Les filles insouciantes en jupes vaporeuses sous le soleil cela va bien pour les sens, mais l'esprit, lui aussi, réclame sa part d'attention. Alors aujourd'hui, c’est décidé, on parle littérature.
Si, comme moi et des milliers d'autres lecteurs, vous avez découvert Muriel Barbery avec « L'élégance du Hérisson » (Gallimard), le roman incontournable de ces derniers mois, sachez que vous pouvez à peu de frais prolonger le plaisir de cette délicieuse écriture, de cet humour un brin décalé et de ces histoires pleines d’une discrète intelligence, en vous procurant son premier roman, "Une Gourmandise", un nom prédestiné aux Chroniques du Plaisir…
Paru en 2000, prix du Meilleur Livre de Littérature Gourmande la même année, voici comment Muriel Barbery présente cet ouvrage sur son propre blog :
« C’est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n’en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d’une saveur qui lui trotte dans le coeur, une saveur d’enfance ou d’adolescence, un mets originel et merveilleux dont il pressent qu’il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli.
Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools… Il se souvient - et il ne trouve pas. Pas encore. »
Vous comprendrez que l’envie de l’acheter m’ait sauté au cou. Ce que j’ai fait. Le livre est là, je l’ai ouvert et je partage avec vous sa première page.
Pour la suite, c’est chacun pour soi.
« Quand je prenais possession de la table, c’était en monarque. Nous étions les rois, les soleils de ces quelques heures de festin qui décideraient de leur avenir, qui dessineraient l’horizon, tragiquement proche ou délicieusement lointain et radieux, de leurs espoirs de chefs. Je pénétrais dans la salle comme le consul entre dans l’arène pour être acclamé et j’ordonnais que la fête commence. Qui n’a jamais goûté au parfum enivrant du pouvoir ne peut imaginer ce soudain éclaboussement d’adrénaline qui irradie tout le corps, déclenche l’harmonie des gestes, efface toute fatigue, toute réalité qui ne se plie pas à l’ordre de votre plaisir, cette extase de la puissance sans frein, quand il n’y a plus à combattre mais seulement à jouir de ce que l’on a gagné, en savourant à l’infini l’ivresse de susciter la crainte.
Tels nous étions et régnions en seigneurs et maîtres sur les plus grandes tables de France, repus de l’excellence des mets, de notre propre gloire et du désir jamais assouvi, toujours aussi excitant que la première piste d’un chien de chasse, de décider de cette excellence.
Je suis le plus grand critique gastronomique du monde. Avec moi, cet art mineur s’est haussé au rang des plus prestigieux. Tout le monde connaît mon nom, de Paris à Rio, de Moscou à Brazzaville, de Saigon à Melbourne et Acapulco. J’ai fait et défait des réputations, j’ai été, de toutes ces agapes somptueuses, le maître d’œuvre conscient et impitoyable, dispersant le sel ou le miel de ma plume aux quatre vents des journaux, émissions et tribunes divers où, sans répit, j’étais convié à discourir sur ce qui, jusque-là, était réservé à l’intimité de revues spécialisées ou à l’intermittence de chroniques hebdomadaires. Pour l’éternité, j’ai épinglé sur mon tableau de chasse quelques-uns des plus prestigieux papillons de la toque. A moi et à moi seul on doit la gloire puis la chute de la maison Partais, l’effondrement de la maison Sangerre, le rayonnement toujours plus incandescent de la maison Marquet. Pour l’éternité, oui, pour l’éternité je les ai faits ce qu’ils sont. »
Une Gourmandise
Gallimard
145 pages - 12,50 €
Blog de Muriel Barbery : http://muriel.barbery.net/
Jolies filles et jupes vaporeuses, forcément, j'apprécie......
Rédigé par : Generation Rose | 27 avril 2007 à 18:54
J'ai lu les deux romans de Muriel Barbery : Sa plume est drôle, mais aussi subtile, délicate, attentionnée, comme elle.
Rédigé par : wamanda | 04 mai 2007 à 11:54
J'ai découver Muriel Barbery par le livre "la gourmandise". J'ai adoré le style d'écriture mais je n'ai pas pu lire jusqu'à la fin. Je m'ennuyais. Attirée par sa plume légère, drôle, subtile, j'ai récidivé (contrairement à mon habitude) et j'ai lu "l'élégance du hérisson". J'ai adoré...
J'ai voulu faire découvrir à mon mari (qui n'aime pas beaucoup les romans, il est vrai). Il m'a dit qu'il n'avait pas du tout accroché et que même, il ne comprenait pas grand chose...
Rédigé par : Thaïs | 10 mai 2007 à 21:24
J'ai lu ce roman aussi avec grand plaisir, je vois que ce plaisir est très partagé, y compris par les amateurs de bonne chère !
Rédigé par : Schlabaya | 06 février 2009 à 15:55