Tout juste sorti de Drive du danois Nicolas Winding Refn, et déjà l'envie de venir ici clamer tout le bien que j'en pense, à chaud, comme les moteurs des quelques autos qui en traversent l'écran en rugissant. Mais là n'est pas le sujet. Car Drive n'est pas un film automobile, il aurait d'ailleurs du s'appeler Driver, tant le sujet ici est la trajectoire de son personnage principal, magnifiquement interprété par Ryan Gosling. Parfois absent, parfois émouvant, parfois violent, un personnage mystérieux et captivant qui n'est jamais là où on l'attend.
Une première partie éthérée puis une accélération brutale mènent le film vers un dénouement suspendu. L'avant dernier plan, d'une longueur étonnante est magnifique et surprenant. Les séquences lentes alternent avec des explosions d'action brute (difficilement soutenables pour quelques - jolis - yeux féminins), des sentiments à peine esquissés flirtent avec la violence la plus crue. Bien sûr les voitures sont là, on y traverse Los Angeles à vive allure, on se poursuit, on s'y tue pare-choc contre pare-choc. Ryan Gosling y porte des gants de conduite que d'aucuns d'entre nous ont déjà dans leur boite à gants.
Drive c'est pour moi la rencontre de Sofia Coppola (soin esthétique, bande son de haute volée, hypnotique - remettez moi une dose de Chromatics vite ! -, ralentis et lenteurs calculées, garde-robe adaptée), Martin Scorsese (tension permanente, vieux profils mafieux, éruptions de violence animale) et Steven Soderbergh (inventivité des plans, direction de la photo impeccable et brillante dans tous les sens du terme).
Bon, bref, si vous ne l'avez pas vu, croyez-moi sur parole, Drive est un film de grande tenue, un thriller hypnotique, esthétique et inattendu, un étrange "mélange de poésie et de violence". Sans doute un des meilleurs que j'ai vus cette année.