Rédigé par Thierry Richard dans Menus plaisirs | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Il est assez rude le choc de l’ascenseur à remonter les siècles qui vous saisit quand vous passez la porte du Florian, sous les arcades de la place Saint-Marc. C’est comme si vous vous asseyiez dans un tableau de Canaletto. Une succession de petits salons, tous largement ouverts vers la place, aux murs de miroirs usés et de fresques pâlies, les uns XVIIIème, les autres XIXème, le rouge cerise du velours des banquettes et le blanc fracassant des tables de marbre assurant la continuité. Il n’est même pas pensable de ne pas venir s’y poser, mais on frémit tout de même à l’idée de la fréquentation des lieux le week-end et en haute saison, sacs à dos, chaussures de marche et flashs crépitants. Finalement l’hiver a aussi ses avantages. J’y ai dégusté un sabayon d’anthologie, Zabaione con biscotti (petits gâteaux vénitiens), chaud, suave et mousseux, un trait cinglant d’alcool qui vous fouette les sangs, d’une couleur dorée, éclatante dans sa porcelaine fine. Croyez-moi, 12 € pour s’assoir un instant à l’ombre de Musset, Proust et d’Annunzio, ce n’est finalement pas si cher payé.
Caffe Florian
Piazza San Marco, 56-59
041 520 56 41
Tarifs sévères mais accueil adorable
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Balises: Caffe, Florian, Venise
Il flotte dans l'air comme un parfum de remontée du temps. Sous un ciel d'éclaircie déchiré de nuages lents, le bateau s'enfonce dans le chenal. Lourdement il suit sa voie maritime, marquée de piquets et de lanternes de fer. Enfin, elle apparaît à l'horizon. Ce n'est d'abord qu'une ligne fine, presque transparente, dont on ne sait si elle appartient au ciel ou à la mer. Puis une bordure de terre qui peu à peu émerge, une ligne dentelée qui s'assombrit et prend de l'épaisseur. Elle se hérisse bientôt de quelques flèches, s'arrondit de dômes, se creuse et se fend. Le bateau ralentit, comme pour ne pas en brusquer l'approche, l'écume se tasse sous la coque et l'on plisse les yeux. Une lumière pâle et intense, fulgurante et fatale comme un visage de Madone inonde le pont. C'est Venise. Suspendue aux nuées, elle s'offre au voyageur comme elle s'offre aux eaux capricieuses de l'Adriatique, entière et pourtant distante, traînant des siècles de mystère aux pieds de ses palais, faisant du moindre de ses visiteurs un fils prodigue, un de ses enfants de retour, l'un des siens. J'y viens pour la première fois et pourtant je m'y sens chez moi. Comme si j'avais déjà vécu là. Sous d'autres masques, peut-être. C'est Venise. Ouverte aux flots, aux navires et aux vies passagères que de partout on vient y déverser.
PS : Semaine spéciale Venise dans les Chroniques avec quelques impressions de voyage, des adresses mythiques testées pour vous et mes petites découvertes.
Retrouvez également mes adresses romaines ici.
Rédigé par Thierry Richard dans Italie, Venise, Week-End | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Balises: Italie, Venise
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Balises: Vittoria Puccini
L’adolescence est un âge fragile, à la fois miraculeux et tragique. Ce thème a été maintes fois balayé, avec plus ou moins de bonheur. C’est pourtant de cette difficulté d’être, inhérente au passage de l’enfance à l’âge adulte que Blanche de Richemont a choisi de nous entretenir dans son premier roman, Pourquoi pas le silence, au travers du destin de Paul, un héros malhabile et beau d’à peine quinze ans.
Certes, Paul n’est pas un adolescent comme les autres. En lisière de l’époque, il compte peu d’amis, un seul véritable à dire vrai, vit dans une chambre monacale aux phrases écrites sur les murs, a une sœur acrobate et lit de la poésie. Mais cela ne l’empêche pas d’éprouver au plus profond de son cœur les affres d’un moment de la vie où l’on est partagé entre le désir d’avoir son âge et celui d’y échapper. Où le malaise rôde sans que l’on n’en perçoive vraiment l’origine, incompréhensible pour les proches, mais tout aussi incompréhensible pour Paul lui-même.
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Balises: Blanche de Richemont, Pourquoi pas le silence
Bon, aujourd’hui je vais vous la faire courte. Cette adresse, ouverte en catimini entre Noël et le Jour de l’An, ruisselle déjà dans toutes les colonnes de vos journaux. Pas un bémol, de la louange en-veux-tu-en-voilà, du superlatif, de l’enthousiasme en papier glacé, rien que du bon. Et moi qui suis d’ordinaire assez méfiant de ces emballements soudains et moutonniers, plus ou moins bien montés en sauce par d’habiles communicants (Derrière, Paris IIIème), je dois bien l’admettre. Ce concert d’applaudissements est amplement mérité.
Direction Glou, donc, en plein cœur du Marais, juste en face du Parc du Musée Picasso. Un endroit frais et allègre, tout de longueur comme un pont de navire, voguant bonne allure dans l’air du temps, avec ses tables d’hôtes en beau chêne blond, ses lampes industrielles chinées, son mur de briques rouges à la new-yorkaise, ses pierres grattées et ses ardoises en suspens. C’est là que l’on se presse.
Rédigé par Thierry Richard dans 75003, Bistrot ou néo-bistrot, Bonnes tables à Paris | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
Balises: 75003, Glou, Julien Fouin, Ludovic Dardenay, Paris, Restaurant
Comme le mois dernier – Noël avait inauguré la formule – je vous propose de nouveau de gagner le DVD d’un de mes films préférés. Comment faire ? C’est tout simple, il suffit de deviner le nom du film en question et d’être le premier (la première) à le laisser en commentaire de ce billet pour rafler la mise.
Alors que met-on dans notre centrifugeuse aujourd’hui ? Cent soixante quinze lettres, un réalisateur anglais et un élégant chroniqué.
Voilà, vous avez jusqu’à ce soir minuit. C’est à vous !
PS : La photo ci-dessus n'a pas de rapport avec le film à découvrir.
Rédigé par Thierry Richard | Lien permanent | Commentaires (19) | TrackBack (0)
Quand j’y repense, je n’y crois pas moi-même. Imaginez-vous la scène. Vous vous trouvez là, en échappée de fin de semaine hivernale, dans un château des environs de Fontainebleau. La nuit épaisse est déjà tombée depuis deux heures, morte saison oblige, vous avez tourné au GPS en pleine forêt un bon moment avant de trouver le village de Bourron-Marlotte et vous avez le sentiment d’être arrivé au bout du monde. Vous vous attablez alors dans cette adresse chaudement recommandée par un fin palais d’explorateur (« Tu verras, c’est la meilleure table des environs »).
Le côté chic-provincial de la déco ne vous choque pas plus que ça, c’est le lot des week-ends loin du périphérique, et puis vous aimez bien les assiettes chiffrées, les timbales en argent et les voutes du plafond XVIème. Vous laissez carte blanche au chef (menu dégustation 6 plats, 75 €, on est là pour prendre son temps et du bon de préférence) et au milieu du défilé vous tombez sur ça.
Rédigé par Thierry Richard dans Tour de France | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
Balises: Boeuf de Kobe, Bourron-Marlotte, Dominique Maës, Les Prémices, Restaurant, Seine et Marne
Ceux qui me lisent de longue date le savent, je ne circule quasiment qu’en deux roues à Paris. C’est une petite parcelle de liberté que de s’arracher à la multitude, de circuler à son allure, d’avoir le sentiment qu’aucun embouteillage ne peut durablement briser votre élan. Et puis j’aime chevaucher, j’aime la vitesse, sans doute les restes enfouis, un peu imaginaires, d’une époque révolue que je me plais à recréer par bribes. Mais cela n’a pas que des avantages. Les rigueurs des averses gelées de ces dernières semaines et la persistance de températures sibériennes ont immobilisé mon scooter sur un trottoir parisien. Impossible de démarrer. Alors une semaine durant j’ai pris le métro. Et j’ai retrouvé les joies de la lecture dans les transports en commun. Debout, ce qui en amoindrit quelque peu le confort et nuit parfois à la concentration*.
Puis le redoux est arrivé. Et la machine a redémarré. Pour une petite demi-heure de trajet de bon matin. Une demi-heure de route et de monologue intérieur. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point cela m’avait manqué. Me parler. Réfléchir. Ne pas se laisser distraire. Ne s'absorber en rien qui ne vienne de soi. L’esprit libre.
Un tête à tête quotidien avec moi-même qui m’était finalement devenu indispensable.
Et vous alors ? Vos moments de soliloque, c’est quand ? C’est où ?
* Photo : Thierry Richard - Ligne 1 - 8h12
Rédigé par Thierry Richard dans Menus plaisirs | Lien permanent | Commentaires (15) | TrackBack (0)
Elles doivent être nombreuses ces tables de l’ombre. Celles qui font le boulot, proprement, du net et sans bavure, mais sans esbrouffe aussi. Celles dont on se refile l’adresse sous le manteau, car elles n’intéressent pas les échotiers de la popote. On y mange très bien pourtant mais elles seront toujours trop ceci (modeste, classique, éloignée…) ou pas assez cela (trendy, jolie, nouvelle, moléculaire…) pour faire la une des gazettes ou des blogs à gogos.
Vous voyez bien ce que je veux dire, je suis même sûr que vous en avez une paire dans votre manche en cas de coup dur. Des tables d’amis, discrètes, fiables, loin de la mode et des flonflons épuisants, un peu à côté de l’air du temps (il change si souvent de direction), bien calées dans vos agendas.
Rédigé par Thierry Richard dans 75017, Bonnes tables à Paris, Petit gastro | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Balises: 75017, Les Fougères, Paris, Restaurant, Stéphane Duchiron