L’air était doux et suffisamment léger pour insuffler lentement dans nos caboches printanières sa petite envie de dîner dehors.
Elle respirait joliment dans ses vapeurs de Cristalle, son corps tout entier prenait de la hauteur comme un bourgeon qui se déplie sous la chaleur des jours nouveaux. Les femmes ont toujours ce je ne sais quoi qui semble les faire revivre sous un ciel sans nuage. L’œil qui scintille, les jambes qui s’allongent autant que les jours, les toilettes qui tombent leurs feuilles et rétrécissent la vue des hommes.
Un premier dîner ensemble en terrasse, ce printemps, pas envie d’avaler des kilomètres de pavés, juste de filer doux sous les arbres, ce serait donc un rendez-vous au Restaurant du Palais Royal. Le type d’établissement qu’on ne fréquente que sous le soleil, de préférence avant les pesantes chaleurs de l’été parisien, quand les vapeurs du jour sont encore bienveillantes et les soirées distillent une agréable fraîcheur.
Le Palais Royal est un quartier au charme particulier, il s’en dégage une élégance intemporelle, triée sur le volet des galeries sans âge, des grilles aux lances dorées et des pierres patinées, trouvant sa respiration sous les frondaisons d’un vert jardin. L’arpenter c’est sentir battre le cœur sensible de Paris.
Mais de cœur, c’est un autre que je voulais toucher ce soir là. Badiner selon l’usage, laisser s’envoler la conversation sans chercher à la retenir, descendre d’un œil la courbe de ses épaules, perdre son regard autour de ses longs doigts de pianiste, ornés de cette bague-fleur que je lui avais offerte lorsque nous étions encore des amants.
Le moment fut exquis, l’assiette convenable, sans grande envolée qui vous dilate les papilles, mais dans une mise toujours impeccable, d’un rouge éclatant avec une Crème de tomate glacée, œuf en surprise et bacon (12 €), d’un vert brillant de saison avec le Risotto vert, tout vert et vert (18 €) ou d’un blanc de nacre aristocratique avec le Bar grillé servi entier (30 €). Pas de quoi s’époumoner pendant des lignes, certes, mais cela suffisait à notre plaisir. Quand la cuisine tangue un peu, que le service flirte avec l’approximatif, il faut parfois savoir composer, déplacer le centre de gravité de la soirée vers l’inclinaison du moment, se remémorer l’essentiel. L’air du soir qui peu à peu éteint les arbres, le Chablis dans le seau à glace en version Prince Jardinier, la terrasse sous les parasols rayés de gris souris et un certain sourire.
Sans oublier la gracieuse déflagration d’une robe à pois Jérôme L’Huillier débarrassant notre table, ce qui, avouez-le, n’est pas si courant. Le charme du Palais Royal vous dis-je.
Le Restaurant du Palais Royal
110, galerie de Valois
75001 Paris
Téléphone : 01 40 20 00 27
Fermé le dimanche
A la carte, comptez entre 40 € et 50 €
Plus de photos du Restaurant du Palais Royal, ici.
Le Palais Royal est un des lieux parisiens que j'ai eu la chance de connaître avec mes parents très jeune. Et le plus beau moment que j'ai vécu à cet endroit, c'était un concert de musique baroque, l'été à la tombée de la nuit. Inoubliable.
Les restaurants je ne les ai jamais essayé, sans doute les à priori.
Bonne soirée
Rédigé par : louison | 26 juin 2008 à 23:17
Ce crystal de nacre compose toutes les feuilles du palais des miracles : tes mots, merci tes mots Gentleman !Voici donc ce son de Diamantaire;)sur le dessin de tes terres royales!
http://fr.youtube.com/watch?v=DQx6KyFZ9B0
Rédigé par : Sand | 27 juin 2008 à 09:36
si tu parles aussi poétiquement que tu écris elles doivent toutes se pâmer... :-)
Rédigé par : Thaïs | 30 juin 2008 à 00:21
Il y a plusieurs restos, tu parles duquel ? Celui à côté du théâtre ? Vers chez Didier Ludot ?
J'aime bien le salon de thé, et sinon en face, il y a un café à la terrasse appréciable.
Christalle, c'était mon parfum d'adolescente.
Rédigé par : rosemary | 30 juin 2008 à 17:08
Louison > Quel bonheur cela doit être d'écouter de la musique sous les arbres du Palais Royal !
Sand > Merci !
Thaïs > Malheureusement, je crains d'être meilleur à l'écrit qu'à l'oral...
Rosemary > Comment t'expliquer ? Quand tu regardes le jardin avec les colonnes de Buren dans le dos, c'est dans le coin, tout au fond à droite. Ah le miracle des adolescences féminines...
Rédigé par : Thierry Richard | 01 juillet 2008 à 14:29
Ah oui je vois, c'est là où j'aime bien prendre des cafés l'après-midi ! entre le déjeuner et le diner, donc... Je vais rompre un mythe je crois, mais l'adolescence n'est pas miraculeuse ...
Rédigé par : rosemary | 02 juillet 2008 à 16:14
Bel article mais... je suis déçue par l'annonce des prix (n'aurait-il pas mieux valu les citer plus tard ? voire pas du tout), je trouve cela un peu déplacé, d'autant plus que votre texte est plutôt évocateur, suggestif et témoigne d'une très belle humeur libertine.
Un mot retient particulièrement mon attention féminine, celui de "défragration". Superbe sortie !
Rédigé par : Flora | 04 juillet 2008 à 16:10
Avis aux lecteurs de cet article : ayant, récemment, testé à deux reprises ce doux lieu, mon conseil est de s'y attabler pour le repas du soir lorsque le chantier de rénovation situé à côté éteind ses bruyantes armes.
Rédigé par : intra-entreprise | 25 juillet 2008 à 14:44