Pour un peu, j’écrirais cette note sous pseudonyme, je me cacherais derrière ma fourchette et changerais de voix. Pas vraiment facile de se voir subitement propulsé au milieu des seigneurs de la cave, des experts du goulot, des Diderot et d’Alembert de la dive bouteille.
Flash Back. Il y a un mois Marsha me propose gentiment de la rejoindre pour participer avec d’autres amateurs de liquides non transparents aux Vendredis du Vin, où selon un principe désormais bien établi, tous les participants publient le dernier vendredi du mois une note de dégustation sur un thème imposé choisi par le maître de cérémonie du mois. Je trouve l’idée ludique, j’accepte dans la seconde puis je consulte la liste des contributeurs. Œnologues, vignerons, sommeliers, experts… Mon sang se coagule au niveau des tempes, j’ai chaud comme dans un hammam, toutes mes pensées se carapatent. Le blanc.
Mais je n’ai qu’une parole alors difficile de jouer l’anguille. Bon, c’est sûr, j’avance quand même sur la pointe des pieds.
Le sujet de mon bac du jour, choisi par notre ami Emmanuel, le petit papier que j’ai déplié les mains tremblantes, portait la mention « Vins de Femme ». Ouf ! Le vin, je m’y connais un peu, les femmes oui mais n’exagérons rien, bref, je dois bien pouvoir tirer quelque-chose de cette explication de texte…
Trois semaines plus tard, je rends ma copie. Vous n’y trouverez pas de mots à Haut-de-Forme, pas d’ « empyreumatique », de « caudalie » ou de « rétro-olfaction », juste une chronique au naturel, dans son jus, le vin comme on en parle.