Il est assez rude le choc de l’ascenseur à remonter les siècles qui vous saisit quand vous passez la porte du Florian, sous les arcades de la place Saint-Marc. C’est comme si vous vous asseyiez dans un tableau de Canaletto. Une succession de petits salons, tous largement ouverts vers la place, aux murs de miroirs usés et de fresques pâlies, les uns XVIIIème, les autres XIXème, le rouge cerise du velours des banquettes et le blanc fracassant des tables de marbre assurant la continuité. Il n’est même pas pensable de ne pas venir s’y poser, mais on frémit tout de même à l’idée de la fréquentation des lieux le week-end et en haute saison, sacs à dos, chaussures de marche et flashs crépitants. Finalement l’hiver a aussi ses avantages. J’y ai dégusté un sabayon d’anthologie, Zabaione con biscotti (petits gâteaux vénitiens), chaud, suave et mousseux, un trait cinglant d’alcool qui vous fouette les sangs, d’une couleur dorée, éclatante dans sa porcelaine fine. Croyez-moi, 12 € pour s’assoir un instant à l’ombre de Musset, Proust et d’Annunzio, ce n’est finalement pas si cher payé.
Caffe Florian
Piazza San Marco, 56-59
041 520 56 41
Tarifs sévères mais accueil adorable
HUM
Rédigé par : Sandra B | 04 février 2009 à 22:08