Chroniques du Plaisir: Café Pleyel

05 octobre 2010

Café Pleyel

Voici une table charmante à côté de laquelle il est tellement facile de passer sans la voir. C’est que l’endroit se mérite et se murmure entre amateurs. Pour la découvrir, il faut pénétrer l’imposant hall années 30 de la salle Pleyel, prendre le vieil ascenseur et pousser le bouton du premier étage. C’est déjà un voyage. Une fois la sombre grille passée, on pénètre une salle immense baignée d’une lumière éclatante et on cligne des yeux. C’est grand, c’est rouge, c’est blanc ; une belle surprise. La clientèle y est sage, bien mise et mêle les affaires et l’artistique, beaucoup de jeunes parisiennes aux élégances contemporaines y croisent leurs jambes avec délicatesse. Et la table ? Elle est tenue par un chef qui change tous les ans. Cette année, c’est Arnaud Daguin, le trublion du Pays Basque (aux commandes là-bas de la seule maison d’hôtes étoilée de France) qui bouscule les casseroles. « Cru-cuit de champignons, huile verte de persillade », « Piperade immobile à la ventrêche », « Tartare de gros maigre au fenouil rôti et graines de courges », « Côte de veau cloutée et salée aux anchois », « Gratin de courges Lurrama, fromage de brebis », même si la tradition est là (foie gras et canard à tous les étages) on sait ici lui tordre gentiment le poignet. Le must étant ce « Vrai-faux hamburger de canard au foie gras poêlé et céleri boule » où le céleri remplace le pain : un régal de douceur et de sensualité un peu régressive. Le service est d’une gentillesse à toute épreuve et l’éloignement parfait des tables laisse les conversations se déployer en toute intimité. On regrettera une addition un peu élevée tout de même pour un déjeuner (choisissez bien votre occasion) et l’absence de formule. Un bel endroit tout de même à réserver pour un déjeuner chic et tranquille.