On ne se sent pas vraiment mal à l’aise, juste un peu « à côté des choses »…
C’est décidément un bien étrange sentiment qui accompagne ce retour à Paris, un 20 août, quand la ville assoupie ne s’est pas encore regarnie de ses habitants mais que l’atmosphère de la rentrée est déjà partout présente, sous un ciel si bas qu’on le croirait d’un automne anglais.
Ce sont des jours de l’entre-deux, des jours interstitiels, coincés entre les vacances écrasées de soleil et trop vite disparues et la pénombre naissante qui glisse lentement vers un temps de novembre.
Ce n’est pas encore la rentrée. Paris n’est pour l’heure qu’un long cortège de rues désertées, abandonnées au temps maussade et aux rares touristes qui s’attardent sous ce crachin qui ne vous lâche pas. Les voitures sont encore au garage, les vélos dans leur parking, les restaurants et les cavistes aux abonnés absents. On n’ose pas encore rappeler les amis dont on ne sait s’ils sont déjà de retour de vacances, sans doute par peur de les contaminer de notre ciel de grisaille et de nos états d’âme, au cas, toujours probable, où ils seraient encore au loin.
Au bureau on ne rêve que d’un chez soi en retrait du monde, un fauteuil, un bouquin pour – on le faisait il y a quelques jours encore à l’ombre du Tilleul – laisser s’écouler lentement le peu de temps qui reste avant le retour de l’effervescence de la vie parisienne.
Il faut faire son deuil des vacances, du soleil accablant, des rires enfantins au bord de la piscine et de la douceur de vivre avec les siens.
On retrouve alors, dans cette ville endormie, l’escalier de bois ciré, la montée des étages, le retour de la verticalité oubliée au fil des promenades et des bains de mer, les lampes allumées tôt le soir sur la console du salon, un ciel gris de zinc, de plomb et de fumée, les arbres des squares déserts qui voient leurs premières feuilles les quitter et les phares des autos qui s’allument entre chien et loup. On réapprend à voir le monde à travers les gouttes, d’une vitre, d’un pare-brise, d’une visière.
Mais on se sent quand même un peu en dehors de tout, en dehors de soi, en proie à une douce mélancolie à laquelle on s’abandonne avec plaisir, en un temps qui pousse à l’indolence.
Alors on marche lentement, presque accablé par tant d’absences et de sombres journées, mais bientôt on pressera le pas, dans le bouillonnement de la rentrée, bousculé par tous ces livres à lire, ces spectacles à voir, ces dîners à organiser, ces vins à déguster et ces nouvelles tables à visiter.
Et la vie reviendra.
Illustration : « Les Deux-Magots » par Thierry Colin
En tout cas merci de revenir!
Tu ne pouvais pas décemment continuer comme ça en nous laissant avec Bernard Franck. Allez, je balance: je déteste ! Il le disait lui-même, d'ailleurs, son seul regret ? “c’est de ne pas écrire mieux”. On est bien d'accord.
Rédigé par : Rosemary | 22 août 2007 à 19:03
bah, il n'était pas si mal que ça ce mois d'août à Paris, il fallait juste se dire qu'on était en octobre.
très bien ce calme, et puis la pluie, ça berce.
Rédigé par : Chrisos | 22 août 2007 à 19:28
Rosemary > Merci. Je vous avais aussi laissé Vincent Cassel ! Tu y vas fort avec Bernard Frank. Apparemment si nos goûts sont communs en matière de gastronomie, ils divergent en littérature... Moi j'adore sa plume. Et quel bonhomme !!!
Chrisos > C'est tout à fait ça : un calme de Paris en Eté avec un temps d'Automne... Bref, une fin Août qui rend morose même si (et sans doute en partie à cause de) la pluie nous berce.
Rédigé par : Thierry Richard | 22 août 2007 à 19:47
Cher Thierry,
Le principal, c'est d'avoir des goûts en communs !! J'en profite pour passer un message perso à CHRISOS: je t'ai envoyé un mail qui me revient, ta messagerie est pleine sans doute, bon, je re-essaye ...
Rédigé par : Rosemary | 22 août 2007 à 20:08
vous allez me traiter de dingue, mais moi ce temps ne me dérange pas plus que ça, je sens une petite odeur de pré-automne, de feuilles... j'adore ça...
Rédigé par : poutchi | 23 août 2007 à 09:39
Le plus dur c'est ce besoin d'allumer les phares et les lampes dès 20 heures. Toussaint quand tu nous tiens...
Mais c'est pas si grave parce que moi, je pars samedi soir direction le soleil et la mer!! Bon c'est pas tout ça, j'ai une valise à faire ;)
Rédigé par : Pimousse | 23 août 2007 à 11:17
Ravi de te voir de retour, et de voir que ta plume est toujours aussi alerte !
Et surtout hâte de suivre à nouveau tes pérégrinations culturelles et culinaires !
Rédigé par : Vincent | 23 août 2007 à 11:46
Ah le plaisir... Il est aussi dans ce sujet de conversation unanime sur le temps. Une sorte de délectation à décrier. Ca fait du bien.
Rédigé par : Fragile | 23 août 2007 à 14:21
Quel enchantement de découvrir une si jolie plume. Merveilleux ce Paris assoupi !
Rédigé par : Louise | 23 août 2007 à 15:50
Poutchi > Folle ? Pas du tout ! Moi aussi j'adore l'automne, mais c'est juste que la transition est un peu brutale là.
Pimousse > Bonnes vacances alors !
Vincent > Merci. Plein de choses en préparations pour la rentrée, patience... ;-)
Fragile > Tout à fait juste même si en l'occurence il s'agit plus de mélancolie que de colère...
Louise > Mille merci ! Et bienvenu ici...
Rédigé par : Thierry Richard | 24 août 2007 à 01:04
Tout cela est si joliment écrit,cela rendrait presque belle une réalité qui ne l'est pourtant pas tant que ça!
Rédigé par : Cécile | 24 août 2007 à 18:22
Et ceci aussi, après que j'ai découvert la suite de ton blog: si tu veux une liste (photos comprises) de quelques mecs canons, n'hésite pas, pour toi ce sera gratuit...et pour ton lectorat féminin,ce sera tout bénèf'!
Rédigé par : Cécile | 24 août 2007 à 18:39
Cécile > Merci beaucoup pour ce gentil compliment. Pour le reste, tu peux toujours suggérer quelques noms ([email protected]) mais il faut savoir que je suis assez indiscipliné et que je ne suis pas toujours les conseils que l'on me donne... ;-)
Rédigé par : Thierry Richard | 24 août 2007 à 19:29
Merveilleux ce paris ...j'y serais bientôt pour périple gourmand, j'ai glané chez vous des adresses à visiter ... merci !
Rédigé par : emilie | 24 août 2007 à 21:36
C'était du second degré, très cher, ...teinté d'une pointe d'ironie (j'ai pas pu m'empêcher), j'ai passé l'âge de collectionner photos et posters,... ce qui ne m'empêche pas de lorgner qd l'occasion se présente!
Rédigé par : Cécile | 25 août 2007 à 10:31