En 1880, Pierre Loti, l’écrivain voyageur, futur académicien, publie « Rarahu, Idylle Polynésienne » (qui sera renommé « Le Mariage de Loti » deux ans plus tard). Ce court roman exotique, partiellement autobiographique, relate une histoire d’amour tragique entre un jeune officier de Marine, Harry Grant et une Vahiné, Raharu, « petite créature qui ne ressemblait à aucune autre (...) type accompli de cette race maorie qui peuple les archipels polynésiens et passe pour une des plus belles du monde (...) d'une petite taille admirablement proportionnée; sa poitrine était pure et polie, ses bras avaient une perfection antique ». Malheureusement cette romance est rendue impossible par la différence des cultures et s’achève par un drame, Harry Grant regagnant l’occident, et Raharu, abandonnée, mourant de chagrin.
Proust, Anatole France, Ernest Renan, Van Gogh, tous saluent la qualité de ce livre et s’enivrent d'un Tahiti « où tout est fait pour le plaisir des sens et la satisfaction des appétits matériels (…), terre d'éternel printemps, toujours riante, poétique, pays de fleurs et de belles jeunes femmes. »
Devant un tel triomphe, le compositeur Leo Delibes et ses librettistes Edmond Gondinet et Philippe Gille décident de s’inspirer du Mariage de Loti et d’en transposer l’intrigue au fort potentiel dramatique dans l’Inde du XIXème siècle pour en faire un opéra en 3 actes : Lakmé. Celui-ci sera joué pour la première fois à l’Opéra Comique en avril 1883 et connaîtra également un réel succès.
En voici mon extrait favori, le « Duo des Fleurs », d’une exquise délicatesse, tout en grâce et en légèreté, un pur moment de bonheur mélodique.
Mais je suis sûr que cela vous dira quelque chose…