La gastronomie, ce ne sont pas que les ors et les lustres des tables étoilées à la une des guides, pas plus que les seuls espumas, sphérifications et autres déstructurations chères aux cuisiniers dans le vent qui font l’actualité médiatique. La gastronomie vivante, c’est aussi toute une ribambelle de petites initiatives, de restaurants du coin de la rue qui renouvellent tranquillement les habitudes et nous donnent à voir (et à manger) autre chose, mais toujours pour le plaisir du goût.
Le 19ème est un quartier qui monte, on le sait, et les abords de Belleville ne cessent de voir s’ouvrir de nouvelles petites adresses qui abordent ainsi le restaurant, avec humour, décontraction et talent. Zoé Bouillon fait parti de ceux-ci.
Une devanture marron où l’enseigne est peinte en orange, à la main, comme un dessin d’enfant, une vitrine dans laquelle s’affiche un décor flashy de poupées Barbie (voilà pour l’humour), une patronne derrière son comptoir qui vous la joue copain-copine (voilà pour la décontraction) et une carte du déjeuner qui fait la part belle à de délicieuses soupes aux saveurs créatives (voilà pour le talent)…
Quand on pousse la porte de cette tâche de couleur d’une rue un peu austère, on est frappé par l’atmosphère de l’endroit, chaleureuse et moderne à la fois : une grande salle lumineuse avec pierres apparentes, de belles banquettes, des tables et des chaises de bistrot en bois, un grand bar en L où se servent les soupes donnant dans une arrière salle aux murs orangés, du carrelage à l’ancienne, des fleurs fraîches, des tableaux modernes.
On n’est pas dans un fast-food. Et pourtant. Ici, c’est au déjeuner qu’on fait le plein et qu’on vous sert sur un plateau (aux belles couleurs pastel tout de même), dans des bols en carton une nourriture que vous dégusterez avec des couverts en plastique. Mais tout cela n’est qu’anecdotique, tant l’ambiance est sympathique et légère et la précision des goûts et des saveurs au rendez-vous.
Jugez plutôt. Au programme ce jour là, pour démarrer tout en douceur, une soupe de topinambour et cumin (à laquelle on ajoute une petite brunoise de légumes avec carottes et courgettes), légère, au topinambour un peu fade mais subtilement relevée par le cumin qui lance ses traits orientaux à la face du légume d’occupation dans un joyeux va-et-vient. Puis une soupe de carotte et citron, épaisse, parsemée de quelques mini-cubes de carottes crues (joli contraste de textures) et délicieusement relevée de la pointe d’acidité de l’agrume. On continue ensuite avec une autre soupe de 20 cl, la crème de lentilles que l’on savoure réhaussée d’une petite crème fouettée au parmesan, légère et blanche comme un nuage de printemps, rajoutée à la dernière minute. C’est doux, velouté, épais et réconfortant, les saveurs sont claires, limpides sans artifices. C’est la vérité qui se donne à boire…
Il ne reste plus qu’à se laisser gentiment porter vers le dessert, aujourd’hui un riz au lait, confiture de coing et Speculoos. L’idée est excellente, un riz au lait (what else ?), surmonté d’une petite couche de confiture de coing que viennent recouvrir de fines miettes de Speculoos, comme un mini-crumble. Les saveurs sont délicates, douces, bienveillantes, pas trop sucrées. Seul bémol, le riz n’est pas assez cuit et se révèle un peu trop ferme (après renseignement, c’était une première).
Pour les indécrottables, il faut se faire conseiller le vin car ici, pas de carte des vins, juste une belle cave à vins derrière le comptoir d’où on vous sortira peut-être ce Côtes du Rhône, Cuvée du Sonneur 2005 de Joëlle et Philippe Gabella, un bon petit vin de soif, de très bonne tenue, structuré et sur le fruit, étonnant pour l’endroit.
Si pour finir, je vous dis que le pain vient de chez Poilâne (faut-il encore le présenter ?) et que vous vous en tirerez heureux pour 15 euros max (avec un café Florio au prix rarissime de 1,70 €), vous aurez compris.
Zoé Bouillon, c’est la cantine dont on rêve de l’avoir en bas de son immeuble. Une cantine avec du cœur.
Zoé Bouillon
66, rue Rébéval
75019 Paris
Téléphone : 01 42 02 02 83
Comptez entre 10 et 20 € au déjeuner
j'adore les endroits comme ceux là , parce qu'après tout , on s'en souvient de ces petits endroits, comme de grands moments de gourmandise et de convivialité .
Rédigé par : emilie | 28 novembre 2007 à 11:58
Ahhhh ces billets m'avaient manqué ! Tu n'écris plus assez souvent ces derniers temps ...
Si encore tu écrivais pour ne rien dire comme bon nombre de personnes ... mais non ! Tes découvertes sont toujours un plaisir à lire, et à tester.
Merci donc (encore une fois) pour cette délicieuse adresse.
Rédigé par : Vincent | 28 novembre 2007 à 14:06
J'avais découvert cette adresse, il y a à peu près 2 ans de celà. Contente de savoir que l'endroit est toujours là et la qualité aussi.
Rédigé par : Mel | 28 novembre 2007 à 15:03
Ca a l'air mignonet en tous cas.
Rédigé par : Mlle E | 28 novembre 2007 à 15:07
Je suis de tout coeur avec Vincent, idem pour ses mots!Et alors, le coup d'urgence en vent de sirocco à la George Clooney, pur délice de papier comme un rouleau de printemps annonçant la Tora et n'ayant pas de prix: LE CHARME couleur café comme chantait Gainsbourg! Merci Thierry, toujours merci pour votre petit rayon ambré et chambré délivrant la fonte des neiges pas encore passée mais certaine.
Vous savez ce qui me manque pour parfaire ma vision virtuelle de vos articles?!C'est une carte de Paris car je n'arrive jamais à vous situer lorsque vous citez le 19ième et les autres...Voilà, c'est juste dit comme ça en passant:)
A part ça, j'avais envie de vous dire que j'ai été manger mardi soir dans un endroit que vous connaissez peut-être, à Saint Maximin-La Sainte Baume au Couvent Royal ( Basilique fondée par Charles II roi de sicile ) , j'ai dégusté foie gras accommpagné de confit de figues et de noix, puis noix de saint jacques etc.., c'était extraordinaire de traverser le temps dans ce monument qui respirait l'âme de la pierre du passé...Je déménage dans cette région finalement en fin d'année, ça me plaît beaucoup cette région , on y mange aussi très bien avec des gens plutôt bien, mon père habite le village de Tourtour où aussi un grand chef s'est installé, et bien je me rends compte à quel point votre article m'a délayé les papilles et pourtant comme vous dites"ce n'est pas du luxe"!;)
Rédigé par : Sand | 29 novembre 2007 à 13:35
j'avais noté cette adresse dans un des derniers ELLE, en te lisant ça me donne encore plus l'envie d'y aller.
Rédigé par : christell | 29 novembre 2007 à 18:16
Alors, à quand un spécial Choucroute?
Rédigé par : François | 30 novembre 2007 à 19:21
C'est sympa ce petit post sur Zoé Bouillon, le restaurant où j'ai fait mon premier stage de cuisine !
Si vous voulez découvrir mes aventures, rdv sur mon blog :
http://capcuisine.canalblog.com
Rédigé par : Fabrice | 24 mars 2008 à 20:43