Chroniques du Plaisir

Bistrot de l'Entrecôte

                    

       

En lisant la carte du Bistrot de l’Entrecôte, on se dit que l’on a du freiner un peu trop tard, et, dépassant la Porte Maillot dans un élan, s’arrêter en bout de course Place du Maréchal Juin. Car voici qu’on y trouve, pour 25 €, la formule qui fit le succès du célèbre Relais de Venise : une salade aux noix suivie d’un filet de bœuf émincé, sa sauce et ses pommes allumettes maison.

   

Alors on relève la tête. Non, on ne s’est pas trompé. Le décor est moderne, drôle (ce cochon écarlate) et lumineux. Les tables sont largement espacées et laissent respirer les coudes. Les sourires qui vous servent ont moins de trente ans. Mais on est venu pour ça, la seule ligne qui compte dans ce menu (comme là-bas d’ailleurs), l’entrecôte et sa sauce. On veut savoir si oui ou non on peut cloner une recette à succès. Alors on commande. Et l’on en croit pas ses yeux, le même vert luisant et moucheté de la sauce, les mêmes frites en dôme de mikado et la viande saignante, rouge, aux stigmates de grill. Alors on goûte. Pour en avoir le cœur net. Et franchement il n’y a rien à redire. La cuisson est parfaite, les pommes allumettes croustillantes, la sauce un régal de douceur sauvage. Ce qui n’est finalement pas si étonnant si l’on se souvient que Jean-Claude Ribaut avait dévoilé dans Le Monde il y a bien longtemps le fameux « secret ».

  

Alors voilà la bonne nouvelle, vous pouvez maintenant choisir votre cadre pour savourer la fameuse entrecôte qui n’en est pas une, à l’ancienne ou contemporain (et choisissez votre partenaire en conséquence).

  

Tout de même, une différence notable, la tendreté de la viande du Bistrot surpasse celle du Relais. La preuve en images :

 

 

  

 

 

Bistrot de l’Entrecôte

10, place du Maréchal Juin

75017 Paris
Téléphone : 01 46 22 01 22

 

Ouvert tous les jours

  

Menu à 25 €

A la carte, comptez entre 30 et 40 €

 

  

Plus de photos du Bistrot de l’Entrecôte, ici.

Illustrations : A gauche au Relais de Venise, à droite au Bistrot de l’Entrecôte

 

Foires au vins 2009 : dans mon caddie

             

      

Quel casse-tête ! Tous les ans à même époque l’effervescence des Foires aux Vins bat son plein. On délaisse son caviste pour les rayons des supermarchés, on n’achète plus des bouteilles mais des caisses entières, on se renseigne, on planifie, on budgète, bref, on gère. Cela a commencé pour moi cette semaine avec ma seule et unique visite, en grande surface, chez Carrefour pour tout vous dire. Mon objectif n°1 était de reconstituer un fond de petits vins à boire toute l’année, combinant blancs et rouges, vins légers et plus corsés, d’apéritifs ou de repas, le tout à petits prix (je ne sais pas si vous êtes au courant mais on m’a dit que c’était la crise).

   

Voici donc, si cela peut vous faire gagner un peu de temps, ma petite sélection. Elle résulte de mes habitudes (certains vins ont déjà été achetés et approuvés les années précédentes comme le Château Fleur Haut Gaussens, le Domaine Rouge Garance ou les Bourgogne blancs géologiques de Jean-Marie Brocard), des conseils de plus compétents que moi (RVF en tête) et de mes lubies (j’achète une caisse de Chasse-Spleen tous les ans). Elle essaie également de réaliser la quadrature du cercle, combinant le goût, le prix et la beauté de la bouteille. Et oui, pour moi, sur une table, cela compte aussi. C’est le privilège de l’amateur. Pour les conseils d'un pro, il vaut mieux aller là.

C'était mon mois d'Août

 

Les plaisirs de Frédéric Beigbeder

  

             

Un plaisir des yeux ?

A St-Petersbourg, la façade de l’Ermitage dorée à minuit le 26 juin 2009

          

Un plaisir que l’on partage ?

Des œufs brouillés aux truffes à la Maison de la Truffe, place de la Madeleine

         

Un plaisir d'enfance ?

La pêche à la crevette sur la plage de Cenitz à Guéthary

     

Un plaisir odorant ?

L’odeur de la compote de pommes de ma grand-mère dans la cuisine, à Pau

    

Un plaisir égoïste ?

La branlette devant des sites internet de flagellation en Russie

    

Un plaisir de l'oreille ?

Frédéric Chopin

        

Un plaisir charnel ?

Voulez-vous des numéros de téléphone ?

             

Un plaisir inconnu ?

Je n’ai jamais sauté en parachute

            

Un plaisir du goût ?

Le fromage, de préférence le Vacherin de chez Barthélémy en décembre

           

Un plaisir anachronique ?

La lecture

       

Un plaisir qui ne coûte rien ?

Traverser le Pont des Arts au crépuscule

        

Un plaisir honteux ?

Signer des autographes à Cannes

         

Un plaisir hors de prix ?

Le Falcon 900 pour aller manger un Carpaccio au Harry’s Bar de Venise (40 000 €)

       

Un plaisir défendu ?

Sniffer un rail de coke sur un capot de voiture

       

Un plaisir surestimé ?

Le même

            

Un plaisir à venir ?

Les vacances avec ma fille

            

             

          

     

              

Mais qui est Frédéric Beigbeder ?

Cela fait bientôt vingt ans que Frédéric Beigbeder parcourt le paysage littéraire français et divise la bonne société des gens de lettres. Pour les uns, il n’est qu’un histrion fêtard et gentiment provocateur, pour les autres il a réconcilié, à travers ses romans caustiques, drôles et souvent désespérés, tout une partie de la jeunesse avec la littérature. A 43 ans, après avoir reçu le Prix Interallié pour « Windows on the World » (2003), cet éternel amoureux des livres publie « Un roman français », où, enfin, le « jeu » fait place au « je ». Avec élégance, humour et lucidité. A coup sûr l’un des livres importants de cette rentrée.

    

     

Ma petite salade de figues

                    

On ne fera sans doute pas revenir le soleil avec si peu. Mais cela vaut le coup d’essayer. Pour sauvegarder encore un peu de l’atmosphère des vacances et retrouver la lumière de la Méditerranée au fond de l’assiette, rien de tel qu’une petite salade de figues maison. C’est encore de saison et c’est d’une simplicité bouleversante.

   

Dans un plat (évitez le saladier, de grâce, car ici la cuisine c’est aussi un spectacle) ou directement dans vos assiettes, déposez quelques poignées de jeunes pousses de salade croquante que vous dynamiserez d’un peu de roquette bien poivrée. Disposez joliment sur cette verdure les figues coupées en quatre, dévoilant leur intimité suave et écarlate (deux figues par personne maximum), des lanières de jambon de Parme tiède et des morceaux de mozzarella di bufala. Parsemez de pignons de pin grillés à sec. Salez (peu), poivrez (peu) et arrosez d’une vinaigrette huile d’olive-balsamique. Voilà, c'est prêt.

   

Le résultat sera d’une beauté évoquant sans mentir les peintres du Cinquecento. Des verts sombres, de la pourpre, du grenat, du blanc d’ivoire. Je ne m’en lasse pas. Mon palais non plus d’ailleurs qui apprécie ce mélange doux et langoureux. Un reste d’été, un pas vers l’automne.

  

Belle de Septembre : Stefania Rocca

Reprise

 

                   

On a encore le bruit des vagues ou des cigales dans les oreilles, un peu de sable sur la nuque, les épaules cuivrées et les yeux encore éblouis par le soleil et le corps des femmes estivales. Les cris des enfants lâchés sur la plage et dans les jardins résonnent encore dans les têtes, les lunettes noires et les chapeaux de paille traînent encore sur les commodes, l’odeur de pins, d’iode, de sel, de basilic, de roses ou d’herbes coupées flotte toujours dans l’air. On a connu le repos, le ralenti des jours dans lequel on se coule avec délice une fois l’an. On s’est promené, on a lu, aimé, cuisiné, dormi le jour et bu la nuit, on s’est oublié. On a fait le plein de souvenirs, d’images, de petits instants, de parfums fugaces qui reviendront nous chatouiller la mémoire aux jours de froidure. On s’y réchauffera alors, comme dans le souvenir d’un soleil écrasant, de routes en lacets et de robes légères.

        

On est rentré. Il est temps de se dépouiller des habitudes à ciel ouvert pour reprendre celles des jours de septembre Retour au blog donc. Avec des envies nouvelles et un rythme plus slow.

          

On est rentré. Et on est content de se retrouver.

      

Elégant d'Août : Errol Flynn

C'était mon mois de Juillet

Belle d'Août : Bar Rafaeli