L’annexe d’un grand chef n’est pas toujours une garantie de bonheurs à bon compte. En témoigne cette soirée loupée au Passage, l’annexe d’Alain Senderens (ancien 3 étoiles au Guide Rouge pourtant).
Arrivée en catimini, après interphone et escalier, dans un décor déconcertant, bas de plafond – pour qui aime respirer sous les hauteurs on a déjà le sentiment qu’il faudra ce soir-là réduire ses ambitions – doré mat, avec son mini-bar et ses petites alvéoles incantatoires, ses tables en plastique et son mur blanc décoré de si fines brindilles qu’on le croirait fissuré. On bataille pour obtenir une table qui nous convienne (ici on ne se contente pas de réserver, on réserve la table truc ou le siège machin), on réclame deux fois nos coupes de Champagne et la déception peut commencer. Elle durera tout le repas.
De vrais problèmes de mise en place, les entrées servies avant l’amuse-bouche, de méconnaissance de la carte pourtant pas bien longue (une fraise melba présentée par le serveur « avec une chantilly maison » et arrivant sans) et le sentiment permanent d’une caisse enregistreuse planquée sous chaque assiette. Car si les produits sont de première qualité (foie gras, langoustines, morue « des îles Féroé »…) ils sont si chichement comptés dans les assiettes que l’on imagine les réunions de préparation des menus chez M. Senderens : « Bon alors, combien de foie gras dans l’entrée ? Il nous coûte combien le kilo ? Bon, et bien 3,8 g ! N’oubliez pas que la formule est à 36 €, faut pas trop en faire ! » Alors à la longue, même si les plats sont plutôt bien fichus, sans être bouleversants (« Saumon demi-fumé transparence de concombre et pomme verte », « Gambas (3 !) croustillantes au beurre de soja », « Carpaccio de lotte, brandade de morue et tagliatelles d’asperges »), la pingrerie évidente fatigue.
Clou de la soirée, une odeur des plus nauséabondes (si, si !) vient envahir le petit hall au moment de reprendre notre vestiaire et de quitter le restaurant par l’escalier dérobé qui nous ramène à l’air libre sur la place de la Madeleine. Un peu sonnés, avec l'envie irrépressible de se pincer.
Tout ça pour ça ?
Le Passage
9, place de la Madeleine
75008 Paris
Téléphone : 01 42 65 56 66
Menu imposé à 36 €
A la carte, comptez entre 50 € et 60 €
Plus de photos du Passage, ici.
surprenant, mais comme toute adresse, il peut y avoir des soirs sans!
je n'en suis jamais ressorti en ayant encore faim
http://chrisoscope.com/tag/le-passage-de-senderens/
Rédigé par : Chrisos | 15 juin 2009 à 11:48
Vaut mieux être seul que mal annexé!
C'est comme les rillettes, ça ne peut avoir la même valeur!
Ou encore, vaut mieux un petit chez soi qu'un grand chez celui d'à côté !
Ah, combien les gens sont gourmands lorsqu'il s'agit d'ajouter rien que pour ajouter.
Du coup, le Chef risque même d'y perdre son image si il n'y met pas le OLA!
Rédigé par : Sand | 15 juin 2009 à 12:24
Assez stupéfait aussi, tout comme Chrisos. Les portions sont en effet plutôt du style "1/2 portion", mais je ne suis jamais ressorti du Passage mécontent, même si le service est en effet parfois légèrement (trop) désinvolte.
Rédigé par : art | 15 juin 2009 à 15:38
Excellent et cinglant, ce compte-rendu. Merci Thierry. Quel dommage... J'ai le souvenir du tartare veau et crabe au wasabi, en bas, en salle, servi avec le vin "qui va bien" (j'ai oublié sa provenance). Du velours. J'y dînais en excellente compagnie. Ce qui vint en partie gâcher l'affaire ? Nos voisins de table, gagnants au Loto (je n'invente pas : ils ne cessaient de le rappeler aux serveurs !). Impossible de se concentrer : leur réparties étaient si croustillantes/affligeantes qu'elles parasitaient tout et le reste. On se serait cru dans un film avec Didier Bourdon et Mathilde Seigner... Mon Dieu !
Rédigé par : Guillaume | 15 juin 2009 à 18:25
Etant un habitué du lieu je suis plutot surpris par cette chroniques. Non pas sur l'odeur qui peut remonter des égouts apres un soir d'orage mais plutôt par les mots particulièrement violents qui émanent de cette chronique. Quel dommage, n'est pas François Simon qui veut...
J'ajoute que cette table est sans doute l'un des meilleurs rapport qualité prix . A combien de Gambas t'attendais tu? (en règle générale se sont des langoustines mais peut être que ce soir elles se sont transformées).
Trop de bistros tuerait il le gastro Mr. Richard?
Rédigé par : stephane | 16 juin 2009 à 08:44
J'aime vraiment quand les gens expriment ce qu'ils pensent vraiment. Vive la parole libre !! C'est bien Thierry continuez !!!
Rédigé par : Stéphanie | 21 juin 2009 à 14:01
Il y a eu un bug ce soir-là, c'est sûr !
Rédigé par : Le Cookie Masqué | 22 juin 2009 à 18:02
Rien de très étonnant malheureusement. La reconversion du Lucas Carton était déjà dans la même veine. Un déjeuner et un dîner raté. Service même pas digne d'un café à touristes, méconnaissance totale de la carte, soupirs lors d'un renvoi d'assiette pour erreur dans la commande.
Bref, Senderens veut faire de l'accessible, mais a oublié de faire de l'agréable.... D'autant qu'à 75 euros par tête, ce n'est pas non plus à la portée du premier venu.
Rédigé par : JayL | 23 juin 2009 à 11:22
Surprenant cet avis de Mr Richard car ayant dejeuné et diné dans ce lieu plusieurs fois, je ne suis jamais sorti avec la faim. J'ajou terai qu' il s'agit certainement du meilleur rapport qualité/prix de ce quartier ( menu à 36€).
Rédigé par : dacquoise | 26 juin 2009 à 13:34