : Salade de caille confite au foie gras (le meilleur de l’anachronisme diététique), Lamelles de noix de Saint-Jacques et saumon cru mariné (assaisonnement impeccable), Canard sauvage et spaetzles maison (on entend presque les chiens japper au loin), Pigeon ramier au foie gras et son boudin de topinambours (retour bienveillant aux années 50), Rencontre de poire vanillée et de Mont-Blanc enneigé (débonnaire et empli d’une douce abondance). Ça luit, ça sauce, ça capitonne. On sent les bosquets, le gibier, la province du dimanche, les joues rosies, le vin carafé et les discussions de notables sur les nappes blanches.
Et on relève la tête. Le cœur alors se pince un peu quand vos yeux balaient ce décor qui n’en est pas un, entre resto chinois et auberge de province, parquet flottant, papier peint et fleurs artificielles. On se prend alors à rêver d’un miracle, le chef et sa femme (adorable de gentillesse sévère) transportés dans un vrai bistrot au charme soigné. On irait souvent. Et vous aussi.
Heureusement pour nous (c’est le sésame des lieux), nous étions en excellente compagnie, dissolvant ainsi dans la conversation, les affres des alentours défraîchis.
Epicure 108
108, rue Cardinet
75017 Paris
Téléphone : 01 47 63 50 91
Fermé le samedi midi, le dimanche et le
lundi soir
Formule déjeuner à 26,50 €
Menu-Carte à 32 €
Plus de photos de l’Epicure 108, ici.
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Balises: Sting
Un léger manque d’inspiration à la veille de Noël ? Pas de panique. Voici, comme tous les ans, notre sélection de cadeaux made in men’s blogs. Pour savoir, enfin, ce que veulent les hommes de 2009 !
Une collaboration bénévole de okcowboy, le Modalogue, Buzz2Luxe, James
Bort, Very.fr, les Rhabilleurs et votre serviteur.
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Drôle d’endroit pour une rencontre. Un fond de cour, passé les travaux, les câbles vomis sous le porche, les pavés cabossés, sous une pluie de novembre qui tambourine les tuiles et ruisselle sur les plantes, et voilà que surgit une drôle de planque, toute de longueur. Une fois la porte poussée derrière la buée, on se retrouve dans la cuisine. Les filles en blanc qui s’agitent devant vous et derrière le comptoir en alu y font joliment swinguer la langue italienne. Elles y concoctent aussi, in-situ, pour les quelques tables qui se disputent ce micro-trottoir, une manière de cuisine de trattoria branchée et savoureuse. Car ici on touche à une sorte d’essence de la cuisine transalpine moderne, simple et où le produit joue à l’avant-scène. C’est frais, rond, assez percutant dans les saveurs et intelligemment manigancé dans le choix des assemblages. Sur la petite table de bois acajou se sont juxtaposés ce jour-là une Burrata accompagnée de potimarrons rôtis au balsamique (onctuosité à tous les étages), une petite assiette de charcuteries (coppa, speck, jambon de parme : convenable sans extravagance), puis le Risotto aux girolles (cuisson impec et arômes de sous-bois) a tutoyé les Linguines aux palourdes (brillantes, quand les piques de l’eau de mer épousent les rondeurs de l’huile d’olive). Final au violon, dans la douceur générale du mascarpone, qu’il soit en Tiramisù à la minute ou accompagnant le croquant de délicieux Sbrisolona (petits biscuits de Mantoue à la farine de maïs et aux amandes que les italiens adorent émietter). De quoi faire oublier une eau gazeuse (Azzurra) décevante, aux bulles éteintes. Mais malgré ce bonheur rayonnant dans l’assiette, on se sent tout de même un peu à contretemps. Le ciel bas et le froid qui durcit l’air s’accommodent difficilement d’un endroit aux accents si légers. Aussi, notez précieusement dans votre agenda, au mois de mars ou d’avril prochain d’être les premiers à venir déguster là-bas le retour des beaux jours.
Votre plaisir sera alors complet. Et intense.
Caffé dei cioppi
159, rue du Faubourg Saint-Antoine
75011 Paris
Téléphone : 01 43 46 10 14
Fermé le samedi, le dimanche, les lundi
et mardi soir
Réservation plus que conseillée
Privatisation possible
Compter entre 20 € et 30 € (Superbe affaire !)
Plus de photos du Caffé dei cioppi, ici.
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Balises: 75011, Caffé dei cioppi, Italien, Paris, Restaurant
Un beau salaud ce Puccini, comme dirait Shirley.
Mémorable soirée à l’Opéra de Paris pour écouter (et voir) Nathalie Dessay et Inva Mula dans La Bohème. L’image qui restera dans ma mémoire : un rideau qui se lève à quelques mètres et découvre sur la scène un quartier du Paris d’avant-guerre sous une averse de neige. On réprime un frisson tant le tableau est impressionnant.
Il y a tout ce que j’aime dans cet opéra. Le livret en italien, le décor d’un Paris de bohème, des ateliers d’artistes, des mansardes, des cafés, des bistrots biscornus et des rues pavées. Des personnages simples qui vivent de peu mais vivent profondément, des sentiments forts, la vie, l’amour, la mort (et si, en définitive, c’était ça l’opéra ?). Et cette sublime musique de Puccini qui vous tire les larmes et semble ne parler qu’au cœur. Je me souviens avoir visité en Toscane la propriété de Puccini à Torre Del Lago et d’y avoir découvert un personnage étonnant, amateur de voitures et de bateaux rapides, chasseur passionné, mi-Bel Ami mi-Hemingway. Imaginer ce tireur de bécasses composer une musique si délicatement raffinée, on a du mal à y croire. Et pourtant…
Tenez, un petit exemple, l’air de Mi Chiamano Mimi, ici interprété par Barbara Hendricks. Si vous ne soupirez pas à 2’45, dans ce lent crescendo portant cette voix si légère, c’est à désespérer !
Oui, vraiment. Un beau salaud ce Puccini.
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Balises: Inva Mula, La Bohème, Nathalie Dessay, Puccini
Voilà un livre de cuisine que les femmes n’achèteront pas. A quelques exceptions près (des aventurières du goût, cela existe), il vous faudra donc, Messieurs, l’offrir à votre bien-aimée ou vous l’approprier si vous voulez le voir un jour ouvert sur le plan de travail de votre cuisine. Et goûter aux délices des brochettes de couilles d’agneau !
« Cuisine délicieuse de produits repoussants ». Tout est dit dans le sous-titre sur le parti-pris de ce livre qui débarque comme un ovni dans le paysage coloré et bien peigné des ouvrages culinaires. L’approche est simple, drôle et originale : proposer des recettes mettant en valeur des produits moches, honnis, puants, dégoûtants que, spontanément, on ne mettrait pour rien au monde dans sa bouche. Vous auriez envie, vous, d’ingurgiter du poulpe, du cœur, des testicules, de l’anguille, des langues tièdes, de la cervelle, des intestins, des grenouilles ? Pas si sûr, n’est-ce pas ? Eh bien sachez que vous vous privez de délices gastronomiques réservés jusqu’à aujourd’hui aux seuls (courageux) initiés.
Pour vous en convaincre, voici quelques exemples à tripatouiller vous-même : « Beignets de cervelle de veau, gremolata d’agrumes », « Langues d’agneau tièdes, sauce ravigote », « Salade de hampe et oreilles de cochon façon thaïe ». La preuve par trois qu’il ne faut pas se fier aux apparences.
Signalons au passage les superbes photographies noir et blanc de Tommaso
Sartori où le laid devient sublimement beau. Gainsbourg aurait adoré. Moi aussi.
Beurk ! C’est bon
Julien Fouin et Blandine Boyer
Editions du Rouergue
124 pages – 14,90 €
Rédigé par Thierry Richard dans Recettes sur étagère | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Balises: Beurk ! C'est bon, Blandine Boyer, Julien Fouin