Ce fut sans doute l’adresse la plus émouvante de mon séjour. Un restaurant difficile à trouver dans le dédale des ruelles sinueuses du Dorsoduro. Il y a ici, dans une vaste salle simple, aux reflets rouges maritimes, dans un vif jus d’authenticité, de la nappe en papier aux verres de cantine, une ostaria familiale où respirent les saveurs véritables de la Venise des vénitiens. N’hésitez pas à demander à Stefano (il parle français, pas d’inquiétude) un plat qui n’est pas à la carte, il ronchonnera un peu mais retournera en cuisine vous mitonner, par exemple, ce riz aux pommes de terre, incongru, solide et capiteux, à s’en retourner la langue. Vous pouvez aussi lui demander un risotto à l’inspiration du moment et savourer la surprise. Mais à Venise, la base, le plaisir de l’évidence, ce sont les poissons et fruits de mer. Et Nino sait où dénicher les meilleurs. Le bar (branzino, cru ou grillé) est d’une fraîcheur et d’une puissance à vous tirer les larmes et il est inconcevable de quitter la lagune sans avoir goûté l’araignée de mer, les couteaux, les langoustines et les cigales de mer, ici servis grillés avec une polenta crémeuse et citronnée. Mortel assemblage. Judicieusement relevé du vin blanc de la maison (Pinot Grigio) servi presque glacé ou d’un Orto, le seul vin de la lagune, fabriqué par un français à San’ Erasmo. En dessert, si vous êtes (au moins) deux, commandez le sgroppino, une sorte de glace italienne avec citron et vodka, la voir préparée sous vos yeux par Stefano et l’avaler comme un fruit défendu restera une émotion mémorable. Ah, j’oubliais, la carte n’est écrite qu’en italien. C’est souvent un très bon présage. Alors à votre prochain séjour, filez chez Do Farai, une cambuse droite et sincère comme une main tendue.
Do Farai
Dorsoduro, 3278
041 277 03 69
(non loin de la Ca’ Rezzonico)
A la carte comptez entre 30 € et 50 €
Plus de photos de Do Farai, ici.
Ah le sgroppino!!! et le risotto à la pomme de terre et le bar cru et l'araignée ahhhh
j'y ai emmené à deux reprises des amis qui n'ont pas été bluffés j'ai alors su que ce n'était pas de vrais gastronomes, je me suis demandée si c'était de vrais amis. J'ai pensé qu'il fallait accepter la différence, ceux qui savent manger et ceux qui ne savent pas. Et comme tu sais manger, par un jeu de syllogisme, peut-être es-tu un ami??
Rédigé par : emmanuelle | 13 février 2009 à 22:56