« Je suis né dans un chou, d’ailleurs c’est pour ça que je bois de la bière ! »
Cela fait maintenant vingt ans que Jean-Marie Gourio passe sa vie dans les bistrots. Il n’est pas le seul me direz-vous ! Certes. Mais lui le fait un petit carnet à la main, griffonnant à la va-vite les réflexions saisies au vol des habitués du zinc.
Ainsi, depuis 1988, cet ancien journaliste de Hara-Kiri nous livre, presque métronomiquement, tous les ans, sa moisson de réflexions profondes ou rase-carrelage, de bons mots volontaires ou non, d’analyses à l’emporte-pièce et de saillies drôlatiques (comme les aurait nommées Jean Rochefort) dans de formidables recueils, les « Brèves de Comptoir ».
Cette année, pour ce vingtième anniversaire, il nous a concocté un numéro spécial, sorte de pot-pourri, un florilège compilant dans un même ouvrage les meilleurs extraits glanés depuis l’origine, un livre d’anthologie où se côtoient bon sens populaire et absurdités, où la bêtise fréquente l’éclair de génie mais où tout est toujours d’une drôlerie attachante.
Car on sent bien, à la lecture de ces aphorismes qui n’en sont pas, de ces pensées sans arrières-pensées, de ces maximes d’un jour, toute l’affection que Jean-Marie Gourio éprouve pour ces piliers de troquets, attachés aux bons mots comme à leur verre de petit blanc.
Tout y passe, l’alcool et la bouffe nécessairement, mais aussi la société, la politique, les mœurs, l’art, la philosophie, la musique, l’actualité… Sans jugement aucun, Jean-Marie Gourio compile en vrac, pour notre plus grand plaisir, ses instantanés de la vie quotidienne des français leveurs de coude, pittoresques, hâbleurs, râleurs, curieux, poètes à l’occasion et le plus souvent franchement drôles !
Quelques exemples relevés au hasard des pages :
« Le corps arrête de grandir quand le coude atteint le comptoir »…« T’as pas de poissons sans arêtes, à part la moule »…« Le Beaujolais nouveau, il est arrivé en camion, il va repartir à pied »…« On croit qu’on est des poussières dans l’univers, et finalement on n’est que des mecs au bistrot »…« La campagne, c’est bien, quand on sort on est dehors »…« On critique que c’est l’argent qui dirige le monde mais dans les petits villages, c’est pas mieux »…« Pour crucifier Bouddha, déjà, faut le soulever »…« En mai 68, les seuls fils d’ouvriers qu’on voyait dans la rue, c’étaient les CRS »…« Tant qu’elle n’est pas ouverte, l’huître ne sait pas qu’elle est dans une cuisine avec des gens qui la regardent »…« Michel-Ange, il a dû les faire chier ses voisins ! Et bang ! Et bing ! Et allez le marteau ! »…« Quand tu as une vie de con, faut pas réfléchir, tu souffres plus »…« Les cafés sont tellement chers qu’avant de prendre une cuite, il faut demander un devis »
Pas le temps de visiter le Lever du Jour, la Mer à Boire, le Brise-Miche, l’Acordéon, le Penalty, la Triboulette ou l’Habit Rouge ? Pas d’inquiétude, Jean-Marie Gourio est là, et quelque chose me dit qu’il fera même la fermeture.
Blondin aurait apprécié l’attention…
Brèves de Comptoir – L’anniversaire !
Jean-Marie Gourio
Chez Robert Laffont
20 €
Illustration : Un singe en hiver d'Henri Verneuil (1962), d'après un roman d'Antoine Blondin.
Comme c'est drôle, comme c'est bien, comme c'est bon de rire! J'aimerai bien que le père Noêl m'offre ce drôle de livre et aussi Gusto que mon libraire me répète ne pas le trouver, grr..
Un singe en hiver me fait bien sourire aussi étant donné que je suis de l'année du singe, 2008 sera rat ce qui est assez drôle aussi...Bonne journée!
Je sais que ça n'interresse personne mais, je le dis quand même, rire, je bois de la "Desperados" avec une petite rondelle de citron vert lorsque je m'accoude de temps à autre...
Rédigé par : Sand | 20 décembre 2007 à 12:08
Excellent... dommage que mon beau père ait perdu la tête d'avoir trop bu dans les bistrots (heureusement il ne rentrait jamais saoûl), sinon je lui aurait offert !
j'ai tjr détesté ces conversations de comptoir, dans le village où j'habite il y a 3 cafés dans ce genre là et je déteste y aller, bien sûr j'y suis déjà rentrée mais entre les cons qui ont un verre dans le nez (je parle des pilliers de comptoir, pas des passants d'un jour) et les odeurs de tabac qui vous emplissent les poumons en une demi minute (et pourtant j'ai fumé des années)...
BERRRKESSSSS comme dit ma fille ! (deux ans...)
Rédigé par : poutchi | 20 décembre 2007 à 12:10
"moi je dis des conneries, mais au moins je dis pas des banalités"
dans Brèves de Comptoir bien sûr.
Rédigé par : brigitte | 20 décembre 2007 à 17:53
Je le veux!!!!
Rédigé par : Blanche | 22 décembre 2007 à 00:57
J'adore ! Une nouvelle bonne idée de cadeau !
Rédigé par : Turquois | 22 décembre 2007 à 16:41
Pour prolonger l'euphorie des bons mots, je me permets de te conseiller un abécédaire fleuri et érudit : "Parlez-vous bistrot ?" de Stéphane Pajot, aux éditions d'Orbestier (y'a un petit mot sur lui sur mon blog depuis ce matin...)
;-).
Rédigé par : Benoît Wagner | 27 décembre 2007 à 14:58