Il flotte dans l'air comme un parfum de remontée du temps. Sous un ciel d'éclaircie déchiré de nuages lents, le bateau s'enfonce dans le chenal. Lourdement il suit sa voie maritime, marquée de piquets et de lanternes de fer. Enfin, elle apparaît à l'horizon. Ce n'est d'abord qu'une ligne fine, presque transparente, dont on ne sait si elle appartient au ciel ou à la mer. Puis une bordure de terre qui peu à peu émerge, une ligne dentelée qui s'assombrit et prend de l'épaisseur. Elle se hérisse bientôt de quelques flèches, s'arrondit de dômes, se creuse et se fend. Le bateau ralentit, comme pour ne pas en brusquer l'approche, l'écume se tasse sous la coque et l'on plisse les yeux. Une lumière pâle et intense, fulgurante et fatale comme un visage de Madone inonde le pont. C'est Venise. Suspendue aux nuées, elle s'offre au voyageur comme elle s'offre aux eaux capricieuses de l'Adriatique, entière et pourtant distante, traînant des siècles de mystère aux pieds de ses palais, faisant du moindre de ses visiteurs un fils prodigue, un de ses enfants de retour, l'un des siens. J'y viens pour la première fois et pourtant je m'y sens chez moi. Comme si j'avais déjà vécu là. Sous d'autres masques, peut-être. C'est Venise. Ouverte aux flots, aux navires et aux vies passagères que de partout on vient y déverser.
PS : Semaine spéciale Venise dans les Chroniques avec quelques impressions de voyage, des adresses mythiques testées pour vous et mes petites découvertes.
Retrouvez également mes adresses romaines ici.
Comme un parfum de Visconti sur cette chronique...
Rédigé par : Kaplan | 03 février 2009 à 10:35
Je me souviens du silence à bord du bateau lors de l'approche de la cité... Pénétrant et inoubliable.
Rédigé par : Papa Anonyme | 03 février 2009 à 10:59
Très bien Thierry, profitez, enfin ... j'espère que vous n'avez pas oublié votre petit carnet ! ;-)
Rédigé par : paul | 03 février 2009 à 11:12
contente d'avoir votre vision de Venise. Il y a également un article sur mon blog dans la rubrique voyages...j'y ai mis quelques adresses également.
Rédigé par : louison | 03 février 2009 à 15:57
Superbe billet... comme un archétype, cette ville qui sombre.
Rédigé par : louise (gato azul) | 03 février 2009 à 16:00
Une première fois ? ce sera de celle qui reste marquée en vous... indéfiniment !
Ah,Venise....
Libérez vous de tout a priori , de tout cliché ...et laissez vous porter par la ville....
Vous succomberez je le crois bien !
Rédigé par : françoise | 03 février 2009 à 19:24
Une petite pensée pour moi, c'est la ville des origines de ma famille. @ +++
Rédigé par : Pierre-Jean | 04 février 2009 à 00:39
Pierre-Jean -> frimeur !
;-)
Rédigé par : Papa Anonyme | 04 février 2009 à 12:29