L'autoroute défile. La lumière rose dorée du soir qui s'approche inonde les champs de la Beauce. C'est le retour du week-end. On a fermé la maison, les volets, la porte, les grilles du jardin. On s'est engouffrés dans la voiture, direction Paris. On n'ose pas trop penser aux embouteillages qui nous attendent déjà et que l'on rejoindra d'ici une heure.
On serait bien restés encore un peu. L'air était si doux. Le soir qui descendait doucement sur le jardin redevenu enfin paisible nous tendait les bras. C'était l'heure du calme retrouvé, de la lumière pâle et brillante, du dernier chant des oiseaux. L'odeur du gazon trempé d'un dernier arrosage nous a accompagnés jusqu'à la voiture.
Il est maintenant 20 heures. La météo marine nous fait baisser le son de l'auto-radio. Cromarty, Dogger, Fisher, German, Forties... On les connaît tellement bien ces évocations de mers lointaines et pourtant familières, comme une vieille poésie de Prévert. Puis le piano, on remonte le son, Jérôme Garcin, le rituel du Masque et la Plume où le silence se fait dans l'habitacle. On se sent subitement plus intelligent, cultivé. On choisit mentalement ces livres qui nous font envie et qu'on ne lira pas, les spectacles et les films qu'on aimerait voir et qu'on ne verra pas. Les choses sont ainsi et le temps passe toujours trop vite.
D'ailleurs, il est passé comme tous les autres ce week-end, mille fois trop vite. On fait le compte de ce que l'on a pas eu le temps de faire : réparer la vieille chaise du corridor, choisir la peinture qu'on utilisera pour la chambre du haut, planter l'Hortensia bleu qui traîne dans son pot depuis deux semaines, lire les journaux que l'on avait apportés tout exprès de Paris pour prendre le temps d'y jeter un oeil dans le jardin, visiter les voisins et goûter le petit Sauvignon qu'ils avaient rapporté juste pour nous...
Dans la voiture, le dimanche n'est pas tout à fait fini et la semaine n'a pas tout à fait commencé mais on recense déjà les engagements et les dîners des jours à venir comme autant de balises rassurantes, de repères chaleureux qui rythmeront le temps jusqu'au prochain week-end.
Puis le silence se fait. La voiture dont les phares sont maintenant allumés glisse entre chien et loup. On espère qu'on a rien oublié dans la maison, mais de toutes manières ce n'est pas grave, on y retourne dans une semaine.
Epatant le "Cromarty, Dogger, Fisher, German, Forties... " je ne savais même pas comment ils s'écrivaient…mais je ne suis pas certain de l'ordre. Elle ne commence pas par un "Viking" la journaliste ??? Je vais écouter attentivement la prochaine fois. Dans tous lé ka, c bon l'ortograf koa.
Rédigé par : Le Chic Geek | 09 janvier 2007 à 20:04
Je m'imaginerai bien dans une voiture, FIP à la radio et le silence autour!
Rédigé par : mm | 02 mars 2007 à 09:12