Chroniques du Plaisir

Gagnez un DVD ! (#4)

    

Et voilà, c’est reparti ! Après celui-ci, celui-là et celui-là encore, je vous propose de nouveau de gagner le DVD d’un de mes films préférés. Comment faire ? C’est tout simple, il suffit de deviner le nom du film en question et d’être le premier à le laisser en commentaire de ce billet pour rafler la mise.

    

Alors que trouve-ton dans notre paquet cadeau aujourd’hui ? Un fils de peintre célèbre, un aviateur héroïque et le metteur-en-scène en costume d’ours.

    

Voilà, vous avez jusqu’à ce soir minuit. C’est à vous !

    

Belle de Mai : Anna Karina

 

Ma petite sauce verte

               

Bon, allez, mini-billet aujourd’hui (je ne touche plus terre) ! Une fois n’est pas coutume. Et quitte à rompre avec les habitudes, je vous livre une petite recette à ma façon. Disons plutôt un petit truc. Vous le savez, l’agneau est de saison. Et l’un de mes plats préférés pour un dîner entre amis improvisé est le carré d’agneau simplement rôti au four, d’une simplicité biblique et d’un effet toujours percutant. Mais outre le choix, crucial, d’une viande de qualité chez votre boucher (le dernier était du Limousin) et le repos imposé de la viande sous son papier d’aluminium après la cuissson, j’ai mon petit artifice pour bousculer un peu ce classique, une petite sauce à la menthe maison, so british.

  

La réaliser est enfantin. Il vous faut un mortier dans lequel vous allez écraser en plusieurs fois une botte de menthe fraîche avec une petite pincée de sel et une grosse pincée de sucre jusqu’à obtenir une pommade d’un vert cinglant. Ajoutez alors, toujours dans le mortier, une cuillère à soupe de vinaigre de vin et six cuillères d’huile d’olive. Incorporez bien le tout puis rectifiez enfin l’assaisonnement (sel, poivre et sucre) selon votre goût.

   

Non seulement cette sauce relèvera avec délicatesse et esprit le fort caractère de l’agneau, rôti et craquant, mais son vert acidulé sera du plus bel effet dans vos assiettes. Essayez, vous m’en direz des nouvelles…

    

Tu seras un homme mon fils

 

             

Je ne parle pas souvent dans ces colonnes de livres pour enfants et pourtant la littérature jeunesse regorge à mon sens de merveilleux petits trésors. Des trouvailles joyeuses, parfois mélancoliques ou effrayantes, souvent poétiques, tendres et drôles qui touchent l’âme des enfants que leurs corps aient 5, 10, 30 ou 50 ans.

   

J’avais très envie cependant de partager avec vous mon coup de cœur pour une édition récente du fameux poème de Rudyard Kipling « Alors, tu seras un homme, mon fils » (« If » en version originale) qui vient de paraître aux éditions Grasset Jeunesse. Accompagné de très lumineuses illustrations de l’italien Mauro Evangelista, ce texte illustre ces valeurs trop souvent oubliées et qui pourtant fondent notre humanité (courage, loyauté, sang-froid, amitié, liberté, etc.) Touchant et éternel dans son propos, ce poème, publié en 1910 par l’auteur du Livre de la Jungle, se révèle encore aujourd’hui d’une troublante modernité.

    

Je l’ai offert à un petit garçon de 12 ans la semaine dernière. Avec une belle dédicace, un encouragement pour qu’il continue à lire ces lignes toute sa vie durant avec le même plaisir que celui que j’éprouve moi-même à chaque lecture.

  

     

Alors, tu seras un homme mon fils

Rudyard Kipling

Illustré par Mauro Evangelista

Grasset Jeunesse

32 pages – 12,90 €

    

Faut-il s'arrêter au Passage (53) ?

          

     

C’est à n’y rien comprendre. On dirait que certains ne lisent pas les journaux (ceci dit, moi-même... enfin, bon, c’est une autre histoire) et vivent dans une dimension parallèle où l’euro se prononce en anciens francs. Hé ho, c’est la crise les amis ! Les temps sont durs et mettre 40 euros dans un déjeuner doit être une exception, le prix d’une table hors du commun (littéralement), comme celle-ci. Et pourtant. Prenez le Passage 53 par exemple. On passe sur le décor un peu clinquant, loin des usages des antiques passages parisiens, flirtant gentiment avec le lounge 90 (on croyait le mot enfin disparu) mais qui somme toute n’est pas rédhibitoire.

C la crise

          

        

Le 7 mai prochain paraîtra aux Editions Eyrolles le « Dictionnaire posthume de la finance » de David Abiker et Evariste Lefeuvre, un dico qui fait la part belle aux gros maux de la finance dont on nous a abreuvés ces derniers temps et qui nous ont conduits peu ou prou là où nous en sommes. C'est-à-dire nulle part. Modernité oblige, les auteurs ont décidé de ne pas en rester là et de poursuivre l’aventure sur le web, avec un dictionnaire collaboratif mis en ligne ici. Blogueurs et internautes peuvent ainsi faire évoluer le site en ajoutant mots et définitions, sérieuses, décalées, drôles ou franchement cocasses. Il suffit de commenter les articles déjà existants ou de contacter les auteurs pour leur proposer une nouvelle entrée.

   

David, avec qui j’avais eu le plaisir jadis d’être en contact pour une interview sur France Inter, m’a proposé d’en être, ce que je ne pouvais pas refuser. J’ai choisi la lettre C. Comme crise :

  

« Et si la crise tenait toute entière dans une seule lettre ? Si le destin de milliards d’hommes se résumait à un seul caractère ? Aurions-nous fait tout ce chemin, trainant notre humanité pendant des siècles, pour finalement nous arrêter à la lettre C ? Possible. Car de commerce en consommation, de connivence en corruption, du CAC 40 à la chute des marchés, de la croissance à la catastrophe et du capitalisme au chômage, il semble que le monde moderne ait trouvé là son alpha et son oméga. Aurions-nous donc atteint cette fois la fin de l’Histoire, le bout d’un chemin que nous avons nous-mêmes tracé et dans lequel nous nous sommes avec tant de délectation fourvoyés ? N’y a-t-il donc rien après ? Je ne le crois pas mais me revient pourtant en mémoire ce reproche que Joseph Kessel adressait à son neveu, Maurice Druon : « Tu cherches toujours un ordre heureux pour la société. Mais il n’y en a pas ! » Alors, reste l’homme. Reste l’individu. Et après le C, le D. Comme début. Mais de quoi ? »

  

L'Ampère, mais comment diable mange-t-on ça ?

    

    

Ma main au hachoir que vous vous imaginez que nous autres, chroniqueurs gastro, passons nos vies sous un ciel d’étoiles (trois de préférence), poudrés de safran, baignant dans la crème, le caviar au coin des lèvres. Mais vous n’imaginez pas les torrents de boue qu’il nous faut charrier avant de mettre la main sur la moindre pépite, fut-elle microscopique ! Loin de moi l’idée de faire pleurer dans les chaumières et les open spaces mais bon, c’est vrai que l’on avale tout de même quelques couleuvres à votre place…

   

Un exemple ? Cette entrée servie la semaine dernière à l’Ampère (1, rue Ampère 75017 Paris - 01 47 63 72 05), un « Avocat aux crevettes cocktail » diabolique ! Balourd, grotesque dans sa présentation, terne et plat en bouche, avocat pâteux, crevettes cotonneuses, sauce cocktail mécanique. On se demande quelle mouche a piqué le chef quand il a décidé de l’inscrire sur l’ardoise du jour. Et comment ai-je pu croire une seule seconde qu’il avait trouvé une astuce pour ripoliner ce classique ?

    

Servi sans cuillère ni rince-doigts, l’exemple même d’un plat tout à fait impraticable, jugez plutôt. Et plaignez-moi. Une minute suffira.

   

  

   

Les plaisirs de Ferran Adrià

              

Un plaisir des yeux ?

La mer derrière « Cala Montjoi »

 (El mar desde Cala Montjoi)

   

Un plaisir que l’on partage ?

La nourriture dans un restaurant gastronomique

(Una comida en un restaurante gastronómico)

          

Un plaisir d'enfance ?

Un sandwich à la mi-temps d’un match de foot

(El bocadillo en la media parte de un partido de  futbol)

      

Un plaisir odorant ?

L’odeur du pain

(El olor a pan)

 

Un plaisir égoïste ?

Cuisiner pour moi

(Cocinar para mi)

      

Un plaisir de l'oreille ?

L’opéra

(La opera)

  

Un plaisir inconnu ?

Les produits de l’Amazonie

(Los productos del Amazonas)

          

Un plaisir du goût ?

Un quartier de pamplemousse avec du sel, les 4 goûts de base

(Un gajo de pomelo con sal, los 4 gustos básicos)

        

Un plaisir anachronique ?

Les films en noir et blanc

(Las peliculas en blanco y negro)

        

Un plaisir qui ne coûte rien ?

Bavarder

(Converser)

  

Un plaisir honteux ?

Le sexe

(El sexo)

  

Un plaisir hors de prix ?

Naviguer à travers l’univers

(Navegar por el universo)

   

Un plaisir défendu ?

Chacun en possède un

(Cada uno tiene el suyo)

   

Un plaisir surestimé ?

Les produits que l’on paie pour leur rareté

(Los productos que se pagan por su escasez)

        

Un plaisir à venir ?

J’espère que ce sera la communication entre les gens

(Espero que sea la comunicación entre personas) 

    

 

 

   

Mais qui est Ferran Adrià ?

Doit-on encore présenter le chef du restaurant espagnol elBulli, considéré par ses pairs comme l’un des meilleurs et des plus créatifs au monde ? Que l’on adore ou que l’on déteste sa cuisine déstructurée, innovante, bluffante et parfois controversée, il aura marqué l’époque et encouragé la cuisine mondiale à voir plus loin que le bout de son répertoire. Il vient de publier aux éditions Phaïdon « Une journée à elBulli » un magnifique ouvrage de plus de 500 pages ouvrant les portes et les coulisses de ce restaurant mythique. A découvrir !

   

  

   

Remerciements chaleureux à Laurent Boissy pour la traduction !

Photos : T. Richard (2009)

   

Bagatelle

             

    

Il y a toujours quelque chose d’émouvant dans le premier déjeuner en terrasse de la saison. Comme la promesse d’un air léger, les prémices d’une saison lumineuse et chaude, l’avant-goût de corps brunis enfin dévoilés (jusqu’au genou seulement, mais c’est déjà ça). Porté par une humeur frivole, on se sent prêt à toutes les indulgences, trop heureux de se retrouver enfin sous les arbres et le vent. Pour moi, c’était hier, au Jardin de Bagatelle. Elle était belle et la terrasse aussi. Trainant sa nonchalance sous des dais de toile blanche, exhalant ses parfums d’herbe coupée et de bois exotiques huilés. Dans l’assiette des nourritures anodines mais convenables (Soupe de melon rafraîchissante au Sauternes fringante, Salade César un peu atone, Filet de dorade royale et pommes écrasées à la cive consciencieusement honnête, Pavé de thon plancha mi-cuit et piperade opportun, Véritable fraise melba à la limite de la désinvolture). Autour de nous l’arc-en-ciel de la clientèle bois de Boulogne chic et champêtre, avec quelques joyeuses fausses notes, entre bimbos à chien-chien-de-poche et touristes américains en Nike, pour égayer le paysage. Cadre soigné dans sa fraîcheur printanière et rose. Tarifs made in 16^ème, mais l’endroit le justifie et les appétits des beaux jours se contenteront d’un plat. Service d’une gentillesse et d’une lenteur sans égales.

  

  

   

Bagatelle

Route de Sèvres à Neuilly

75016 Paris
Téléphone : 01 40 67 98 29

  

Ouvert tous les jours.

  

A la carte, comptez entre 30 € et 40 €

  

Plus de photos de Bagatelle, ici.

    

Elégant d'Avril : Javier Bardem