Chroniques du Plaisir

Paris en bouteilles

Egmont Labadie est un spécialiste de ce qu’Antoine Blondin appelait les « verres de contact », ces petits coups partagés au comptoir des bistrots, entre amis d’un jour ou de toujours. Fin connaisseur de la chose bachique, il arpente pour nous la France entière à la recherche des meilleurs bistrots à vins, traquant la cave d’exception, le zinc sympathique, les bouteilles au meilleur rapport qualité-prix et les tables trop rares où le vin n’est pas accessoire. Voici, désormais rassemblées dans un seul ouvrage, ses 100 meilleures adresses parisiennes, du bistrot-rigolo à la nouvelle vague branchée vins naturels. Une sélection fine et pertinente, pour tous les amoureux de la bouteille. Allez, tous au goulot !

 

Les meilleures adresses des amateurs de vin
Egmont Labadie
Dakota Editions
144 pages – 13,99 €

(Photos : Egmont Labadie - Coinstot Vino - Paris)

Bistro des gastronomes

C’est sans conteste pour moi l’une des meilleures surprises de ces dernières semaines. Le bonheur de l’inattendu. Un nom qui fleure bon sa sous-préfecture années 60 (un Bistro des gastronomes qui en ferait une cible de choix pour les inspecteurs du Guide Duchemin version « L’Aile ou la cuisse »), un cadre agréable mais à contretemps (on s’y verrait bien en octobre ou novembre à la recherche d’un refuge cotonneux), il en fallait de l’inconscience pour pousser cette porte. Ou tout simplement suffisait-il d’un rendez-vous à déjeuner avec un ami très bien informé. La surprise, en l’occurrence, c’est le chef : Cédric Lefèvre, passé entre les mains de Christian Constant et ancien chef du Bistro Volnay, une table dont j’avais déjà vanté les mérites ici-même. On le retrouve ici, sur la Rive Gauche, au meilleur de sa forme. Des assiettes généreuses, aux produits de saison soigneusement sélectionnés et une exécution au poil : cuissons et assaisonnements parfaits. Pour démarrer une « Poêlée de couteaux en persillade » vibrante et verticale, et une « Poêlée d’escargots aux pleurotes » à peine aillée, herbeuse, terriblement terrienne et croquante. Puis les « Dernière coquilles Saint-Jacques d’Erquy rôties, purée de céleri et jambon d’auvergne » onctueuses aux accents terre-mer bien accordés ainsi qu’un « Carré d’agneau, petits pois à la française » d’une fraicheur exceptionnelle (légumes) et d’un croustillant diabolique (agneau). En conclusion, le meilleur dessert goûté depuis le début de l’année, une « Tarte au citron servie autrement », dans une tasse avec la meringue la plus incroyablement suave que l’on puisse imaginer, et une crème de citron à peine acidulée : brillant ! Là-dessus une bouteille de Menetou-Salon rouge (Le grand cerf) à 28 € seulement, vif et croquant. Ajoutons un service aux petits soins et vous aurez ici dégoté le spot inconnu où tailler la route en bonne compagnie. A noter précieusement pour y revenir aux premiers nuages.

 

Bistro des gastronomes
10, rue du Cardinal Lemoine
75005 Paris
Téléphone : 01 43 54 62 40

Fermé le lundi, Buffet campagnard le dimanche

Formules Déjeuner à 22 € et 26 €
Menu-Carte à 35 €

Plus de photos du Bistro des gastronomes, ici.

C'était mon mois de Mars

Agnès Obel, fille d'harmonie

Ce premier album d’une jeune inconnue danoise chantant en anglais est une merveille. Voix limpide, piano délicat, arrangements à la sobriété sophistiquée : en écoutant ces mélodies aux humeurs mélancoliques, on pense à de grands paysages sous des cieux de nuages plombés, à des appartements vides, des regards perdus vers les lointains, des mains qui se frôlent. Un album à la grâce lumineuse. Les ados la trouvent « ennuyeuse ». C’est bon signe.

Agnes Obel – PhilharmonicsPublier
Pias Recordings – 11,99 €

 

Belle d'Avril : Erika Sawajiri

Soirée en faveur des victimes du séisme et du tsunami au Japon, le mercredi 6 avril, à la Galerie Aline Vidal, 70, rue Bonaparte 75006 Paris. Plus d'infos, chez François, là.