« C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise. »
On doit s’arracher les cheveux chez Gallimard pour écrire la quatrième de couverture des romans de David Foenkinos. Celle de son dernier livre, La Délicatesse, ne fait pas plus de 5 lignes. C’est que, comme pour ses précédents romans (il s’agit du huitième), l’histoire ici n’a que peu d’importance. On retrouvera donc dans ce livre les habituelles préoccupations de l’auteur du Potentiel érotique de ma femme : l’amour et ses petites complications. Et c’est tout l’art de David Foenkinos que de bâtir, sur ce thème rebattu mais inépuisable, un univers original, drôle, tendre et loufoque, quelque part entre Sacha Guitry, Woody Allen et Buster Keaton.
L’histoire, donc : c’est celle de Nathalie qui rencontre (dans la rue) et épouse (sous la pluie) François et qui sera, après la seule péripétie du livre, séduite (par hasard) par un autre homme. Cette histoire ordinaire, David Foenkinos réussit à nous la raconter de manière bien peu ordinaire. Il entrecoupe son récit de listes et miscellanées lorgnant du côté de Ben Schott et Charles Dantzig, de la recette du risotto aux asperges aux paroles de L’Amour en fuite d’Alain Souchon, en passant par une discographie fictive de John Lennon s’il n’avait pas été assassiné ou un extrait de Guy de Maupassant. Comme autant de petites respirations cocasses, un coq à l’âne joyeux auquel s’ajoute un usage décalé et délicieusement comique des notes de bas de page.
Quant au récit lui-même, outre une langue impeccable et un art de la sentence accompli (« Les soirées peuvent être extraordinaires, les nuits inoubliables, et pourtant elles aboutissent toujours à des matins comme les autres. »), David Foenkinos réalise une fois de plus l’exploit de nous raconter des anecdotes toutes simples de rencontres, de cœurs qui s’emballent, de petits et grands drames de la vie, de séduction, de demandes en mariages baroques et de séparations inattendues avec un ton qui n’appartient qu’à lui.
Un ton où le poétique flirte avec le quotidien (« Dans son lit, il sut qu’il ne serait pas capable de s’endormir : comment aller vers le rêve quand on vient de le quitter ? »), où l’absurde a sa place tout près du romantisme et où mots d’esprits et situations farfelues font bon ménage dans une espèce de tragi-comédie sentimentale. On partage les états d’âme profonds des protagonistes, leurs craintes, leurs hésitations, leurs emportements avec une réelle acuité psychologique teintée d’un second degré réjouissant (« Il tenta de définir la chose la moins définissable qui soit : le trouble. Pourquoi l’avait-il arrêtée elle ? »)
Mais derrière l’humour se cache une réelle pudeur, loin de la vulgarité et du trash ambiants, car si La Délicatesse du titre est bien celle de ses personnages, c’est aussi celle avec laquelle David Foenkinos nous raconte leur histoire par le menu, dans un univers où l’on ne parle jamais trop fort et où l’on respecte la douceur des sentiments. Sans oublier un vrai talent de romancier dans la construction qui, malgré les apparences, n’a rien d’aléatoire ni de décousue. Jusqu’au soin apporté à la pirouette finale, totalement jubilatoire. Bref, un très beau roman de rentrée qui donne sacrément envie d’être amoureux.
La Délicatesse
David Foenkinos
Gallimard
208 pages - 16 €
Cet article est extrait du Magazine des Livres de Septembre actuellement en kiosque.
Rhooo, mais non, c'est superficiel, artificiel, creux. Ca m'a laissé on ne peut plus indifférent.
Rédigé par : LeReilly | 17 septembre 2009 à 17:01
Ah... A la lecture de ce post j'allais me procurer le bouquin mais ce commentaire...
??
Rédigé par : François | 17 septembre 2009 à 17:18
Salut!
Je t'avoue que je viens de me priver de lire ton billet. Je me suis contentée de voir qu'il s'agissait de la rubrique " Livre ", car, tu vas finir par me ruiner à ce ryhtme ( confiance persiste ! ) cher chronique-man!
Tout ça en fait pour te dire, sans pour autant être hors sujet donc...., j'ai été manger dans le vieil Aix-en-Provence ce midi, et, en sortant du parking, la FNAC, j'ai filé directe acheter " Un roman français " de Beigbeder, pour 18 euros, je l'attaque ce soir :)! Avec plaisir.
Va pas trop vite s'il te plaît, côté livres, non pas que je sois longue à lire, car quand je démarre, je dévore en deux ou trois jours maximum, sinon, l'oubli me gagne, ....mais, c'est le fric, le fric mec ;)!
Rédigé par : Sand | 17 septembre 2009 à 18:30
LeReilly > Ah ! Les goûts et les couleurs ! Moi, au contraire cela m'a touché. L'histoire peut être simple, les personnages sont attachants et le style de David Foenkinos toujours aussi drôle et subtil. Bref, je persiste et signe... ;-)
François > Lis-en quelques pages chez ton libraire et tu sauras très vite si le ton et l'univers de D.F. te plaisent.
Sand > Pas d'impatience, tu peux tranquillement acheter les livres au fil du temps. Mais je comprends. En plus, en ces temps de rentrée littéraire, j'ai encore deux ou trois livres à conseiller dont je parlerai dans les semaines qui viennent.
Rédigé par : Thierry Richard | 17 septembre 2009 à 19:44
Je fais également l'impasse sur cette chronique, pas par snobisme mais pour la simple raison que j'ai craqué hier en l'achetant bd St-Germain et que je ne veux rien en savoir (parfaite courte et brève 5e de couv'!)avant d'ouvrir la première page. Je le chroniquerai moi-même plus tard par ici (www.fauteuilclubsandwich.blogspot.com). Par contre s'il y a bien une seule chose dans laquelle je ne me restreigne pas, ce sont bien les livres!
Rédigé par : mlle A | 18 septembre 2009 à 12:40
Le roman je ne sais pas, mais vous alors ...
Rédigé par : Anne | 18 septembre 2009 à 21:59
Ah merci, une fois de plus je vais vous suivre. Un auteur qui pourrait aussi bien publier chez Minuit, non ?
Rédigé par : rose chiffon | 21 septembre 2009 à 16:28
un bijou que ce livre...
Rédigé par : mlle a | 01 octobre 2009 à 10:15
Même avis que Lereuilly, style lourd , chargé de poncifs, de clichés, de pseudo références culturelles, d'aphorismes creux.
Le sujet est simpliste, la belle affaire ...
on peut aimer au delà des apparences physiques, à l'encontre du politiquement "social",en n'écoutant que son cœur ...
Si vous voulez lire un vrai bijou avec une langue fluide, précise et intelligente, ruez vous sur "Les aimants " de Jean Marc Parisis.
100 pages ciselées !
Rédigé par : lilibox | 14 octobre 2009 à 09:31
Pas emballé... très parisien, dans le mauvais sens du terme. On sent le gars pour qui dépasser le périph' constitue l'aventure ultime et qui en même temps a l'impression d'avoir tout vu tout connu tout compris sur la vie.
Les personnages, totalement auto-centrés, sont horripilants, les gamins, les parents, les amis ne sont que des faire-valoirs à leurs petits problèmes de néo-bourgeois gonflants.
Après, ça se laisse lire, et au milieu d'une surabondance d'aphorismes plus ou moins pompeux et clichés ("c'est très compliqué de reprendre un couple après une séparation, on oublie les marques";"comment aller mieux quand on ne sait rien de demain, que demain est comme une femme dans la foule?", il y en a de bien trouvés.
L'équivalent romanesque des comédies françaises sur la crise du trentenaire avec Edouard Baer...
Rédigé par : mixlamalice | 05 février 2010 à 03:48