Nous n’étions pas retournés à l’Ourcine depuis bien longtemps, de ces longtemps qui se comptent en années. Il flottait encore dans ma mémoire quelques souvenirs incomplets d’une salle aux espaces un peu lâches mais d’une cuisine de tout premier plan, vive et étonnante. C’est souvent comme cela. En tout cas pour moi. Au bout de quelques mois, je ne retiens d’un restaurant qu’une impression diffuse mais tranchée, un détail, une compagnie, une ambiance, rarement une image précise et détaillée, l’intitulé des plats et le montant de l’addition au centime près.
Et puis, cette sensation positive persistant, j’ai eu envie d’y revenir. J’y ai même traîné une jolie compagnie de mines gourmandes et de coudes téméraires. Changement de lieu. L’Ourcine s’est désormais glissée derrière une devanture rougeoyante où l’on peut lire, dans une calligraphie de maître d’école, « Cuisine de cuisinier » et « Vins de vignerons ». Retour aussi vers plus de chaleur à l’image de ces bois sombres sentant l’encaustique et du vernis passé de ces tables sans nappes.