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Balises: Martina Colombari
Il y a toujours quelque chose d’émouvant dans la première huître gobée de la saison. Quelque chose de sacré et de risqué dans cette bouchée qui vous submerge après l’été comme une déferlante. Comme si elle devait vous donner le « la » des prochains mois. Susciter de nouvelles envies d’iode et de fraîcheur. Annoncer les fêtes et les coquilles profondes au fond de l’évier. Alors, cette huître-là, on ne la choisit pas à la légère et on ne la déguste pas n’importe où.
Le démarrage de la saison fut, cette année, exemplaire. Un bon petit temps d’automne, frissons et pluie fine, un endroit d’exception aux humeurs maritimes (les photos là), un ami gourmet pour le partage (indispensable à la bonne dégustation de coquillages) et sur le plateau, une sélection idéale !
Des Spéciales du Belon n°3 (quasiment introuvables à Paris, avec un parfum de noisette ultra-percutant), des Utah Beach n°3 (iodées, charnues et tendres comme je les adore), des Spéciales de Claire n°3 (tout en retenue), des Plates du Belon n°2 (les plates, en fait, ce n’est pas trop mon truc, trop de concision et de nervosité) et un petit mix beurre salé – beurre aux algues de Bordier servi sur ardoise.
Une sacrée entrée en matière pour s’enfoncer sereinement dans l’hiver les mains dans les poches.
L’Ecailler du Bistrot
22, rue Paul Bert
75011 Paris
Téléphone : 01 43 72 76 77
Fermé le dimanche et le lundi
Menu à 16,50 € au déjeuner
A la carte, comptez entre 30 et 40 €
Plus de photos de l’Ecailler du Bistrot, là.
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Balises: 75011, L'Ecailler du Bistrot, Paris, Restaurant
Il y a chez lui de cette élégance intemporelle, que l’on croyait éternelle et que l’époque consciencieusement assassine. C’est que cet homme ne vit pas vraiment dans le monde. Il habite à l’écart du tumulte, dans une belle maison sans âge, cachée sous les arbres et la pierre de taille. Il n’a pas de téléphone mobile, pas d’email, même pas de montre, presque pas d’agenda. Comme si, finalement, c’était le monde qui n’avait pas de prise sur lui. Comme si la liberté était en lui entrée en résistance, manifestant son caractère par d’infimes détails.
Quand on pénètre en son domaine, on remonte le temps et les allées d’une France au parfum de violette et de tradition. Dans ce petit bureau dont les meubles de style disent l’histoire, encombré de livres et de papiers, dans la chaleur des tapis et des banquettes aux tissus fleuris, on replie l’époque pour se livrer aux plaisirs discrets de la conversation.
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Et si la rentrée littéraire se faisait cette année en cuisine ? Bon, n’exagérons rien, mais il est vrai que de belles sorties culinaires sont venues enrichir les étals des libraires cet automne. Parmi ces productions remarquables (j’y reviendrai), un très bel ouvrage de l’ami Bruno Verjus : Recettes pour ma femme.
« Cuisine d’amour et d’humeur », dit le sous-titre. Et c’est vrai que Bruno Verjus n’écrit pas de livres de cuisine comme tout le monde. Il y met une bonne dose de cette chose trop rare qu’est la poésie, de l’amour de ceux pour qui il cuisine, une connaissance encyclopédique et une passion enthousiaste pour les produits des meilleures origines. Si l’on ajoute à cela une créativité ébouriffante et iconoclaste (bar+fraise+gingembre ou boudin+cassis, il faut oser), on comprendra que ce livre ne peut être comparé à aucun autre. Ici, pas de photos alléchantes mais de superbes illustrations délicatement oniriques d’Irina Volkonskii qui ajoutent encore au charme de l’entreprise.
Alors, pour que je ne sois pas soupçonné de favoritisme aveugle pour un ami, voici, en exclusivité pour les lecteurs des Chroniques, trois recettes originales tirées du livre : le Potimarron chaud (si votre femme fait ses bagages), les Lentilles vertes comme un taboulé (si votre femme manque de fer et de vitamines), les Poireaux tressés, œuf cassé et radicelles croustillantes (si votre femme est bucolique). A vous de juger !
Bruno Verjus dédicacera son livre le 12 novembre prochain (à partir de 18h) à la librairie La Cocotte, 5 rue Paul Bert dans le 11ème.
Recettes pour ma femme
Bruno Verjus
Editions Alternatives
128 pages – 25 €
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Balises: Alternatives, Bruno Verjus, Recettes pour ma femme
Cela vous prend parfois par le col, surtout lorsque le thermomètre est en chute libre, comme une fringale irraisonnée. Il y a un Gargantua qui se réveille dans l’arrière-gorge et rien ne semble assez costaud pour amadouer votre ventre. On dévorerait un éléphant. Cette faim de loup qui vous tenaille, une brochette de petits chaperons rouges ne la rassasierait pas.
Dans ces cas d’extrême urgence, il n’y a pas cinquante solutions (une bonne dizaine tout au plus). L’une d’entre elles c’est de filer fissa chez l’Ami Jean. Le mieux c’est encore d’y embarquer avec vous (cela décomplexe) quelques amis que la fourchette ne rebute pas et dont la voix porte fort. Des aguerris à l’assiette gaillarde.
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Balises: 75007, L'Ami Jean, Paris, Restaurant
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Balises: Sean Connery
Disons-le tout net, je ne suis pas un expert de la cuisine japonaise. Je la goûte avec prudence, sous la loupe, avec des regards curieux et parfois déconcertés. Elle me déroute parfois, m’indispose rarement (je n’y vais pas au hasard) et me séduit par sa fraîcheur et sa subtilité (même si la liste des ingrédients d’un plat m’est souvent mystérieuse). Dernier atout appréciable, et non des moindres, je ne quitte jamais une table japonaise le ventre lourd. J’ai toujours le sentiment qu’on m’a régalé d’un air marin ou d’une brise de sous-bois. Alors j’y reviens épisodiquement.
Celle-ci m’avait tiré l’oreille lorsque Caroline Mignot l’avait, la première, découverte dans une rue peu clémente du 9ème. Mes valises et mon lit étant proches de la rue Richer, quelques amis aussi, une visite s’imposait, un soir tombé trop vite. Cela s’appelle Kiku, et, je vous en prie, ne me demandez pas ce que cela veut dire.
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Balises: 75009, Japonais, Kiku, Paris, Restaurant
Pas si facile de mettre fin à ses jours, surtout quand le destin s’en mêle et que la mer refuse de vous avaler. Mauvaise fille, rétive à votre dernière volonté, la voici donc qui vous rejette dessoulé et nu sur le sable à quelques kilomètres à peine de votre vie d’avant. Qu’à cela ne tienne, ce sera donc une nouvelle existence, comme une seconde naissance, qui démarrera là, dans les dunes et les « vertiges nauséeux ».
C’est que le narrateur de Bella Ciao, le dernier livre d’Eric Holder, est un écrivain à la gloire défunte qui ne voit le bout du tunnel qu’à travers le cul des bouteilles qu’il engloutit plus que de raison. Fatigué de ces jours sans issue et de n’être plus qu’un sentiment de dégoût dans les yeux de Mylena, sa femme, il décide un beau matin de se noyer, lui et son chagrin dans les eaux froides de l’Atlantique. Mais le destin en décidera autrement. Revenu à la vie, lui, l’intellectuel, se reconstruira peu à peu dans le travail manuel, les amitiés de comptoir, la fréquentation des petites gens. Une forme de rédemption qui ne se fera cependant pas sans mal, dans l’espoir initial de reconquérir une femme déçue et la considération d’enfants détachés.
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Balises: Bella Ciao, Eric Holder
Rédigé par Thierry Richard dans Mon mois à moi | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Pour la première fois depuis des mois, ce soir, autour de 19h30, alors que la nuit approchait déjà et teintait les arbres d’un voile bleuté, lorsque je suis sorti dans le jardin, je l’ai sentie. Une odeur qui annonçait les jours plus courts, plus frais, les nuits plus noires, une odeur de bois brûlé et de cendres. Une odeur de feu de cheminée. Sereine et pénétrante. Aux soudaines bouffées acres et piquantes, s’accrochant aux branches en leur faisant comme une écharpe. L’odeur de l’automne. Celle que l’on sentira bientôt, tous les jours, à la nuit tombée, dans le noir brillant et dense du chemin de pierre. Quelqu’un a allumé les lampes plus tôt. Et le jaune a jailli derrière les fenêtres encore bordées des larges feuilles de la vigne qui bientôt roussira.
J’étais là, parmi les rosiers, les mains dans les poches, le nez en l’air près du poirier. J’ai cherché la fumée dans le ciel mais il n’y avait rien ; trop de jour encore. J’ai donc accueilli l’automne comme un seul parfum.
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