Ce pourrait être mon amante. Ou la vôtre. On pourrait être à Paris, Shangaï ou Casablanca. Elle pourrait porter tous les prénoms. Mais elle s’appelle Françoise et c’est la femme de Bernard Plossu, photographe.
Dans cette simple image c’est tout le charme et toute la force de la photographie de Plossu qui nous saisit, un quotidien d’une extrême douceur qui parle à tous, nous renvoie à notre propre histoire, nos propres souvenirs, nos rêves inaboutis.
J’ai toujours aimé les photos floues, le noir et blanc et la beauté des choses simples. Cette rencontre avec Bernard Plossu était donc inévitable.
Pourquoi jeter une photo parce qu’elle est voilée ?
Bien au contraire, c’est quand la distance entre le sujet et son décor s’estompe que la vérité de la vie semble apparaître vraiment. Le flou c’est la spontanéité, le moment pris sur le vif que l’on vole au quotidien, où l’on ne triche pas, où il n’y a d’autre mise en scène que celle d’un regard sans préméditation.
C’est ce qui me touche dans l’œuvre de Bernard Plossu, un style d’une apparente simplicité où l’économie de moyens (toujours le même objectif de 50 mm, une utilisation régulière d’appareils jetables) semble permettre de dégager l’essence des choses, des lieux, des êtres.
Son travail ne peut bien sûr être réduit à cette imprecision des formes, mais c’est la part que je préfère. Et si, grand voyageur, il a parcouru de son œil les paysages de tous les continents, je n’apprécie rien plus que ces photographies de moments intimes. Sa femme, ses enfants, les endroits de sa vie, capturés avec ce qu’il faut d’humilité et de maturité. Sans jamais le moindre tape-à-l’œil.
Une œuvre d’où transparaît une infinie tendresse pour le monde et les gens.
Le flou, finalement, c’est la liberté.
Exposition Rétrospective
Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
15 février au 20 mai 2007
Photos © Bernard Plossu
Je suis "tendance flou" sur flickr...
Rédigé par : mm | 02 mars 2007 à 09:07