Pas si facile de mettre fin à ses jours, surtout quand le destin s’en mêle et que la mer refuse de vous avaler. Mauvaise fille, rétive à votre dernière volonté, la voici donc qui vous rejette dessoulé et nu sur le sable à quelques kilomètres à peine de votre vie d’avant. Qu’à cela ne tienne, ce sera donc une nouvelle existence, comme une seconde naissance, qui démarrera là, dans les dunes et les « vertiges nauséeux ».
C’est que le narrateur de Bella Ciao, le dernier livre d’Eric Holder, est un écrivain à la gloire défunte qui ne voit le bout du tunnel qu’à travers le cul des bouteilles qu’il engloutit plus que de raison. Fatigué de ces jours sans issue et de n’être plus qu’un sentiment de dégoût dans les yeux de Mylena, sa femme, il décide un beau matin de se noyer, lui et son chagrin dans les eaux froides de l’Atlantique. Mais le destin en décidera autrement. Revenu à la vie, lui, l’intellectuel, se reconstruira peu à peu dans le travail manuel, les amitiés de comptoir, la fréquentation des petites gens. Une forme de rédemption qui ne se fera cependant pas sans mal, dans l’espoir initial de reconquérir une femme déçue et la considération d’enfants détachés.