J’avais tout juste 20 ans et le permis de conduire. Nous étions la génération Isabelle. Tout le monde en connaissait au moins une. Celle-là (j’ai depuis oublié jusqu’à son nom de famille) était menue comme on peut l’être en pleine jeunesse. Elle portait de longs cheveux bruns, fins et raides, qui lui descendaient au creux du dos, de petits seins plats, elle avait le rire clair et les yeux d’un bleu déteint. Nous avions sympathisé sur les bancs de la première année, sans doute rapprochés par une même timidité audacieuse. Ses parents habitaient une maison en meulière dotée d’un jardin descendant en pente douce vers les eaux sombres de la Marne où nous faisions de la barque les beaux jours venus. On y mangeait des fruits sous la véranda. Son frère, plus âgé, étudiait l’architecture et nous allions parfois le soir l’écouter épuiser son tuba dans les rues de Saint-Germain-des-Près où il promenait sa fantaisie bruyante avec la fanfare des Beaux-Arts. C’est avec lui qu’elle partageait une vieille Peugeot 204 cabriolet blanche qui nous emportait parfois, le week-end, vers la Normandie. Les chambres d’hôtes sous les pommiers et le ressac sur la plage abritaient nos échappées. Je conduisais la voiture au retour dans l’air frais d’une allure insouciante qui nous semblait rapide pour l’époque. La liberté. La 204. Isabelle. Son souvenir m’est revenu ces derniers jours, avec le temps, le soleil écrasant, comme une bouffée de chaleur. Elle était douce et accueillante, vous réchauffait le cœur de son amitié qui n’en était peut-être pas. Je ne crois pas l’avoir jamais embrassée. J’aurais peut-être dû.
joli. et si vous vous étiez embrassés, sans doute serait-elle un souvenir moins doux que ces escapades inachevées...
Rédigé par : la flore et la faune | 20 juillet 2009 à 09:19
Je sais qu'elle n'est pas de ma génération mais un coupé 504 v6...
Rédigé par : Pierre-Jean | 20 juillet 2009 à 22:36