Disons-le tout net, je ne suis pas un expert de la cuisine japonaise. Je la goûte avec prudence, sous la loupe, avec des regards curieux et parfois déconcertés. Elle me déroute parfois, m’indispose rarement (je n’y vais pas au hasard) et me séduit par sa fraîcheur et sa subtilité (même si la liste des ingrédients d’un plat m’est souvent mystérieuse). Dernier atout appréciable, et non des moindres, je ne quitte jamais une table japonaise le ventre lourd. J’ai toujours le sentiment qu’on m’a régalé d’un air marin ou d’une brise de sous-bois. Alors j’y reviens épisodiquement.
Celle-ci m’avait tiré l’oreille lorsque Caroline Mignot l’avait, la première, découverte dans une rue peu clémente du 9ème. Mes valises et mon lit étant proches de la rue Richer, quelques amis aussi, une visite s’imposait, un soir tombé trop vite. Cela s’appelle Kiku, et, je vous en prie, ne me demandez pas ce que cela veut dire.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’esprit de printemps qui gouverne le décor (pierres tendres, bois blonds, carafes fleuries et glacées comme sorties d’une source, bouquets laiteux). On sent bien que toute lourdeur, toute pesanteur extravagante sera bannie des assiettes. Et c’est le cas. Car ici tout est d’une finesse épatante. Le sashimi de saumon (Kiku sashimi), comme un déshabillé de luxe, rose tendre rehaussé de petites pépites rouges (œufs de poisson) : un régal de délicatesse. Le tempura de gambas et sa mayonnaise épicée (Ebi tempura spais mayo) : une petite friandise à l’assaisonnement en équilibre parfait. Les Saint-Jacques au bœuf (Hotate no niku maki), petits rouleaux de viande fine entourant des noix de Saint-Jacques moelleuses : une diabolique découverte gustative, émouvante et pourtant évidente. Seule tonalité discordante, une Morue charbonnière au miso Saikyo (Gindara Saikyo Miso), joliment servie dans une cocotte anthracite, mais un peu terne et sans notables aspérités.
On sort néanmoins de Kiku avec le sentiment heureux d’avoir trouvé là un point de chute idéal en bas de l’escalier. Et si on y ajoute des prix plus que cléments à l’heure des appétits de bureau, on ne peut que saluer bien bas la performance.
Nota bene : Service un peu long le soir, allez-y en bonne compagnie !
Kiku
56, rue Richer
75009 Paris
Téléphone : 01 44 83 02 30
Fermé samedi midi et dimanche
Au déjeuner, comptez entre 15 € et 25 €
Menu imposé à 35 € le soir
Plus de photos de Kiku, ici.
Comme j'ai traîné mes guêtres à langzo dans ma jeunesse, je peux vous traduire Kiku.
De Ki-kku, palourde farcie en ancien japonais, et de K-ik-uhu, coït de rouge-gorge en vieux slavon. Le mot serait apparu sur les rivages égéens à la faveur de l'invasion Sulte (-347).
Conçu au départ pour faciliter les échanges commerciaux sur les plaques tournantes du brouet pompéien et de la "Pizziu", anc^tre lointaine de la pizza, mais sans pâte, sans tomate et sans fromage, le mot Kiku, italianisé en Chichu, longtemps considéré à tort comme le nom d'une divinité aztèque par l'Académie Old England of Camxford, a vu sa graphie altérée revenir aux origines à la faveur de la Th°orbgth, renaissance danoise du 12ème.
Tombé en désuétude pendant 10 siècle, où le mot désigne uniquement un coutelas fabriqué dans un village du cercle polaire à partir d'un fémur de rennes disphorique, Kiku reprend du service lorsque, en 2009, un restaurateur ouvre un dictionnaire et choisit un mot au hasard pour nommer son établissement.
Rédigé par : la flore et la faune | 14 octobre 2009 à 14:25
Le commentaire de La Faune et la Flore est un petit bijou !!!! (je te rassure, Thierry, ton papier m'a fait saliver, donc tout va bien)
Rédigé par : The Chesterfield Project | 14 octobre 2009 à 17:49
Ah, intéressant...je serai curieux d'y faire un tour, à l'occasion. Thanks pour le tuyau, Thierry.
Rédigé par : Emmanuel Delmas | 17 octobre 2009 à 10:03
Comment se fait-il qu'il n'y ait pas de rubrique "75012"? Ne connaissez-vous pas La Gazzetta ?
Rédigé par : Sophielit | 17 octobre 2009 à 11:42
Merci de partager cette bonne adresse! J'inclus un lien vers cet article dans notre revue des blogs de la semaine, à paraître lundi. Bravo!
Rédigé par : Chloé | 18 octobre 2009 à 21:32
Toujours à l'affut des adresses nipponnes pour ma part, j'ai testé Kiku à l'heure du déjeuner et me suis régalée d'un donburi aux saveurs originales et piquantes, à un prix tout doux. Hautement recommandable pour le déjeuner donc (sauf le service pas folichon)
Rédigé par : Ariane | 19 octobre 2009 à 11:28
testé il y a 15 jours j'ai bien aimé alors que je ne raffole pas des restos japonais en règle générale.quelques photos sur mon blog
Rédigé par : marie | 22 octobre 2009 à 08:55