De toutes les stations de sports d’hiver un tant soit peu courues, Val d’Isère est sans doute la seule qui ne jouit pas d’une réputation gastronomique à la hauteur de son domaine skiable et de sa réputation internationale. Si effectivement aucun grand chef étoilé n’a aujourd’hui encore investi à Val d’Isère, comme le fit Marc Veyrat à Megève (aujourd’hui reparti) ou Pierre Gagnaire et Enrico Bernardo à Courchevel, il existe pourtant, pour qui sait marcher le nez en l’air et fouiller un peu, quelques bonnes adresses pour y conjuguer agréablement l’après-ski.
Pierpauljack
Dans le cadre de l’hôtel Aigle des Neiges, en plein centre de la station, un triple espace qui met le design contemporain à la mode montagnarde. Par montagnard, entendez un choix de matériaux naturels, le bois clair omniprésent, des tabourets de bar en peau de vache et de mouton du plus joli kitsch-chic, une cheminée dans un âtre de pierre grise. Pour le reste, le design est très largement inspiré des maîtres scandinaves, lignes courbes et formes épurées.
Le Jack c’est le bar, un grand mur de lumière rouge, de profonds fauteuils, une belle clientèle blonde et cosmopolite, une mini-carte de tapas et la coupe de Champagne brut à 15 €. Le Pier, joli restaurant simplissime essentiellement fréquenté par les clients de l’hôtel en demi-pension, n’a pas grand intérêt. Le Paul, en revanche, c’est la version gastronomique, la piste rouge de l’appétit en altitude à Val. Un décor très largement inspiré du style Starck, fauteuils transparents Louis Ghost, appliques translucides, lustres à pampilles contemporains. Une salle de taille modeste, une cinquantaine de couvert tout au plus, plongée dans une douce pénombre (dommage pour les photos). Des tables de bois sombre, des chemins de tables en lin, de jolis verres tulipe, des couverts originaux au design tout scandinave, aucun doute, rien n’a été laissé au hasard dans la présentation. La carte est relativement courte et se pose en rupture avec le patrimoine gastronomique savoyard : Risotto onctueux de coquillages et de copeaux de tomme des Bauges (16 €), Omble Chevalier des lacs, carottes jaunes glacées et pommes croustillantes (22 €), Pavé de biche à la plancha, sauce aux myrtilles, légumes racine cuits au jus (25 €), Jarret de veau longuement braisé caramélisé au four, purée de rattes, huile d’ail (24 €), Macaron à la myrtille sauvage, crème glacée fromage blanc (11 €), Tiramisu de pain de gêne, sorbet thym-citron (11 €). L’idéal, si vous n’êtes pas monomaniaque, c’est d’accompagner vos plats de vins au verre (jolis découvertes, laissez vous guider), facturés avec une relative douceur (entre 5 et 6 €). Ce n’est pas bien sûr de la cuisine de haute voltige mais elle assure tout à fait convenablement sa tâche, sans rechigner et avec bonté, pour nous tirer un peu l’appétit hors de la tartiflette…
Notons également un service très agréable au restaurant, jeune, disponible, compétent sur les choix de vins et bilingue (c’est la moindre des choses ici), un peu plus distant au bar.
PierPaulJack
Hôtel Aigle des Neiges
Place de l’Eglise
73152 Val d’Isère Cedex
Téléphone : 04 79 40 10 40
http://www.pierpauljack.com/
Compter entre 50 et 60 € par personne
La Luge
C’est le restaurant de spécialités savoyardes tel qu’on le rêve. Une grande salle toute de bois tapissée, au plafond bas de lambris, une décoration montagnarde de bon ton que Madame Figaro et Marie-Claire Maison ne désavoueraient pas, une banquette de coussins aux tissus épais et chauds, des éclairages indirects de jolies petites lampes dans tous les coins, des nappes à carreaux rouge et blanc, tout ici respire le réconfort chaleureux de l’après-ski. La carte s’organise bien évidemment autour des plats traditionnels savoyards, Fondue Savoyarde (22 €), Raclette au Lait Cru, Raclette fumée (26 €), Tartiflette (21 €), mais propose aussi d’autres plats ayant moins les pieds enracinés dans le terroir montagnard, comme le Filet de bœuf Montbéliarde, le Pot-au-feu-os-à-moelle ou les volailles fermières (très belle rôtisserie pour les amateurs) si le fromage n’est pas franchement votre tasse de thé. Les fondues et raclettes sont servies pour un minimum de deux personnes mais quoi qu’il arrive, vous n’en viendrez pas à bout, tant les proportions sont indulgentes, la salade (jeunes pousses et tomates cerise, très bien assaisonnées, c’est rare) et les pommes de terre sont en accompagnement à volonté. La tartiflette arrive dans un caquelon géant. C’est la meilleure surprise de la soirée, pommes de terre fondantes, légère saveur douce de l’oignon, reblochon bien balancé, lardons généreusement disposés, un étonnant délice. La fondue n’est pas en reste non plus et la raclette, énorme, servie à l’ancienne en demi-lune, avec de nombreuses charcuteries de pays au goût prononcé et vif vous laissera pantelant, sur le bas côté. Autant dire qu’il est fort peu probable que vous preniez un dessert après un tel déluge.
Petit bémol, la carte des vins, relativement chère et peu garnie pour qui veut s’extraire des traditionnels vins savoyards, Apremont, Chignin et autres Mondeuse. Très bon point en revanche du service jeune, pétillant et plus qu’aimable.
La Luge
Hôtel Le Blizzard
73150 Val d’Isère
Téléphone : 04 79 06 69 39
Compter entre 30 et 40 € par personne
Réservation indispensable
Le bar du Blizzard
C’est mon endroit préféré à Val d’Isère pour boire un verre en soirée, mais ne le dites à personne ! Imaginez un salon de chalet de luxe, lambris et murs de bois chaleureux, plafond aux poutres blondes apparentes, cheminée de pierre brute, moquette profonde, éclairages en demi-teinte, et partout des petits coins de canapés et fauteuils aux tissus épais de motifs montagnards, comme sous les toits. On s’installe entre amis ou en amoureux, on se love dans un coin de canapé, profitant d’une luge ancienne transformée en grande table basse pour y accueillir une coupe de champagne (12 €), un verre de vin blanc (très bons Sancerre et Chablis, 8 €) ou plus traditionnellement un vin chaud aux entêtantes effluves de cannelle et girofle (6 €). Et si d’aventure l’envie vous prenait de commander un Ice Tea, on vous précisera qu’il est fait maison, à base de Darjeeling, avec quelques feuilles de menthe, un trait de sirop de pêche et une cerise confite en escapade inattendue. Impossible dès lors de ne pas voir naître une irrésistible envie de s’attarder ici, de se pencher un peu plus près vers son oreille, de frôler sa main…
La clientèle est un peu triée sur le volet, celle de l’hôtel bien sûr avec son lot inévitable d’anglais excentriques et aisés, mais aussi quelques connaisseurs, heureux jouisseurs de cette adresse qui ne s’échange qu’entre initiés.
Téléphone : 04 79 06 02 07
Le bar du Blizzard ne m'excite pas, ne me fait pas rêver, il me fait fantasmer! Et alors...Val d'isère remplit les 3 charmes du triangle du diable, pour les initiés! C'est très beau tout ça, parfaitement et aimablement écrit!Quel talent, je te le dis tu es wahou!
Rédigé par : Sand | 07 mars 2008 à 14:15