Cela vous prend parfois par le col, surtout lorsque le thermomètre est en chute libre, comme une fringale irraisonnée. Il y a un Gargantua qui se réveille dans l’arrière-gorge et rien ne semble assez costaud pour amadouer votre ventre. On dévorerait un éléphant. Cette faim de loup qui vous tenaille, une brochette de petits chaperons rouges ne la rassasierait pas.
Dans ces cas d’extrême urgence, il n’y a pas cinquante solutions (une bonne dizaine tout au plus). L’une d’entre elles c’est de filer fissa chez l’Ami Jean. Le mieux c’est encore d’y embarquer avec vous (cela décomplexe) quelques amis que la fourchette ne rebute pas et dont la voix porte fort. Des aguerris à l’assiette gaillarde.
Mais dans ces cas-là, ce qu’il faut surtout, c’est de l’autre côté du passe-plats, un chef tout en muscles qui saura y faire sans pour autant vous assommer. Et là, Stéphane Jégo est un maître. Sa cuisine croise la rusticité des produits de saison, souvent canailles et labellisés sud-ouest, avec l’imagination d’un traitement finaud et parfois un peu déjanté. Il en ressort d’improbables plats sauvages et polissés, débordant de vigueur et de bonhommie : « Mi-cuit de saumon, fraîcheur d’huîtres à l’encre de seiche », « Rognons de veau sautés aux girolles de saison et ventrèche », « Bœuf Wagyu et cèpes », « Porcelet rôti au poêlon », « Langoustines servies en carcasse au beurre ½ sel » et, de loin, le meilleur « Riz au lait, caramel au beurre salé » de Paris !
Je n’y étais pas retourné depuis bien longtemps, macérant le souvenir d’une soirée au service impossible. Mais me voilà désormais réconcilié avec les lieux par le bonheur revigorant d’un déjeuner pantagruélique. Avec en prime, tout autour (ce qui peut agacer), la vie qui bouillonne, qui vous fait chaud au cœur (sans parler du ventre) et le talent sur le fil, beuglant comme un capitaine de frégate, de Stéphane Jégo.
L’Ami Jean, comme un puits de chaleur au creux des journées d’hiver.
Chez l’Ami Jean
25, rue Malar
75007 Paris
Téléphone : 01 47 05 86 89
Fermé dimanche et lundi
Menu à 35 €
A la carte comptez entre 45 et 55 €
Réservation plus que conseillée
Plus de photos de l’Ami Jean, ici.
Hum, à la bonne heure! Comme disait mon grand-père Dumas lorsqu'il passait à table!
Rédigé par : Sand | 19 octobre 2009 à 12:43
J'ai hésité avant d'envoyé you tube : entre " Petit Jean, et, Jean de Florette, mais, j'ai pensé, que te compter Florette, c'était bien assez fait, depuis le temps, très bon Gentleman! :) : Alors voici, et ne me traitez pas de Cupide, je préfèrerai Cupidon, à choisir, sir Richard!
http://www.youtube.com/watch?v=UI6zRUa16FI
Rédigé par : Sand | 19 octobre 2009 à 12:48
une super adresse....et surtout ne pas grignoter avant le plaisir serait gacher
Rédigé par : GILLES | 19 octobre 2009 à 16:39
En effet, à l'Ami Jean, le riz au lait est une "tuerie", et servi si copieusement qu'on a vraiment du mal à le finir vu ce qu'on a mangé avant. Dans un autre style, délicieux et généreux également, je vous recommande chaudement l'Affriolé, à quelques mètres de là : j'y suis allée plusieurs fois depuis plusieurs années et c'est toujours excellent.
Rédigé par : Ariane | 19 octobre 2009 à 21:48
Il aurait été fort dommage de ne pas se réconcilier avec une telle assiette au seuil de l'hiver! Car quoi de plus réconfortant que ce riz au lait un jour de grand froid?
Rédigé par : Marionnette | 20 octobre 2009 à 11:30
Le menu dégustation est exceptionnel. Il faut néanmoins jeûner 24 h avant !
Rédigé par : tom | 20 octobre 2009 à 15:30
marrant ce billet à l'heure de l'affaire jean s.
Rédigé par : la flore et la faune | 22 octobre 2009 à 14:23
En général, je ne précise pas... mais là, ce déjeuner à trois était... sublime. Y'avait tout, les potes, la bouffe, l'ambiance...
Rédigé par : Mry | 22 octobre 2009 à 19:23