(Edit de Septembre 2007 : Restaurant remplacé par la Villa Victoria)
Petit coup de flemme ce soir – pas envie de traverser tout Paris pour dîner – et pourtant il faut y aller, ce n’est pas tous les jours que je croise L. à Paris, depuis son retour des Amériques et son atterrissage forcé à Grenoble. On ne s’éloignera donc pas trop, direction le Velly, au bas de la rue des Martyrs, au moins on pourra rentrer à pied. C’est bon pour la digestion.
Le Velly, c’est ma roue de secours en cas de trop forte tentation velléitaire, une assurance tous risques à portée de main, une garantie éprouvée de bien dîner, ce qui, je vous l’avoue, n’est pas très aventureux, mais à tout le moins reposant. D’ailleurs vous voyez ce que je veux dire, vous les connaissez bien, ces bistrots de quartier, juste en bas de chez soi, chaleureux dans l’accueil et vigoureux en cuisine qu’on visite de temps en temps, le plus souvent au débotté, pour s’assurer que tout tourne toujours aussi rond dans les assiettes.
Mais, attention ! N’allez pas croire pour autant que la paresse sacrifie l’exigence. On a ses standards, son échelle de valeurs tout de même…
Certes, ici, on ne déstructure pas, on ne molécularise rien, pas d’azote liquide dans la cuisine ou d’Hervé This sur les étagères. On ne décoiffe ni les légumes ni les clients, on ménage plutôt les produits, on les choisit avec soin, on les traite avec égards. Le registre est classique, l’approche se veut un brin décalée mais pas trop, le traitement finalement bien maîtrisé. C’est propre et bien travaillé, net et sans bavure.
Une devanture rougeoyante donc, boiseries et verre gravé, un style années 30, carrelage et chaises de bistrot, deux petites salles aux murs chaleureux, la première navigue entre bar et cuisine – l’affluence bon enfant, l’animation de quartier sont ici-bas – le calme, lui, s’est réfugié à l’étage. Tout comme nous.
Au Velly, l’ardoise ne dort jamais que d’un œil, la carte variant au gré des saisons, des semaines et des jours car c’est l’économie du marché qui règne ici !
Le service est alerte et chaleureux. On apporte le pain de campagne maison et c’est le bonheur à la française, des tranches sombres, délicieuses, à la croûte craquante comme un coup de canon d’Austerlitz et la mie aérée comme un jupon de french-cancan. Une grande réussite que bien des maisons de meilleure réputation pourraient envier.
Nous débutons les hostilités par les « Croquettes de pied de porc », bien tournées, avec ce qu’il faut de croustillant et de gras, que titillent quelques grains de gros sel et une frisée accessoire. Dans la belle carte des vins qui favorise les vins de propriétaire et les découvertes de terroirs alternatifs (Cairanne de Richaud, Chinon de Lenoir, Côtes du Rhône naturel de Gramenon…) notre choix s’est porté sur un Morgon de Marcel Lapierre (2005 – 28 €) facile, agréable, à la robe d’un grenat profond et au léger goût de cerise.
On parle voyage en Italie, de scooters, du rare Lambretta 200 cm3 de 1969, au bruit de moteur si caractéristique, qu’on aimerait bien s’offrir pour échapper aux embouteillages et prendre d’assaut aux beaux jours la Place de la Concorde comme la Piazza del Popolo.
On hésite ensuite sur le « Ris de veau rôti et salsifis à la crème », on délaisse le « Blanc de Bar poché » pourtant alléchant et l’unanimité de la table se fait dans le désir d’un « Cochon de lait grillé au thym ». Il arrive flanqué de sa purée de céleri, crémeuse, morcelée et docile. On se délecte du craquant de la peau du cochon, volcanique, noircie, craquelée comme une coulée de lave, pour découvrir enfin en sous-sol une viande fondante à souhait dont la saveur est relevée en douce de l’ail en chemise planqué dans l’assiette. C’est sûr, Alain Brigant connaît son affaire et n’a rien perdu de son temps passé au Bristol ou chez Fauchon !
Alors, l’indolence goûteuse des plats aidant, la conversation prend un tour notarial – Balzac n’est pas loin – car, vous le savez bien, l’immobilier parisien est une folie collective sans espoir d’apaisement qui suscite bien du bavardage…
Puis épuisés, vaincus, l’appétit abandonné en rase campagne, on oubliera le dessert, tant pis pour la « Crème caramel au thé », le « Carpaccio d’ananas à la coriandre » ou le « Pain perdu, sorbet à la poire » qui nous faisaient de l’œil depuis l’ardoise.
C’est la fin de la partie, l’addition affiche 44 € par personne au compteur. A ce prix-plaisir-là, on reviendra encore, c’est sûr, à pieds ou en Lambretta, peu importe.
Le Velly
52, rue Lamartine
75009 Paris
Téléphone : 01 48 78 60 05
Menu à 23 € (Déjeuner) et 31 €
Compter entre 40 € et 50 € par personne
Mmmmmmmmh j'adore le cochon de lait... (PS près de chez moi il y a un petit village qui s'appelle Piétrain, qui produit le meilleur "cochon" lequel a d'ailleurs une appellation contrôlée "le cochon de Piétrain" ! Je suppose que tu t'en fiches ;))) mais il se pourrait que tu en retrouves un jour dans un de tes restaurants !
Mais pour en revenir à nos "moutons", j'adore les ris de veau, le (bon) pain, le bon vin...
Une nouvelle fois tu m'as mise en appétit !
Sur ce je pars chez mon fournisseur, et vais m'arrêter chez mon petit épicier chercher une belle et bonne baguette garnie pour ce midi ! Pffff le dure réalité de la vie... ;)
sur ce bonne journée à toi !
Rédigé par : poutchi | 05 mars 2007 à 10:43
tu es un anti coupe-faim!!
Rédigé par : Frogita | 05 mars 2007 à 11:46
Poutchi > C'est où Pietrain ? Je ne connais pas mais je ne m'en fiche pas !
Frogita > Il ne faut pas lire ce genre de billet juste avant le déjeuner, allons ! ;-)
Rédigé par : Thierry | 05 mars 2007 à 14:52
ravie de cette nouvelle idée de restaurant, d'autant que j'habite dans le même quartier que toi (donc je dois aussi aller découvrir la boutique Jo. - en plus c'est le surnom de mon fils, bon ça on s'en fout complètement...)
bref, il va falloir que je trouve une baby sitter et que j'invite mon amoureux rue lamartine, youpiiiiiiiii :)
Rédigé par : solenne | 05 mars 2007 à 19:34
Enfin obtenu mon passeport de sortie de mon arrondissement, ça fait pas mal de temps que je n'ai pas été à la découverte de nouveaux lieux, oui moi la gourmande c'est étonnant, alors, merci pour ces adresses qui j'en suis sur sont sures !
Rédigé par : Gourmande | 05 mars 2007 à 21:03
etrange mais ce n'est pas solenne qui a posté le commentaire précédent mais gourmande, comme c'est étrange !!! mais bon j'ai mon passeport alors je m'en fous
Rédigé par : Gourmande | 05 mars 2007 à 21:04
Le Velly, toujours plein si on a pas réservé,je m'y suis souvent fait prendre. Dès que je vois les salsifis chez eux, je fonce : ce sont des salsifis frais, amoureusement pelés, de quoi se réconcilier avec cet ingrat !
Rédigé par : Ester | 05 mars 2007 à 22:01
Solenne > Tu ne seras pas déçue je pense.
Gourmande > Merci de ta confiance. C'est encourageant ! Je continue la traque des bonnes adresses. Dans tous les arrondissements alors ? ;-)
Ester > Tu as raison de préciser, il vaut mieux réserver. Ou au moins passer un coup de fil avant d'y aller...
Rédigé par : Thierry | 05 mars 2007 à 22:42
> gourmande : le nom de la personne qui écrit est sous le comm' ;P
Rédigé par : solenne | 05 mars 2007 à 23:13
ça se trouve en Belgique, c'est un tout petit village mais vraiment réputé pour ça.
Deux de mes restaurants préférés en servent souvent, et je dois dire que j'adore ça !
Piétrain, près de Jodoigne, à 15km de chez moi ;)
bonne journée !
Rédigé par : poutchi | 06 mars 2007 à 09:48
De toute manière la "néo-cuisine", la "cuisine moléculaire", c'est sympa cinq minutes, et ca fait toujours son effet lorsque l'on veut inviter une fille que l'on compte séduire. Mais ca devient vite "chiant".
à bientôt
cordialement.
Rédigé par : Y. | 06 mars 2007 à 20:27
Je viens de découvrir ton blog, et je n'ai qu'un mot BRAVO !
Je n'ai qu'un regret : ne pas habiter Paris pour découvrir tous ces merveilleux endroits que tu décris.
Mais à l'occasion d'un séjour parisien, je sais ou venir chercher les bonnes adresses.
a très bientot
Rédigé par : zaza | 07 mars 2007 à 11:00
Y., Zaza > Bienvenue ici !
Y. > Comme toute chose, la cuisine moléculaire (j'y reviendrai) il ne faut pas en abuser mais cela peut être vraiment délicieux et ludique.
Zaza > Merci du compliment Zaza ! Cela me touche. Vivement une escapade à Paris alors...
Rédigé par : Thierry | 07 mars 2007 à 22:46
Je ne connaissais pas du tout... merci! ;-)
Rédigé par : peggy | 07 mars 2007 à 23:06
Le Morgon de Marcel Lapierre, on le trouve que chez les bons, une source sûre. Par contre, tu es passé à côté du pain perdu et ça, il faut y remédier. On va finir par se croiser ! Pas chez BE, ça j'ai bien compris ;-)
Rédigé par : Caroline M | 09 mars 2007 à 16:45
Bonjour.
De ballade en ballade nocturne sur la blogsphère, j'ai découvert votre blog. Une vraie mine d'or pour la parisienne que je suis avec toutes ces adresses et ces bons conseils ! Je vous mets directement (avec votre accord) dans ma liste des préférés. Si cela vous dérange, je peux vous y enlever mais avec regrets! J'attends avec impatience le prochain post.
Bonne journée ensoleillée.
Flower
Rédigé par : Flower by Kenzo | 10 mars 2007 à 12:09
C'est très gentil tout ça. Merci, merci.
Rédigé par : Thierry | 14 mars 2007 à 16:26
Ah, le cochon grillé arrosé par Lapierre, pas à dire, ça fait rêver. On en a conçu un petit tsunami salivaire. Cool billet, bravo.
Rédigé par : Estèbe | 17 mars 2007 à 11:57
merci pour ce bon tuyau !
pour le Lambretta 200 1969, le mieux est de placer une alerte électronique sur eBay ( "tous pays" ) pour être alerté parmi les premiers
Rédigé par : JAMES CARREYRE | 17 mars 2007 à 17:50
James, Jérôme > Bienvenue ici (c'est la journée des J) ! Jérôme, mille merci pour le commentaire, je sais ce qu'il vaut et n'en suis pas peu fier...
Rédigé par : Thierry | 17 mars 2007 à 19:51
excellente adresse effectivement
ne pas oublier non plus Chez Jean qui se trouve à deux pas
Rédigé par : esther | 06 juin 2007 à 12:22