L’appétit joue parfois les ballerines. Surtout lorsque les beaux jours nous ramènent au paradis des déjeuners le nez au vent. On les connaît bien ces moments qui précèdent l’été et où la légèreté qui flotte soudainement dans l’air rétrécit l’estomac et précipite les nuages au fond du court. Juste une envie de s’attabler en belle compagnie, échanger des propos futiles de saison et picorer du bout des doigts. Flotter au dessus de l’assiette et retrouver les prémices des grandes chaleurs.
Alors on s’en retourne vers les tables ignorées durant les trop longs mois de frimas. On espère les chaises de jardin, les tables dressées sous l’azur, les filles aux jupes raccourcies et aux épaules indécentes. On veut de la douceur, des nourritures solaires, simples et nues. On veut de l’accessoire. Et en balayant le labyrinthe des petites faims, on finit toujours, à un moment ou à un autre, par repasser chez Da Rosa.
Da Rosa, c’est sous le prétexte d’une épicerie d’exception, une cantine chic qui déploie sa très belle terrasse dans un coin calme de la rue de Seine. Une devanture toute de noir et d’or, un rez-de-chaussée en comptoir et étagères, où s’empilent les jambons et s’exhibent conserves et flacons, puis un escalier de fer forgé, et un étage paisible comme un Paris trop matinal, avec ses banquettes de velours rouge comme à la Scala et ses tables rondes noires vernies et cerclées d’or offrant chacune leur obole de fleurs fraîches. Votre belle ne peut que tomber sous le charme de tant de délicatesse !
Quant à l’assiette, pas d’inquiétude. Elle est à l’image des lieux, de bon goût. Elle a du savoir-vivre, du doigté et de la finesse, elle comblera les mini-appétits féminins et respectera avec admiration la courbe délicieuse des ventres plats. Elle ira puiser dans les retours de voyages de José da Rosa les petites bouchées sans histoires d’un pique-nique de luxe.
Comme avec ce simplissime « Pan con tomate » (6 €), une variation autour de la bruschetta, demi-tranches de pain Poilâne grillées, recouvertes de tomate concassée, arrosée d’un filet d’huile d’olive, avec feuilles de basilic frais et gros sel à disposition. Un vrai bonheur de franchise et de rectitude, une bouffée estivale aux réminiscences toscanes. Ou ce « Club Sandwich au jambon Bellota » (16 €). Quatre mini-club sandwichs triangulaires se partageant l’assiette et superposant en couches successives, émincé de sucrine, tomate concassée (encore), jambon Bellota, le tout surmonté d’une fine rondelle de Chorizo frit et accompagné d’une salade de sucrine à assaisonner soi-même servie en quartiers. C’est frais, croquant, vif, sans autre prétention que de mettre en valeur sans façon de très beaux produits.
Ajoutez au tableau une tout aussi judicieuse sélection de vins lointains, à l’image de ce vin chilien, « El Grano », Carménère 2006, à la robe d’un rubis intense, joliment mise en valeur par un verre ample aux hanches larges, un goût tout en rondeur, en fruits et épices qui vous emplit la bouche comme une cathédrale.
Alors c’est vrai qu’ici on ne cuisine pas vraiment (ou si peu). Que la beauté, le talent sont tout entiers dans les produits d’exception qu’on y sert et pas dans la maestria d’un chef de premier rang.
So what ? Il n’y a pas de mal à se réjouir de temps en temps d’une simple dinette chic et légère. D’une cantine classieuse.
Da Rosa
62, rue de Seine
75006 Paris
Téléphone : 01 40 51 00 09
Ouvert tous les jours
Menu Déjeuner 21 € (en semaine)
A la carte, comptez entre 20 € et 40 €
Plus de photos de Da Rosa, ici.
Cette terrasse qui donne sur la rue me donne tout de même envie...
Rédigé par : rosalie lam | 09 juin 2008 à 20:21
un très bel endroit
de très beaux produits
un très beau quartier....
so what ? en effet, que demander de plus !
Rédigé par : Françoise Leclercq | 10 juin 2008 à 08:40
Moi c'est le genre d'endroit qui me parle... ça ressemble un peu au bonheur en tout cas.
Rédigé par : Kaplan | 10 juin 2008 à 11:45
Je rajouterai bien un trèfle à 4 feuilles entre les sillons de la fourchette!
Rédigé par : Sand | 10 juin 2008 à 13:58
Et puis aussi un tchin avec toi...;) avec une orange pressée, ainsi va la métamorphose de la tulipe en "c'est".Jolie vitamine azimut C en Rosa Orange!
http://fr.youtube.com/watch?v=b-h5KmmNUCo
Rédigé par : Sand | 10 juin 2008 à 14:02
Ouf, j'ai eu peur... Parce que chez moi non plus, pas de cuisine. Enfin, c'est prévu comme ça...
Rédigé par : armel | 10 juin 2008 à 14:17
Ah...! j'y reviens ...mais cela me rappelle de si bons moments, quand j'habitais tout près,rue Jacob...maintenant je suis un peu plus loin...mais dès que "je monte à Paris" ...(oh mon Dieu! )mes premiers pas sont pour ce cher quartier !Merci de le mentionner et de me faire frémir ...encore !
Rédigé par : Françoise Leclercq | 11 juin 2008 à 21:49
Oula Oula qui va là? Mais qui est Françoise Leclercq, encore oui!C'est vrai que c'est du+, mieux encore que les baraques à frite ces petits bijoux de quartier de Paris!
Rédigé par : Sand | 12 juin 2008 à 11:48