Rédigé par Thierry Richard dans Belles de jour | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Balises: Morgane Dubled
C’est un moment qui n’a rien d’anodin. Une charnière. Qu’il s’agisse d’une décision mûrement réfléchie ou d’un coup de tête, cela ne doit rien au hasard. Il y a cet instant où l’on décide de basculer, où l’on juge que l’heure est venue de passer de l’autre côté de l’hiver. Est-ce le soleil qui accélère le rythme de ses visites ? L’air plus doux qui renvoie les chandails au placard ? Les rosiers animés d’une nouvelle vigueur ? Ou plus simplement le retour de la jupe et des chansons légères ? En tout cas, on se réveille un beau matin et l’envie est là. On entérine l’arrivée du printemps : on change de parfum.
C’est ainsi que j’ai abandonné les effluves chaudes et veloutées de Serge Lutens (j’ai pratiqué l’hiver durant un mélange personnel de Chêne et de Santal Blanc) et la présence radieuse d’Habit Rouge de Guerlain (mon parfum du week-end, indissociable des rumeurs de la campagne) pour plonger dans la légèreté tendre et vive de mon Acqua di Parma. J’y reviens depuis des années, dès les beaux jours ralliés. La première aspersion provoque en moi l’afflux soudain de centaines de souvenirs ensoleillés. J’aime retrouver son jaune vif et tranchant, à la fraîcheur bouton d’or, et ses notes fleuries, frivoles comme un nuage qui fuit.
Alors, voilà, je vous l’annonce officiellement : pour moi, le printemps est arrivé ce matin.
Rédigé par Thierry Richard dans Menus plaisirs | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Balises: Acqua di Parma, Guerlain, Serge Lutens
Ceci est un billet de la dernière chance. Vous vendre un bistrot charcutier
quand le soleil perce les nuages et que les températures entament leur
ascension, c’est un sacré challenge. On se prend alors à rêver d’un léger
redoux, une petite froidure passagère qui vous donnerait l’envie d’aller
recharger les batteries caloriques Chez Grenouille. Car franchement, cette
mini-cambuse, abritée derrière une devanture qui ne paye pas de mine (je suis
gentil) est une des meilleures planques à ripailles de la capitale. On y
retrouve, accrochés au dessus du comptoir des diplômes comme on en fait plus
saluant le boudin blanc, acclamant la tête pressée, récompensant les tripes.
Mais n’allez pas croire que l’on y tutoie le vulgaire, le lourdingue, la
pesante gaudriole. Non, ici, on sait y faire pour satisfaire les appétits les
plus robustes sans verser dans le rata. Prenez par exemple ce plat
emblématique, l’Andouillette Chez
Grenouille, en fait une tourte ronde, le cœur farci de chaudin, de porc, de
foie gras et d’escargots. A lire ces mots on recule. Erreur, c’est un délice d’équilibre,
de saveurs affirmées mais bien balancées, d’exécution finaude. On se demande
alors ce qui se passe dans la tête du chef pour nous sortir ce type d’assemblage.
A la hauteur aussi le Pressé de bœuf,
vif, mordant, arrondissant les angles de sa verdure d’accompagnement et de ces
condiments qui n’ont rien d’accessoire. Et pour faire bonne mesure, un Baba au Rhum où ce dernier vous sera
servi à part dans un verre à liqueur : grand moment de nostalgie
alcoolique (desserts de 5 à 7 €, on rêve). Allez, n’ayez pas peur d’une
soudaine giboulée ou d’un retour inattendu du froid, vous avez votre point de
chute !
Chez Grenouille
52, rue Blanche
75009 Paris
Téléphone : 01 42 81 34 07
Ouvert tous les jours
A la carte comptez entre 40 € et 50 €
Plus de photos de Chez Grenouille, là.
Rédigé par Thierry Richard dans 75009, Bistrot ou néo-bistrot, Bonnes tables à Paris | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Balises: 75009, Chez Grenouille, Paris, Restaurant
Il aura fallu attendre dix ans pour que l’auteur d’Ingrid Caven donne – enfin – une suite littéraire à son prix Goncourt obtenu en 2000. Entrée des fantômes, voilà donc l’objet, paru chez Gallimard dans la collection cornaquée par Philippe Sollers L’Infini.
Le nouveau livre de l’auteur de Rose Poussière (1972) s’ouvre sur un roman. Celui d’un mannequin mystérieux, mi-Alice mi-Kate Moss, qu’un non moins mystérieux cardinal de l’église catholique envoie en mission dans les nuits électriques d’une mégapole inconnue. Vingt pages fulgurantes plus loin, le roman s’arrête sur deux lignes de points de suspension. En suspens, donc, l’histoire, en suspens les personnages énigmatiques, les gadgets ésotériques et l’errance téléguidée, de club en club, de la jeune femme troublante dans sa limousine noire. Retour à Paris, début du XXIème siècle, retour à Schuhl. Si vous n’avez jamais pris de drogues, lisez les vingt premières pages de ce roman et vous ressentirez tous les effets d’un trip halluciné et envoutant dans la nuit scintillante et chic d’une ville ultramoderne (« Elle fut ailleurs, nulle part, très haut, un vertige, dans l’Ether, dans les airs, désincarnée »). C’est brillamment écrit, savamment orchestré, dans un rythme (essentiel, le rythme chez Schuhl) hypnotique qui ne vous lâche pas.
Lire la suite "Entrée des fantômes, de Jean-Jacques Schuhl" »
Rédigé par Thierry Richard dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Balises: Entrée des fantômes, Jean-Jacques Schuhl
Jubilatoire. Tomber sur une adresse comme ça, cela vous illumine une semaine. Vous y repensez en boucle et vous vous dites que vous êtes sacrément vernis et que, c’est une évidence, vous y reviendrez avec l’eau à la bouche. Et pourquoi pas dès demain ? On est entre Vavin et Notre-Dame-Des-Champs, dans cette Rive Gauche familiale et bien mise qui n’offre pas grand choix à des appétits exigeants. Derrière le comptoir, au fond d’une (toute) petite salle pimpante et joliment drapée, un sujet de sa Majesté, un anglais de Manchester bon teint, Chris Wright. Là, on se dit qu’on va pratiquer le repas-roulette russe. Grave erreur : ce garçon a du talent, un sacré talent même. Seul en cuisine, il revisite une cuisine française qui n’a pas froid aux yeux et y ajoute sa petite touche d’excentricité toute britannique : Soupe de panais, Croustillant de tête de veau aux câpres, Agneau de lait des Pyrénées confit purée de pommes de terre, Ris de veau concombres marinés, Cornet de Murat crème au jasmin et chocolat chaud… C’est impeccablement joué, proportionné avec talent, surfant entre puissance et légèreté, avec un petit twist à la Paul Smith réjouissant. Ajoutons une serveuse en salle qui prend votre commande avec les manières empruntées et l’accent de Jane Birkin. So charming ! Et une addition des plus sages, bien loin des attendus du 6ème arrondissement. Mais comment diable la quasi-totalité de la critique a-t-elle pu passer à côté de ce petit bonheur ? Profitez-en pour y filer dare-dare avant que les délais de réservation n’atteignent les sommets insolents d’un Frenchie !
Le Timbre
3, rue Sainte Beuve
75006 Paris
Téléphone : 01 45 49 10 40
Fermé dimanche et lundi
Menus déjeuner à 22 € et 26 €
A la carte comptez entre 30 € et 40 €
Réservation conseillée
Plus de photos du Timbre, ici.
Rédigé par Thierry Richard dans 75006, Bistrot ou néo-bistrot, Bonnes tables à Paris | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
Balises: 75006, Le Timbre, Paris, Restaurant
Rédigé par Thierry Richard dans Elégants | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Balises: Ewan McGregor
Plus que trois semaines pour jeter vôtre appétit sur la Table 28, dans les murs de l’ancien Spring que Daniel Rose et ses garnements (l’équipe s’étoffe) quitteront dans près d’un mois pour ouvrir rue Bailleul. Entretemps, la micro-kitchenette de la rue de la Tour d’Auvergne applique à la lettre la devise de Guillaume d’Orange : elle maintient. Elle tient en effet joliment son rang autour d’une formule rôtisserie où la viande du jour se choisit au gré de l’inspiration et des approvisionnements. On y partage ses humeurs sur deux larges tables d’hôtes de bois clair. Pour nous ce fut, après une Salade de saison (sucrine, champignons, oignons marinés, pomme, radis noir, ventrèche de porc) fraîche, vive, bien équilibrée sous les notes d’un vinaigre au cidre et au miel qu’aiguillonnait une pointe de citron, du Coucou de Rennes. Servi en coquettes portions, superbement rôti (ah, cette magique alchimie de la peau croustillante et de ces chairs fondantes !), il était accompagné d’une purée de céleri d’une onctuosité diabolique. Dans une belle carafe nous attendait, achevant ses exercices respiratoires, un Vin de Pays des Maures (Borrely-Martin, Le Carré de Laure, 1999) surprenant de finesse et de construction. Note finale : un gâteau aux pommes escorté d’une crème fraîche au lait cru badigeonnée de compote de pommes et parsemée de noix. De la douceur campagnarde made in Normandy (qui nous conduisit tout droit à travers ses manières de bocage vers un calvados de Michel Beucher). C’est simple, très bon, sans sophistication, et d’une chaleur à toute épreuve : on vous apporte le plat, vous vous servez, vous faîtes passer. On est entre nous. Et on aime ça.
28, rue de la Tour d’Auvergne
75009 Paris
Téléphone : 06 42 87 79 64
Fermé le lundi et le mardi
Menus unique à 32 €
Plus de photos de la Table 28, ici.
Rédigé par Thierry Richard dans 75009, Bistrot ou néo-bistrot, Bonnes tables à Paris | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: 75009, Daniel Rose, Paris, Restaurant, Spring, Table 28
Rédigé par Thierry Richard dans Mon mois à moi | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Ouverture d’une nouvelle pâtisserie de luxe à deux pas du Bon Marché, dans un quartier aux humeurs protégées. Chez Hugo & Victor, on louvoie entre Van Cleef & Arpels et Victor & Rolf. Vous imaginez le genre ? Laque noire, présentation des gâteaux en parures, et concept à tous les étages : un goût, une déclinaison moderne, une déclinaison classique, un vin d’accompagnement. Le tout présenté sous forme de totem contemporain. Comme disait mon accompagnateur – expert de la chose sucrée : « le décor manque un peu de gourmandise, non ? ». Le mot est lâché. Les gâteaux exposés dans des vitrines individuelles comme des vases Ming ou des sautoirs Chaumet, c’est sûr, cela impressionne. Mais stérilise un peu l’envie aussi. Et pourtant, il faut goûter à ces belles réalisations et ne pas hésiter à les malmener à grands coups de cuillère : le totem n’est pas tabou ! Et le plaisir est là : superbes mille feuilles d’un croustillant extrême (au caramel, à l’ananas rôti), onctueuse mousse de vanille sur un biscuit aux graines de tournesol alliant croquant et douceur, mini-Guggenheim (on peut aussi y voir une petite tour de Babel) au praliné dont le cœur craquant est une surprise… Hormis un accord de saveurs dissonant sur le chocolat que nous avons testé, tout était impeccable (attention aux températures).
Et si vous voulez briller lors d’un prochain dîner, offrez ces grosses billes de chocolat aux parfums variés emballées dans un étui type Moleskine. So chic !
Hugo & Victor
40, boulevard Raspail
75007 Paris
Pâtisseries individuelles à 5 € et 5,80 €
Fermé le dimanche après-midi
Plus de photos de Hugo & Victor, ici.
Rédigé par Thierry Richard dans 75007, Boutiques, Salon de Thé - Pâtisserie | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Balises: 75007, Hugo & Victor, Paris, Pâtisserie
Rédigé par Thierry Richard dans Belles de jour | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Balises: Chiara Mastroianni