Avec près de 13 000 tables rien qu’à Paris, choisir un restaurant, c’est un peu la roulette russe de l’estomac ! Alors, laissez-vous cornaquer l’appétit, déjouez les pièges de l'assiette rabat-joie et des additions illégitimes, et suivez le guide...
« C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise. »
On doit s’arracher les cheveux chez Gallimard pour écrire la quatrième de couverture des romans de David Foenkinos. Celle de son dernier livre, La Délicatesse, ne fait pas plus de 5 lignes. C’est que, comme pour ses précédents romans (il s’agit du huitième), l’histoire ici n’a que peu d’importance. On retrouvera donc dans ce livre les habituelles préoccupations de l’auteur du Potentiel érotique de ma femme : l’amour et ses petites complications. Et c’est tout l’art de David Foenkinos que de bâtir, sur ce thème rebattu mais inépuisable, un univers original, drôle, tendre et loufoque, quelque part entre Sacha Guitry, Woody Allen et Buster Keaton.
En lisant la carte du Bistrot de l’Entrecôte, on se dit que l’on a du freiner un peu trop tard, et, dépassant la Porte Maillot dans un élan, s’arrêter en bout de course Place du Maréchal Juin. Car voici qu’on y trouve, pour 25 €, la formule qui fit le succès du célèbre Relais de Venise : une salade aux noix suivie d’un filet de bœuf émincé, sa sauce et ses pommes allumettes maison.
Alors on relève la tête. Non, on ne s’est pas trompé. Le décor est moderne, drôle (ce cochon écarlate) et lumineux. Les tables sont largement espacées et laissent respirer les coudes. Les sourires qui vous servent ont moins de trente ans. Mais on est venu pour ça, la seule ligne qui compte dans ce menu (comme là-bas d’ailleurs), l’entrecôte et sa sauce. On veut savoir si oui ou non on peut cloner une recette à succès. Alors on commande. Et l’on en croit pas ses yeux, le même vert luisant et moucheté de la sauce, les mêmes frites en dôme de mikado et la viande saignante, rouge, aux stigmates de grill. Alors on goûte. Pour en avoir le cœur net. Et franchement il n’y a rien à redire. La cuisson est parfaite, les pommes allumettes croustillantes, la sauce un régal de douceur sauvage. Ce qui n’est finalement pas si étonnant si l’on se souvient que Jean-Claude Ribaut avait dévoilé dans Le Monde il y a bien longtemps le fameux « secret ».
Alors voilà la bonne nouvelle, vous pouvez maintenant choisir votre cadre pour savourer la fameuse entrecôte qui n’en est pas une, à l’ancienne ou contemporain (et choisissez votre partenaire en conséquence).
Tout de même, une différence notable, la tendreté de la viande du Bistrot surpasse celle du Relais. La preuve en images :