Encore quelques jours, quelques semaines tout au plus, et nous n’aurons plus d’yeux que pour les adresses à la mode, les nouvelles intrigantes et les tables à étalages. Encore quelques jours et il faudra s’y presser – pas trop vite tout de même, laissons passer les essayages en salle et le rodage des assiettes – pour vous rapporter la vérité nue, capturée de haute lutte : faut-il y aller ou pas ?
Mais puisque l’heure n’est pas encore à revêtir les habits de Marco Polo, Sherlock Holmes ou Rouletabille, profitons encore un peu de ces petites adresses de quartier, celles du bout de la rue ou du bas du bureau, celles de nos confortables habitudes.
Celle-ci se trouve dans le 15ème arrondissement, dans une rue tranquille, à quelques pas pourtant de la frénétique rue du Commerce et porte l’enseigne énigmatique de l’Alchimie.
Alors, c’est sûr, le décor semble posé là depuis 30 ans, on s’attend à voir débarquer Patrick Dewaere ou Vincent, François, Paul et les autres s’ils travaillaient dans le quartier. Vous l’avez compris, ici on ne tutoie pas le design, on n’épelle pas la grammaire des lieux chics ni la récitation des bistrots lustrés début de siècle, mais qu’importe !
L’important avec l’Alchimie c’est le moment qu’on y passe et le souvenir qu’on en garde. Toujours agréable.
La cuisine est franche, directe, nette dans l’approche, carrée dans les saveurs, souvent imaginative, mais sans esbroufe de matador des cuisines. Les produits assurent dans une belle spontanéité et l’on sent le souci de coller aux saisons en proposant une carte du moment, assez large pour éviter la monotonie (3 poissons, 3 viandes) mais suffisamment concentrée pour garantir la fraîcheur de l’assiette : « Filet de bar à la peau, gelée d’estragon, poêlée de concombres croquants », « Fricassée de volaille fermière aux deux citrons, farfalle et légumes », « Cabillaud à la graine de moutarde, coulis d’échalotes, blé façon risotto », « Bavette sauce au foie gras, gratin dauphinois »…
Pour ma part, après une entrée d’une vivacité et d’une fraîcheur Pointe-du-Raz (« Rémoulade de crabe en carapace et crème de corail acidulée »), je me suis régalé d’un filet de rascasse. Et si la rascasse, servie en un épais filet, cuite à la peau, douce et nacrée comme un coquillage d’îles lointaines, était délicieuse, elle le devait aussi à la judicieuse idée de l’accompagner d’un simple sabayon à l’huile d’olive (huile, jus de citron et œufs), délicatement parfumé et pointant sa petite dose d’acidité en lisière, ainsi que de petits légumes, léger et croquants, comme une réplique de Marivaux. Tout cela servi avec une petite découverte de vin blanc non soufré, un Anjou 2004 de Didier Chaffardon, vif, aux arômes de fruits jaunes légèrement miellés, un régal... Pour suivre et conclure, un dessert désarmant de simplicité mais aux effets saisissants de délicatesse et de bienveillance, des « Crêpes à la Mascarpone et méli-mélo de fruit ». Rien à redire, un dessert tranquille, tout en tendresse, aux petits soins.
Mais comprenons-nous bien, l’Alchimie c’est aussi, je dirais presque avant tout, Eric Rogoff, ce chef formé chez les grands (Senderens, Bardet) et qui insuffle à ces lieux son amabilité, sa gentillesse, sa faconde et sa langue bien pendue. Il respire le bonheur de ce métier, qui, on l’oublie trop souvent, consiste à (bien) nourrir son prochain. Eric s’y emploie, avec générosité, bonne humeur et talent, dans son petit caboulot de la Rive Gauche, bien loin de l’agitation des gros titres.
Alors, un bonheur de convivialité comme cela, même à l’heure du déjeuner, ça ne se refuse pas !
L’Alchimie
34, rue Letellier
75015 Paris
Téléphone : 01 45 75 55 95
Menu Carte à 18 € (Midi), 23 € ou 28 €.
Un plus : une cave à cigares qui réjouira les amateurs de vitoles cubaines d’exception, dont le chef est fin connaisseur.
Ca a l'air top. Je m'en vais de ce pas le tester.
Rédigé par : Thomas Clément | 06 septembre 2007 à 12:10
Bien bien... Je crois savoir où nous allons trainer de ce pas. Merci !
Rédigé par : envyolette | 06 septembre 2007 à 12:23
Avec une enseigne portant le nom de "Alchimie", ça ne peut être autre qu'Alchimie, le Boss ne se nommerait-il pas Graâl?!;) Très doux et apaisant cet article ou plutôt ce lieu dit..ou comme explique Coelho, le lieu est Finalement en Nous et se nourrir de bonnes saveurs c'est évidemment nourrir son coeur..et celui des Autres par continuité.
Rédigé par : MamSand | 06 septembre 2007 à 12:34
Ca fait vraiment envie !
Rédigé par : Charlotte | 06 septembre 2007 à 13:16
Prochaine adresse à tester ... très vite ! :)
Et cette plume ... toujours cette "foutue" plume qui écrit décidement trop bien ! Je suis jaloux.
Rédigé par : Vincent | 06 septembre 2007 à 16:58
Hummm ! C'est drôlement bien raconté et comme le restaurant à l'air très bon je vais y aller avec des amis. Merci Thierry, continue comme ça.
Rédigé par : alain | 08 septembre 2007 à 17:51
Sur la photo ça a l'air terrible en tous cas!
Rédigé par : Mlle E | 10 septembre 2007 à 13:43
ça donne vraiment envie...
Rédigé par : lory | 10 septembre 2007 à 14:22
Bon,j'y suis allé vendredi et je dois dire que j'ai été un tout petit peu déçu. Bon d'abord la déco atroce au début on croit qu'on s'en fout et puis en fait ça gache un peu le plaisir (surtout le tableau à 600 euros au dessus de notre table).
Excellent Foie gras caramélisé, bar et ses légumes bof, mille feuille au chocolat bof. Formidable Lirac blanc. En une heure c'était plié.
Bref un endroit bien mais qui manque cruellement de chaleur.
Rédigé par : Thomas Clément | 10 septembre 2007 à 15:20
Pourquoi toutes les meilleures adresses sont elles malheureusement dans ce foutu 15eme.............................?????????
Rédigé par : kiki | 12 septembre 2007 à 21:57
il em semble y etre deja alle... je pense !
Rédigé par : mam'zelle emie | 27 septembre 2007 à 13:31
Oui, j'aime beaucoup ce restau, même si la déco est terrible... vive le XVe et ses "petits" restau, je suis pas prête de déménager!
Rédigé par : spiritsan | 14 octobre 2007 à 21:46
Ah ! Si la déco était à la hauteur de la cuisine ...
Néanmoins, une excellente adresse et un chef (Eric) tout à fait aimable (et amateur de cigares en prime !).
Rédigé par : Peintre | 07 décembre 2007 à 14:41
Quand je pense que j'habite à 150 m et que je ne connais pas (encore). Il va falloir que je répare cette lacune. Bonne Soirée.
Rédigé par : dasola | 17 décembre 2009 à 18:14