Voilà des années que Benoît Duteurtre
cultive avec gaité une douce nostalgie qu’il répand dans les pages de livres attachants.
Il possède ce rare talent de moquer les travers de l’époque sans aigreur ni
violence ; son air d’éternel jeune homme, son indécrottable politesse et son
goût de l’opérette lui évitant les travers du vieux con. Cet admirateur de
Marcel Aymé vient de publier Le retour du
Général qui, après la parenthèse biographique des Pieds dans l’eau (Gallimard, 2008), renoue avec la veine romanesque
de La petite fille et la cigarette.
Tout
commence ici avec un œuf-mayo noyé de sauce industrielle dans un petit bistrot
parisien. Les fonctionnaires de Bruxelles ont de nouveau frappé :
impossible de se conformer à leurs normes d’hygiène et de continuer à cuisiner
de la mayonnaise maison. Il n’en faut pas plus pour déclencher une de ces
petites frondes dont naissent les grandes révolutions. Pétitions, manifestations,
et arrive l’impensable : un soir apparaît sur les écrans de télévision,
précédé de l’indicatif de Radio Londres, la silhouette trois étoiles et noir et
blanc du Grand Charles : le Général de Gaulle est de retour !