Attention ça va carillonner, klaxonner dans les allées tous feux allumés. Un vrai coup de cœur cette semaine pour une adresse qui n’a pourtant jamais fait les manchettes. J’ai laissé volontairement filer les jours avant d’écrire ces lignes et l’émoi est toujours là. Bien présent en bouche. Car c’est un fait. Je suis tombé sous le charme de la cuisine de Jean-Marc Notelet, le chef de Caïus, une belle table discrète, doucement alanguie entre Etoile et Ternes.
Ouvert depuis 2003, ce restaurant est un paradoxe. Tout commence Adagio. Une salle bourgeoise, confortable, aux bois blonds, à la moquette et aux nappes épaisses. Un charme presque suranné mais qui incline avec bienveillance à se laisser couler dans la douceur parfaite d’un vieux cashmere et d’une veste en laine anglaise. Le service impeccable est dans la lignée, d’une gentillesse terrible, j’y ai donc obtenu sans encombre la table ronde que je demandais.
Puis arrive l’Allegro. Une carte longue et mystérieuse (Baies de Nidra, Lentins de Chêne, Tubéreux, Tamarin…), commentée et détaillée avec vivacité et passion. Je vous en prie, faites-vous expliquer les plats, c’est un jeu dangereux certes, car vous aurez ensuite envie de croquer toute l’ardoise, mais qui vous mettra les yeux ronds, l’appétit aux pieds de l’assiette.
Et enfin, la cuisine de Jean-Marc Notelet. Vivace. De l’audace, mesurée mais décapante. Des associations étonnantes, toujours judicieuses, des produits parfois inconnus, un art consommé des épices et des parfums. Comme ces « Huîtres Part-Ar-Coum en espumas » arrosées d’une giclée d’huile de pistache qui vous explosent en bouche, iodées comme les 40ème rugissants ou ce célébrissime « Cappucino de Coques, lentins de chène et topinambours » d’une subtilité fondante ou l’aventureux « Bœuf confit (baies de Nidra/cacao), purée de céleris » bouleversant de puissance pacifique. Ou encore ces « Gnocchis d’Agria à la casserole, chanterelles, sauce parmesan, huile de truffe blanche », une pure merveille de légèreté (oubliez tout ce que vous savez sur les gnocchis avant de goûter ça) et de finesse. Un plat comme on pourrait en manger tous les jours du reste de nos vies !
Les desserts ne sont même pas en retrait et continuent imperturbablement de témoigner du savoir-faire de ce chef épatant, « Ananas confit, poivre long, citronnelle, turbiné coco », « Moelleux chocolat pure plantation » (avis aux amateurs) et surtout, mon chouchou du soir, la « Brioche façon pain perdu, sorbet chocolat » qu’on craint pesante en la commandant et qu’on déguste aérienne comme une écuyère de cirque. Un GRAND moment.
Ajoutez-y une carte des vins clairvoyante ; nous avons commencé sur un blanc, Bourgogne Vieilles Vignes Chardonnay P. Labet 2006, cristallin et parfumé, et poursuivi, sur sage recommandation, avec un Corbières Castelmaure, La Pompadour 2006, assez présent pour tenir tête joliment au bœuf cacao.
Alors, oui, nous étions cravatés, j’étais bien accompagné, la soirée était douce à mon cœur et pimentée de rires clairs. Mais au-delà de cela, c’est bien la sensation d’avoir mis la main sur une petite pépite de saveurs qui perdure. Cette table vaut de l’or je vous dis.
Et tout cela pour un menu-carte à 39 €. Vous hésitez encore ?
Caïus
6, rue d’Armaillé
75017 Paris
Téléphone : 01 42 27 19 20
Fermé samedi et dimanche
(Réservation conseillée – Préférez la salle du fond)
Menu-carte à 39 €
Plus de photos de Caïus, ici.
Désolé pour la piètre qualité des images. Du coup, frustré, j’ai décidé de changer d’appareil !
Salut Gentleman ! Whaou, Splash, ça pétille dans le vivier dans le creux de tes lettres par ici, comme c'est excitant;) quand tu fais rocker tes mots en pepsi ! Bon, sur ce je te souhaite bien le Bonjour mon GRAND, moi, je m'en vais faire " Ma vie d'un RoMan " , j'ai le LoveSand qui a explosé, alors, je m'en vais chercher des pétards pour fêter ça en Gaston Noël !
Bisoudoux ma caille;)!
Rédigé par : Sand | 17 décembre 2008 à 12:41
Thierry merci de cette belle critique pour un chef qui méritait déjà à l'époque du Troyon tout le bien que l'on pense de lui...
Rédigé par : Laurent Jouanne | 17 décembre 2008 à 12:42
Pour rester dans l'analogie musicale, le silence qui suit une chronique de Thierry Richard, c'est encore du Thierry Richard !
... enfin, encore une adresse à ajouter sur ma "must try list".
Rédigé par : Kaplan | 17 décembre 2008 à 14:10
j'ai crée une adresse toute spéciale suite au commentaire laissé sur mon blog!
[email protected]
:) voilà
Rédigé par : miscellina | 17 décembre 2008 à 18:37
Thierry, le chef s'appelle Jean-Marc NOTELET (et non pas Nolet). Je confirme que c'est un excellent chef, et ce depuis le Troyon.
Accueil d'une exquise gentillesse.
Un bémol (cela a peut-être changé) : une carte des vins hors de prix.
Rédigé par : Joufpoi | 18 décembre 2008 à 09:51
Bonjour Thierry,
C'est toujours un doux plaisir de te lire et de savourer à l'avance des plats que nous dégusterons. Merci encore pour tous ces parfaits conseils et aussi pour nous faire partager tes "sensations".
Rédigé par : James Bort | 18 décembre 2008 à 11:26
Agréable adresse pour dîner.
Rédigé par : Une Ville Un Poème | 18 décembre 2008 à 16:05
Soit tu étais particulièrement inspiré quand tu as pris ta plume, soit c'est vraiment génial (les 2 peut-être ?)
Et dire que j'ai eu mes bureaux à 30 mètres pendant des années.... il y a bien longtemps.
Et dire que j'étais à Paris il y a à peine 8 jours, et en plus mon hôtel était aux Ternes !
C'est promis juré, je suis convaincu, prochain passage à Lutèce, j'y vais j'y vole...
Rédigé par : Jérôme Lassalle | 18 décembre 2008 à 19:24
Sand > Il paraît que la vie est un roman, alors...
Laurent > De rien. J'étais passé à côté à cette époque là. Pas vu, pas pris...
Kaplan > C'est trop d'honneur. Mais vas-y. Avec quelqu'un que tu aimes.
Miscellina > A tout de suite !
Joufpoi > Oeil de lynx ! Une malheureuse faute de frappe et paf ! Dans le collimateur ! Pour les vins, c'est effectivement cher en moyenne mais les
blancs démarrent à 28€ et les rouges à 25€.
James > Merci ! Et tu verras, c'est encore mieux quand c'est toi qui tient la fourchette !
Une ville un poème > Yes. Indeed.
Jérôme > Vraiment inspiré par le plaisir que j'ai eu à me remémorer cette soirée. Faut y aller !
Rédigé par : Thierry Richard | 19 décembre 2008 à 12:49
Et pendant qu'on y est : ce sont des baies de niora, pas de nidra. C'est un piment hispano-mauresque.
Je recommande à cette occasion le livre tout nouveau tout beau de Jean-Marc Notelet et de son voisin et ami parfumeur Blaise Mautin, écriture et assistance rédactionnelle de You Know Whom, "Le Cuisinier et le Parfumeur", éditions Minerva. Vous y retrouverez, dans les recettes, la fulgurance directe, la générosité et la simplicité de Jean-Marc Notelet.
Rédigé par : Ptipois | 27 décembre 2008 à 12:02
Comment ça fermé le samedi et le dimanche, j'arrive juste, je passe chez Thomas qui me conduit ici, je jubile en me disant c'est pile ce qu'il me faut surtout que je suis à l'Etoile et que c'est plus qu'abordable, et puis le couperet tombe ! j'suis pas là les bons jours ! triste mais je note quand même pour une autre fois !
Rédigé par : mercotte | 07 février 2009 à 11:59
excellent déjeuner ce midi (la formule déjeuner à 23 € citée par le Fooding semble avoir disparu), mais le verre de vin à 9 euros...
Rédigé par : TVnomics | 19 février 2009 à 18:11
On y était récemment pour la première fois et c'était à la hauteur des espérances suscitées par ce site, on s'est vraiment régalés. On y retournera très vite.
Rédigé par : Ariane | 21 février 2009 à 19:14
terriblement bruyant... des saint jacques trop cuites, sur un lit de purée au cumin tiède sans intérêt ...
Seul le dessert m'a secoué les papilles!
Rédigé par : lilibox | 05 mai 2010 à 12:13