Je ne suis pas toujours très regardant. Disons plutôt que je fais parfois confiance. Oh, pas comme ça dans l’absolu, les yeux fermés et la bouche en cœur, mais bon, après la période de probation, quelques preuves de bon goût et d’attirances communes, je lâche la bride. A F. par exemple.
F. est mon ami des petits matins. Celui qui me trimballe dans tout Paris à la découverte des petits déjeuners de la capitale. La règle constituée sur le tas est simple : nous ne nous voyons jamais l’après-midi (ni pour le déjeuner d’ailleurs) et c’est toujours lui qui choisit l’endroit, je fais confiance à son passé et sa connaissance pointue des mondes sucrés. Parfois il me fait découvrir des lieux qu’il affectionne tout particulièrement, parfois nous dérivons. Comme pour ce rendez-vous à La Païva, une nouvelle adresse à la mode du bas des Champs-Elysées, ouverte par l’équipe du Baron fin juillet, histoire de voir de quoi il retourne et de tâter d’un lieu de nuit au petit matin.
Chacun ses lubies. Nous, nous aimons bien les contre-pieds.
Nichée dans un superbe hôtel particulier et déroulant son immense terrasse jusqu’à l’avenue, La Païva s’affale dans la démesure. Le décor hésite entre kitsch et luxe, déploie ses pourpres, ses rouges éclatants, ses noirs profonds et ses étoiles peintes aux bas plafonds. Dans cette cave dorée où trône au bas d'une série d’escaliers un immense bar comme une ultime porte vers les enfers, le mobilier invite à l’indolence et à une certaine forme de décadence alanguie, les fauteuils sont bas et profonds, les tissus de fleurs cramoisies, les murs se couvrant de rouges matelassés comme aux plus belles heures des bordels du Second Empire. Avec une note assez profonde et séduisante de Russie éternelle, aux vapeurs de Saint-Petersbourg, Anna Karénine et descente de cosaques.
Drôle d’endroit pour un petit déjeuner ? Oui, sans doute. D’autant plus que le service matinal est en roue libre, on nous apporte des expressos au lieu de cafés allongés, on commande des croissants qui arrivent sur la table transformés en pains au chocolat (une fois les petits pains renvoyés, ils se révèleront convenables ces croissants, avec ce qu’il faut de gras et de croquant mais manquant cruellement de ce chaud moelleux dont on raffole), et il faudra renvoyer la note trois fois avant de pouvoir payer le bon prix… Les aléas d’une adresse en démarrage ? On va dire ça. Mais ces fausses notes pèsent tout de même sur nos épaules et agacent, surtout en regard de la facturation élyséenne pratiquée ici (l’Expresso à 5,50 € tout de même).
Le décalage de cette matinée est finalement assez brutal. Y prendre un petit-déjeuner, pourquoi pas, mais alors sur la terrasse (bruyante). Y dîner ? Seulement si vos finances vous assurent des fins de mois d’oligarque (comptez un billet de 80 €). En fait, voilà la vérité du lieu, on s’y verrait plutôt au bar le soir, un peu éméché, à vider des litres de vodka en caressant des jambes ukrainiennes.
Décidément, il faudra revenir. Plus tard. Beaucoup plus tard.
La Païva
25, avenue des Champs-Elysées
75008 Paris
Téléphone : 01 53 53 25 25
Petit déjeuner « de la Marquise » à 16 €.
Voiturier of course.
Plus de photos de La Païva, ici.
amusant d'y aller au petit déjeuner.
triste de lire que c'est aussi nul le matin qu'à midi ou le soir...
peut-être qu'avec beaucoup de vodka, de pétro-dollars ou de pétro-roubles ça devient plus intéressant et plus agréable, sinon, c'est juste un peu consternant!
dans le coin, au petit déj', autant remonter un peu plus haut et aller chez Ladurée, ou se faire un petit déjeuner dans un grand hôtel...
Rédigé par : Chrisos | 12 septembre 2008 à 10:14
Merci d'être là.
Rédigé par : Sand | 12 septembre 2008 à 11:02
Laurent Jouanne, merci Laurent, me signale cette anecdote croquignolette trouvée sur le net :
Dans un article relatant l'achèvement du gros œuvre du nouvel Hôtel de La Païva , LE FIGARO écrivait autour de 1860 : "...bien que l'hôtel ne soit pas encore aménagé, Madame la Marquise de Païva peut s'y installer; le trottoir vient d'être terminé..."
Rédigé par : Thierry Richard | 12 septembre 2008 à 11:58
grands hôtels ou chez Laduré pour prendre leur Pdj, mais il y a plus simple et plus economique, mais Mr. Chrisos ne compte pas en cette période de baisse du pouvoir d'achat.. ;-)
Rédigé par : stephane | 12 septembre 2008 à 12:04
Madame la Marquise est donc sûr Angeantée...;) WOW, quelle honneur Gentleman ! Tout l'honneur est à vous....Thierry Richard, Monseigneur ! Salutations est de mise.
Rédigé par : Sand | 12 septembre 2008 à 12:56
Très émue par votre presse-papier. Comment vous......................................sûblimer par un tel numéro de ballerine en lettres, c'est impossible... mais..., charmant d'OTAN de reliures.Encore et toujours.
Rédigé par : Sand | 12 septembre 2008 à 13:26
Vous êtes ainsi mon S.O.S. de mes champs élysées au 5.55 des matins de Charlotte sur les Bourg de Serge :
http://www.deezer.com/track/26831
Rédigé par : Sand | 12 septembre 2008 à 14:05
Je me retiens depuis des mois, mais là, elle nous offre une telle apothéose que je ne peux me retenir de poser la question : MAIS ENFIN, QUI EST SAND ?????? Merci de m'éclairer (ou, plus simplement, de m'indiquer l'adresse de son fournisseur, j'aimerais bien m'envoler comme elle, dans ma tête).
Rédigé par : Benoît Wagner | 12 septembre 2008 à 17:12
Au moins le décor a l'air de valoir le détour... Un peu comme pour votre billet récent sur le Café des Lettres, d'ailleurs. Le plaisir des yeux prend-il le pas sur celui des papilles sur Chroniques du Plaisir ? :)
Rédigé par : Kaplan | 12 septembre 2008 à 17:51
Tiens ?!! Cet hôtel particulier était un club masculin ultra select, je crois que c'est l'automobile club de France si je ne m'abuse ? Enfin un lieu privé où seuls les adhérents et amis d'adhérents avaient le plaisir de s'y retrouver. C'est limite la révolution, ce que je viens d'apprendre !
1 - Où est passé le club ?
2 - Comment le restaurant est-il réparti dans le lieu ?
Rédigé par : rosemary | 12 septembre 2008 à 18:02
J'y suis passé à plusieurs reprises cet été et l'envie de s'y arrêter était bien présente, mais la description du service me refroidit quelque peu.
@ Rosemary : l'automobile club de France est pas à côté d'un grand hôtel, place de la Concorde ? @ +++
Rédigé par : Pierre-Jean | 13 septembre 2008 à 09:33
C'est un F. qui fait du roller ?
Rédigé par : Le Cookie Masqué | 13 septembre 2008 à 10:41
Du roller Disco ! :))
Rédigé par : Sand | 13 septembre 2008 à 12:23
@Rosemary
L'Automobile est situé place de la Concorde, juste à côté du Crillon.
@Thierry
Il fallait tout de même s'attendre à ce genre de déconvenue, non ? J'adore également le contrepieds, celui qui fait qu'on donne sa chance à des lieux dont on sait pertinemment qu'on a autant de chance de s'y plaire que dans un Center Parc, mais entre l'adresse et l'équipe...
Mais dites-moi, cher Thierry, d'où vient cette soudaine obsession pour les guibolles ukrainiennes ?
Rédigé par : Mr Lung | 13 septembre 2008 à 12:42
C'est peut-être la COK-COCO ?!.
Rédigé par : Sand | 13 septembre 2008 à 12:56
J'ai une envie de foie gras à m'en faire pêter la panse :)! C'est mon plat préféré, matin, midi et soir, j'en boufferai des tonnes accompagné de tout.Si, Thierry tu connais un petit resto vers Aix, je dis ça comme ça, hein? Tu m'envoies l'adresse?Passes un bon week-end mon cher AMI.
Rédigé par : Sand | 13 septembre 2008 à 13:00
Je crois que je ne me serais jamais risquée à prendre mon petit déjeuner dans un tel endroit et qui plus est près des champs-élysées, que personnellement je fuis à grandes enjambées. Mais en tout cas c'est toujours bon à savoir. Merci.
Bon W.E
Rédigé par : louison | 14 septembre 2008 à 00:13
Oh! :) I most say that i like your blog very much. :) Kiss
Rédigé par : ANGELICA | 14 septembre 2008 à 00:23
Kiss aussi
Rédigé par : Sand | 14 septembre 2008 à 13:42
c'est sûrement bête ce que je vais dire mais simplement à l'écho du nom "Païva" je me serais précipitée à cette adresse.
Rédigé par : Thaïs | 14 septembre 2008 à 14:54
Kaplan > Hasard et coïncidences. Mais pas d'inquiétude, le goût revient la semaine prochaine. Le goût de la truffe et de l'amitié pour être précis.
Rosemary > Tout est réparti entre le rez-de-chaussée et un sous-sol qui descend en pente douce jusqu'au saint des saints, le bar !
Pierre-Jean > Espérons qu'en soirée le service soit un peu plus "alerte" qu'au petit jour...
Cookie > Maybe.
Mr Lung > Je dois lire trop de livres ! (je réponds là à ta question sur les galbettes d'Europe de l'Est)
Louison > Certes, de bien mauvais présages, mais bon, il faut savoir tenter sa chance de temps en temps.
Angelica > Thanks so much.
Thaïs > Tout à fait d'accord ! C'est un nom très romanesque. Ca nous change du Bistrot de truc ou de la Table de machin... C'est au moins ça de réussi.
Rédigé par : Thierry Richard | 14 septembre 2008 à 15:41
Chrisos > En fait, c'était juste drôle. A revoir en soirée (late at night), j'insiste ! ;-)
Rédigé par : Thierry Richard | 14 septembre 2008 à 15:48
Je tet tes réponses même si tu me boudes à moi...Tant pis :( :)...
Rédigé par : Sand | 14 septembre 2008 à 15:55
Sand > Comment ça je boude ? Et qui a eu droit à une réponse par mail ?
Rédigé par : Thierry Richard | 14 septembre 2008 à 15:56
C'est vrai. Alors Good, merci beaucoup my cher Thierry, ouF :). J'ai eu méga chaud ;)!
Rédigé par : Sand | 14 septembre 2008 à 16:10
Pierre-Jean et Mr Lung ont raison, l'automobile club est bien place de la concorde ... Bon, il va donc falloir que je demande à mon père le nom du club qui était chez la Païva ...
Rédigé par : rosemary | 14 septembre 2008 à 23:55
J'ai LA REPONSE a ma propre question.
THE TRAVELLERS est LE CERCLE privé dont je parlais. Et situé dans l'exquise demeure de la Païva (qui avait la particularité d'avoir la première baignoire de Paris). Un cercle fondé en 1903. 700 membres. Admission=présentation par 2 parrains-dont un au moins de la même nationalité que le candidat ...
Rédigé par : rosemary | 16 septembre 2008 à 23:08
pour ceux qui posaient la question du club, il s'agit du Travellers... mais sans doute existe t-il encore ... A l'étage... Les femmes y sont désormais accueillies aussi et peuvent, comme les hommes admirer la baignoire en or de la Paiva....
Rédigé par : Festival | 23 septembre 2008 à 12:19
Quelle plume ! On venait pour le plaisir des papilles sur ce blog, on se régale de celui des mots !
Continuez, ce site est fabuleux, et vous lire est un bonheur, que ce soit une éloge ou une critique.
merci !
Rédigé par : Lola | 10 mai 2009 à 00:08