Joli départ en fanfare pour cette nouvelle adresse nichée dans un coin du 18ème qui a peu souvent les honneurs des tables ambitieuses et où les appétits ont malheureusement plutôt le vague à l’âme des faubourgs délaissés. C’est pourtant ici, sur les contreforts de Montmartre, du côté nord de la butte, que se niche une des plus belles découvertes de la rentrée et c’est heureux. Enfin du nouveau à la Mairie du 18ème ! Voici donc la Table d’Eugène (Sue, comme la rue où elle s’est amarrée à côté d’un bar-tabac sans âge), une table toute pimpante, audacieuse et le sourire encore aux lèvres. Une table dont on a déjà commencé à vanter les mérites deci delà. A juste titre.
Car il y a là, de l’autre côté du passe-plats, un jeune chef sorti tout droit de la brigade du Bristol (Eric Fréchon comme mentor, on a vu pire présage) qui n’a rien oublié de ses gammes classiques et de son savoir-faire de palace mais qui vous enrobe tout ça de son enthousiasme juvénile et d’une belle imagination que l’on sent dans chaque assiette. Il y conjugue de très beaux produits, une réalisation au cordeau et de petites facéties qui rendent le tout surprenant et savoureux. Ce soir-là, sous la fourchette, dans l’ordre d’apparition sur notre table sans nappe, ce furent des « Ravioles de truffe blanche, Consommé de Bœuf » généreusement garnies et parfumées comme une brume de matin d’automne sur les collines du Piémont, superbes de tiédeur revigorante, suivies de « Saint Jacques poêlées » larges et souples, doucement alanguies sur leur lit de légumes crémeux aux pieds duquel se love un petit jus de viande corsé, le tout conclu par un « Baba à l’Absinthe », décalé, solide, bonhomme qui nous ramène direct au sommet de la butte. Bref, un vrai talent.
Le palais encore ravi, on passera dès lors sur le décor approximatif qui semble pourtant emballer nos confrères, son vert amande et ses rayures bayadère, la grande vitrine sur la rue qui vous glace l’hiver venu, l’éclairage un peu cru (allez, please, ajoutez quelques bougies sur les tables) et les chaises à l’assise toute ronde à la longue peu confortables. Question de moyens sans doute. On fera également abstraction de la promiscuité un peu envahissante qui vous fait très vite partager la conversation de la tablée voisine (la notre avait le volume sonore inversement proportionnel à la profondeur de sa conversation, dommage, on aurait pu mieux tomber). Mais bon, cela peut avoir son charme. Un côté bouillonnant et détendu de bal musette. Une camaraderie instantanée, née autour de l’assiette de Geoffroy Maillard et soudée par le plaisir de se retrouver là, bien, dans ce lieu improbable à quelques centaines de mètres du Périphérique Nord.
Alors ne boudons pas notre plaisir, car pour 30 €, tout ceci est une très belle affaire. Une sorte de petit gastro à prix métro.
Donc soyez gentils, prenez votre vélib, vos pieds ou votre berline mais courez-y !
La Table d’Eugène
18, rue Eugène Sue
75018 Paris
Téléphone : 01 42 55 61 64
Ouvert du mardi au samedi
Formule déjeuner autour d’un plat à 17 €
Le soir 25 € pour une entrée et un plat ou un plat et un dessert
Menu à 30 €
Plus de photos de La Table d’Eugène, ici.
Nous connaissons bien cette table pour être voisins et ravis de voir enfin de belles adresses gourmandes se monter dans cette partie du 18°...caviste depuis plus de 20 ans nous avons choisi quelques vins pour la Table d'Eugène. Passez découvrir notre cave ou rendez nous visite sur notre site: http://www.cavesduroy.fr
Et ce samedi dégustation de champagne avec Jean Pierre Secondé propriétaire rècoltant sur la montagne de Reims...
Rédigé par : CAMILLE | 02 décembre 2008 à 11:27