Je ne sais pas vous, mais moi, c'est radical. Dès que l'automne pointe le bout de son nez, dès que les forêts s'enflamment et que retentissent au loin les coups de fusils et les jappements des chiens d'arrêt, j'ai le champignon qui me démange, le gibier qui me travaille, bref, j'ai faim de sous-bois et de saveurs sauvages. Visiblement, je ne suis pas le seul, si l'on en juge par la floraison soudaine de plats giboyeux sur les tables à la fin de l'année. Avant, on filait en douce vers les adresses réputées (La Biche au Bois, Le petit Colombier - fermé depuis -, L'Ami Jean, L'Entredgeu...). Aujourd'hui, même les plus humbles bistrots se la jouent chasseur. On ne compte plus le nombre de tables où l'on vous sert faisan, perdreau, pigeon, palombe, biche ou sanglier, avec plus ou moins de bonheur. Sans bien sûr oublier la recette star des frondaisons solognotes, le fameux "Lièvre à la Royale" (plat mythique à la préparation longue et complexe, qui fit les beaux jours d'Alain Senderens, d'Eric Fréchon et autres maestro de la cuisine classique). Souvent malmené (et alors vendu trop cher), il n'en reste pas moins un incontournable.
Pour ma part, cette saison, j'ai eu la chance avec quelques autres (ici et là) de goûter celui que nous avait préparé, de manière un peu exceptionnelle, Christopher Hache, le nouveau chef des Ambassadeurs (le restaurant de l'Hôtel de Crillon). Visiblement, la leçon apprise chez les deux ténors sus-nommés a été bien digérée. Le plat servi fut un régal : finesse des textures, imposante puissance des goûts, soyeux d'une sauce profonde. De la vigueur, du caractère, un allant tirant droit vers les souvenirs de petits matins humides aux odeurs de poudre. Et je ne vous parle même pas de la tourte de gibier qui le précéda...
Et puisqu'on parle gibier, si vous en êtes, filez vite vous procurer l'un des plus beaux livres de cuisine de l'année, aussi richement illustré qu'une galerie de peintures flamandes, aussi agréable à lire qu'à cuisiner : "Saveurs Sauvages", dans lequel 28 chefs préparent le gibier comme personne mais livrent aussi leurs souvenirs animaux. Passionnant et beau comme une nature morte.
Saveurs Sauvages
Julien Fouin, Carrie Solomon
Keribus-Rouergue
160 pages - 35 €
Les Ambassadeurs (Hôtel de Crillon)
10 Place de la Concorde
75008 Paris
01 44 71 16 16
Pour plus de photos de ce dîner exceptionnel au Crillon, c'est là.
Ca fait envie !
Inoubliable tourte de gibier au Stella Maris.
Puisque tu parles du Petit Colombier, une suggestion pour un prochain dîner (son remplaçant) :
Le Dodin,42, rue des Acacias.
Menu 35 euros. Carte: 55-65 euros.
Fermé dimanche et lundi.
Rédigé par : Joufpoi | 20 décembre 2011 à 11:21