C’est une charmante petite curiosité que viennent de rééditer les éditions de la Musardine sous le titre de La Comtesse au fouet. On connaissait à ce récit érotique sadomasochiste écrit en 1908 d’autres noms, Belle et Terrible ou L’homme-chien et c’est sous ces diverses appellations qu’il fut condamné plusieurs fois par les tribunaux entre 1950 et 1954, alors même que son auteur entrait à l’Académie Goncourt ! Car c’est tout le sel de ce petit ouvrage que d’être en réalité l’un des premiers récits écrits par celui qui devait devenir un romancier important du XXème siècle, Pierre Mac Orlan. On sourit alors sous cape de lire ce qui fut sans doute un ouvrage de jeunesse publié sous son véritable nom par Pierre Dumarchey. Il faut noter au passage que le « goût » de Mac Orlan pour les récits masochistes ne s’émoussa pas avec les années et que des « Grandes flagellées de l’histoire » à « La semaine secrète de Vénus » il continua à publier, le plus souvent sous pseudonyme, dans le domaine érotique pendant de longues années.
Et il est vrai que dans une production sadomasochiste pléthorique pour l’époque, La Comtesse au fouet se distingue par des qualités de style et de narration qui laissent entrevoir le talent du futur académicien, décoré de la Légion d’Honneur et auteur du « Quai des brumes ».