On sort parfois de table avec le sourire à l’estomac et la tristesse au
coin des yeux. Prenez l’Epicure 108, par exemple. Une table étonnante où un chef
japonais (Testu Goya, qui fut biberonné à l’Est des meilleures origines par Emile
Jung au Crocodile et Marc Haeberlin à l’Auberge de l’Ill) trousse une cuisine
incroyable, mélange déconcertant d’influences japonaises et alsaciennes. Dans l’assiette,
rien à redire, une cuisine hors du temps, sacrément copieuse et jouant la
tradition sérieusement fignolée : Salade
de caille confite au foie gras (le meilleur de l’anachronisme diététique), Lamelles de noix de Saint-Jacques et saumon
cru mariné (assaisonnement impeccable), Canard
sauvage et spaetzles maison (on entend presque les chiens japper au loin), Pigeon ramier au foie gras et son boudin de
topinambours (retour bienveillant aux années 50), Rencontre de poire vanillée et de Mont-Blanc enneigé (débonnaire et
empli d’une douce abondance). Ça luit, ça sauce, ça capitonne. On sent les bosquets,
le gibier, la province du dimanche, les joues rosies, le vin carafé et les
discussions de notables sur les nappes blanches.
Et on relève la tête. Le cœur alors se pince un peu quand vos yeux balaient
ce décor qui n’en est pas un, entre resto chinois et auberge de province,
parquet flottant, papier peint et fleurs artificielles. On se prend alors à
rêver d’un miracle, le chef et sa femme (adorable de gentillesse sévère)
transportés dans un vrai bistrot au charme soigné. On irait souvent. Et vous aussi.
Heureusement pour nous (c’est le sésame des lieux), nous étions en
excellente compagnie, dissolvant ainsi dans la conversation, les affres des
alentours défraîchis.
Epicure 108
108, rue Cardinet
75017 Paris
Téléphone : 01 47 63 50 91
Fermé le samedi midi, le dimanche et le
lundi soir
Formule déjeuner à 26,50 €
Menu-Carte à 32 €
Plus de photos de l’Epicure 108, ici.