On l’a porté aux nues. Cité en exemple du rebond de la cuisine française, talentueuse et accessible. On l’a, à son corps défendant, propulsé chef de bande, précurseur, visionnaire. On lui a trouvé une formule (la cuisine gastro à prix bistrot, du jamais vu avant) et de jeunes émules (Breton, Jego, Danière et bien d’autres). Yves Camdeborde, du Crillon à la Régalade, des ors du 8éme aux profondeurs du 14éme, est devenu en quelques années le grand commandeur de la « bistronomie », une statue qu’il juge aujourd’hui bien trop grande pour lui. Lui qui ne souhaite que cuisiner et continuer à plaire à sa clientèle d’habitués et de gastronomes du monde entier.
Ainsi donc, il y a quelques mois maintenant, après avoir défrayé les chroniques des gazettes et affolé les guides « old-school » avec le succès inattendu de la Régalade et de sa potion magique de cuisine de 3 étoiles à moins de 50 €, Yves Camdeborde décide soudainement de changer de braquet. Il quitte l’avenue Jean Moulin, pousse le grand plateau et franchit finalement la ligne d’arrivée place du carrefour de l’Odéon. Là il reprend un hôtel et le restaurant attenant, refait la déco, charge la caverne d’Ali baba d’œuvres d’art et remet les compteurs de la cuisine à zéro au Comptoir du Relais.
Alors, on a voulu juger de la permanence de son talent, pour un dîner en galante compagnie – Camdeborde, ça va, je ne devrais quand même pas prendre trop de risques...