C’est un vrai petit régal de lecture auquel nous convie Alain Cresciucci en rassemblant, aux Editions de la Table Ronde, la correspondance inédite d’Antoine Blondin. A mes prochains, c’est toute une vie condensée en 130 lettres et cartes postales, dessinant le portrait d’un écrivain mélancolique et drôle, finalement aussi peu productif dans sa correspondance que dans son œuvre romanesque (cinq romans en 21 ans : « Aux approches de la cinquantaine, je suis resté mince, mon œuvre aussi » écrira-t-il avec humour).
Tout commence en 1943 avec les lettres envoyées par Blondin, alors en Allemagne pour le S.T.O., à sa famille pour s’achever en 1984, sur une courte missive à Roland Laudenbach, son éditeur à La Table Ronde, faisant état d’une « gêne » financière, phénomène devenu alors pour l’auteur de l’Europe buissonnière aussi coutumier que les gueules de bois et les ennuis de santé.
Deux choses frappent en premier lieu le lecteur de cette correspondance ténue. Le faible nombre de destinataires tout d’abord. Blondin ne s’y adresse, outre sa famille, qu’à un petit cercle de proches et de fidèles avec qui il a tissé des liens d’amitié puissants et durables : Catherine et Roland Laudenbach, Roger Nimier, Michel Déon, Caroline et Kléber Haedens. Le second étonnement vient de ce que l’auteur de Monsieur Jadis y adopte une grande variété de tons : affectueusement déférent avec les Haedens, amicalement respectueux avec Déon, confident avec Laudenbach, facétieux et potache avec Nimier.