C’est une petite île italienne, au large de la Sicile, aux sombres pentes escarpées fouettées par les vents, sous un soleil plombant qui semble immuable. Elle s’appelle Pantelleria et c’est là que l’actrice Carole Bouquet a trouvé ce qu’elle appelle désormais son « chez moi » et où elle s’est imposé le défi de ressusciter un vin d’anthologie, le Passito.
Venue en villégiature dans ce coin perdu de la Méditerranée sur les conseils enthousiastes d’Isabella Rossellini, elle tombe amoureuse de l’endroit, y retrouve ses racines méditerranéennes et décide de s’y installer dans un coin reculé, sans même électricité. Désireuse de redonner vie à ces terres abandonnées, elle mettra des années pour racheter les parcelles de plus de 70 paysans afin de constituer son domaine et fera ensuite construire son propre chai afin de vinifier la totalité de sa modeste production, arrachée à cette terre volcanique, aride et sèche.
Car les choses ne se font pas facilement à Pantelleria et l’histoire du Sangue d’Oro est affaire d’obstination. Une terre difficile à travailler, aucun accès aux machines pour cause de plantations des vignes en terrasse, peu de main d’œuvre disponible sur place, il en faut de l’opiniâtreté pour sortir de cet éclat de terre isolé un nectar que l’on appelle là-bas Passito, un vin liquoreux à la belle robe dorée, intense et sensuelle.
Sa fabrication est complexe, les grappes de raisins (il s’agit d’un Musquat d’Alexandrie, aussi appelé Zibiddo) triées et cueillies à la main sont, selon la tradition, mises à sécher à même le sol pour s’imprégner de toutes les odeurs environnantes, figues, fenouil, pendant plusieurs semaines – heureusement la pluie est rare en ces contrées – afin de concentrer les sucres avant de rejoindre un moult de raisin qui amorcera la fermentation.
Quand on sait toutes ces épreuves, on comprend mieux la joie et la fierté que manifeste si volontiers Carole Bouquet de partager ce vin, son vin, fruit de tant d’efforts et de nous donner à déguster un Passito charnu aux notes très fuitées et suaves (fruits secs, ananas, abricot omniprésent), à la bouche pleine et ronde, combinant avec justesse gras et un soupçon d’acidité. Toute à cet enthousiasme, elle abandonne peu à peu ses investissements dans le Bordelais pour se consacrer corps et âme à la terre brûlée de Pantelleria…
On la comprend. Quelle jouissance cela doit être que de tirer de cette terre volcanique aride un vin doré à la douceur suave et aux effluves capiteux, véritable « sang d’or » tiré de ce sol noir ratatiné.
Conséquence néanmoins de ces complications et de ce tour de force, un prix aussi héroïque que le vin lui-même (comptez 40 € la bouteille)…
Un vin d’exception donc, fruit d’une aventure irraisonnée, mais palpitante.
Edit : La preuve que je n'ai écrit ce billet que parce que j'ai trouvé l'histoire belle et le vin (très) bon, on m'a fait remarquer que je n'avais pas spécifié où se le procurer... Réparons, réparons.
A Paris, chez Lavinia et Cavestève.
Sur le site web du distributeur français : www.jfldistribution.fr
Je ne suis pas très vin mais la manière dont s'est narré donne vraiment envie de goûter !! :D
Rédigé par : Julie | 04 avril 2007 à 09:11
Magnifique récit, et je te souhaite que Carole Bouquet le lise !
J'ai vu un reportage il y a quelques temps, sur cette fameuse terre, mais ils n'ont pas parlé de cet endroit et de la façon de travailler la terre, de la même façon que toi.
Ton récit est profond, on dirait que tu aimes cette terre autant qu'elle.
J'ai hête de goûter ce vin en tout cas.
Rédigé par : Poutchi | 04 avril 2007 à 11:26
hâte bien sûr...
au fait, tu l'as rencontrée avant de parler de son vin ?
c'est elle qui t'a transmis cet amour là ?
Rédigé par : Poutchi | 04 avril 2007 à 11:27
Je suis plus basique... on peut le trouver où? c'est le genre de cadeau qui enthousiasmerait mon meilleur ami...
et en plus je suis très vin meme si je n'y connais pas grand chose .
Rédigé par : Frogita | 04 avril 2007 à 15:34
L'allure de Carole Bouquet se perpétue. Encore un vin à essayer quand je retourne à Paris...
Rédigé par : marsha | 07 avril 2007 à 18:40
Oui ! j'ai appris dimanche dans le 7h à 8h que Mme Bouquet produisait son vin, mmmmmh, c'est pour quand la dégustation ?
Rédigé par : 1fillecommeca | 18 avril 2007 à 12:14
j'ai eu l'occasion de le gouter parmi d'autres vins ( ceux de la famille lurton)...
un delice...
Rédigé par : veronica | 18 avril 2007 à 19:18
juste pour vous dire, le bordelais c'est notre fierté a nous tous, tous les français partout dans le monde y'a pas de vin de table qui peut rivaler avec le bordelais :)
Rédigé par : bordelais | 04 août 2009 à 21:40